Vera Songwe quitte la CEA

Au cours d’une réunion en ligne, Vera Songwe a annoncé sa décision de démissionner de son poste de secrétaire exécutive de la CEA, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique.
Dévoilée par divers médias dont African Business dès le 22 août, l’information a été confirmée par d’autres publications, le 23 août 2022 dans la soirée. Vera Songwe, l’une des personnalités les plus influentes d’Afrique, quitte la CEA (Commission économique des Nations unies pour l’Afrique). La Camerounaise n’a pas dévoilé les motifs de sa démission ni donné d’indication sur son avenir. Une source qui a souhaité garder l’anonymat a déclaré à Shoshana Kedem, d’African Business, que l’économiste camerounaise voulait rejoindre une organisation disposant de ressources plus importantes. Une annonce officielle pourrait intervenir en septembre.
Au cours de son mandat de cinq ans au sein du principal groupe de réflexion économique du continent, Vera Songwe a présidé à l’examen de questions allant de l’ébranlement de l’architecture financière mondiale à la lutte contre les retombées de la pandémie et du changement climatique.
Cette décision intervient après que la dirigeante a été la cible de critiques, à compter d’octobre 2021. Selon Investir au Cameroun, tout est parti du soutien de Vera Songwe à la nomination de Matt Hancock au poste de représentant spécial chargé de l’innovation financière et du changement climatique auprès de la CEA. Dans une pétition, 62 personnalités exprimaient leur indignation face à la nomination de l’ancien secrétaire d’État britannique à la Santé, contraint à la démission au sein du gouvernement britannique quelques mois plus tôt. Ces universitaires et des travailleurs humanitaires africains considéraient que la débâcle « dépassait la parodie » et portait atteinte à la crédibilité de la CEA et de Vera Songwe.
Il est vrai que l’homme politique britannique avait été filmé par des caméras de sécurité dans son bureau en train de violer les règles gouvernementales de distanciation liées à la pandémie de la Covid-19, en étreignant une assistante avec qui il entretenait une liaison. « La nomination de M. Hancock est une honte et un mépris pour tous les Africains. Cette nomination a été une grave erreur de jugement de la part de Mme Vera Songwe et l’annulation de cette nomination est un sévère blâme pour elle », expliquaient les pétitionnaires.
Un parcours impeccable
En effet, après quatre jours de polémiques, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait été contraint d’annuler cette nomination, désavouant ainsi son adjointe, Vera Songwe.
Cette dernière avait été nommée le 13 avril 2017 au poste de secrétaire exécutive de la CEA, en remplacement de l’économiste Carlos Lopes, démissionnaire depuis le 31 octobre 2016. L’économiste camerounaise, âgée à l’époque de 42 ans, avait été choisie parmi 77 candidats. Vera Songwe avait quitté ainsi le groupe de la Banque mondiale qui l’employait depuis 1998. Avant sa nomination aux Nations unies, elle occupait depuis 2015 le poste de représentante-résidente de Société financière internationale (IFC), la branche de la Banque mondiale spécialisée dans le financement du secteur privé.
Entre 2011 et 2015, Vera Songwe, avait été directrice des opérations de la Banque mondiale pour des pays de l’Afrique de l’Ouest : Sénégal, le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée Bissau et la Mauritanie.
Au cours de son mandat de cinq ans au sein du principal groupe de réflexion économique du continent, Vera Songwe a présidé à l’examen de questions allant de l’ébranlement de l’architecture financière mondiale à la lutte contre les retombées de la pandémie et du changement climatique dans l’une des régions les plus touchées du monde.
Dans un éditorial publié le 22 août, l’économiste saluait le travail des Nations unies, qui ont contribué à la négociation d’un accord entre la Russie et l’Ukraine visant à débloquer les exportations de céréales depuis les ports de la mer Noire et à atténuer une crise alimentaire internationale, en juillet.
« Moins de trois semaines après la signature de l’accord, les prix du blé et des céréales étaient revenus aux niveaux d’avant-guerre, apportant un énorme soulagement aux gouvernements du monde entier et à leurs populations. Les Nations unies ont fourni le seul rameau d’olivier à ce jour dans cette guerre. L’équipe de la CEA est fière d’avoir fait partie de la solution », écrit-elle dans les colonnes de allAfrica.com.
@AB