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Politique

Dernier mois de campagne en RD Congo

Dernier mois de campagne en RD Congo
  • Publiénovembre 21, 2023

Le jeu des alliances se poursuit en RD Congo, avec le retrait de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, au profit de Moïse Katumbi (photo). Le scrutin du 20 décembre représente un défi logistique et démocratique observé de toutes parts.

 

Dans un mois, le 20 décembre 2023, 44 millions d’électeurs congolais seront convoqués pour désigner le nouveau président de RD Congo, ainsi que les députés nationaux et provinciaux. Ils sont 26 candidats en lice pour la présidentielle, dont le sortant Félix Tshisekedi. Ce scrutin est marqué par un climat politique particulièrement tendu, le conflit à l’est du pays, et un certain esprit de revanche.

Sur le plan de la gouvernance, Moïse Katumbi promet de s’en tenir à « des projets réalisables », de lutter contre la corruption et de diversifier l’économie.

Ils étaient 24 candidats en lice, puis 26 après le « repêchage » de deux candidats écartés par la CENI. Et sont aujourd’hui 25 – avant de probables autres désistements –, après le retrait d’Augustin Matata Ponyo. L’ancien Premier ministre, pourtant le premier à avoir déposé son dossier de candidature, a préféré se retirer en faveur de Moïse Katumbi. L’image de premier opposant que veut se donner l’ancien gouverneur du Katanga prend ainsi de l’épaisseur, après le retrait d’autres candidats.

De son côté, Félix Tshisekedi, qui s’est déclaré tardivement, multiplie les réunions publiques, chargeant également ses proches de vanter l’action du gouvernement, ces dernières années. Quant au Prix Nobel Denis Mukwege, il détaillait son programme à la presse ce 21 novembre, après avoir été plutôt discret, ces dernières semaines.

Ce scrutin marque un défi technique : plus de 44 000 candidats aux élections provinciales, plus de 31 000 aux scrutins locaux, sans compter la surveillance des scrutins nationaux… la Ceni, forcément contestée, ne chôme pas. Elle pourra compter sur l’appui – et la surveillance – de la Commission européenne, qui envoie une délégation spéciale sur le terrain. Cette mission est dirigée par Malin Björk, qui arrive directement du Liberia, où l’opposant Joseph Boakaï a triomphé du président sortant, George Weah, qui a reconnu sa défaite au terme d’un scrutin exemplaire. L’Union européenne espère déployer une centaine de personnes partout dans le pays, le jour du scrutin.

 

Difficiles conditions au Nord-Kivu

En arrivant à Kinshasa, Malin Björk a tenu à préciser que sa présence était voulue par les autorités congolaises. Elle a appelé le gouvernement à doter la Ceni de tous les moyens nécessaires à l’exercice de sa mission. D’autres observateurs étrangers feront le déplacement, les uns mandatés par l’Union africaine, les autres par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale. Sachant que le scrutin sera essentiellement surveillé par deux acteurs indépendants, mais influents, en RD Congo : l’Église catholique et l’Église protestante, qui conjugueront leurs efforts pour déployer pas moins de 60 000 observateurs dans tout le pays.

Au plan organisationnel, les regards seront tournés vers le Nord-Kivu, en proie à une guerre contre les indépendantistes venus du Rwanda voisin. Il est à craindre que dans de nombreuses localités, le scrutin ne se déroule pas correctement. L’inquiétude est palpable, du côté des autorités, en ce qui concerne la capitale provinciale Goma. Si elle est, pour l’heure, bien contrôlée par le pouvoir centrale, une nouvelle offensive des mercenaires du M23 la fragiliserait un peu plus, à la veille du 20 décembre. Le M23 « ne prendra pas Goma », a promis Félix Tshisekedi, qui fait du retour de la paix une priorité, au sein de ses promesses de campagne.

Promesses dénoncées par l’opposant Moïse Katumbi, qui dans un meeting à  Kisangani, une ville du nord-est du pays, a fustigé la situation sécuritaire, économique et sociale de la RD Congo. Situation qui se serait gravement détériorée en cinq ans. L’ancien gouverneur promet également de lutter contre l’insécurité, misant sur la seule armée congolaise, sans intervention étrangère. Allusion au supposé recrutement de mercenaires par le pouvoir en place. Felix Tshisekedi n’a pas caché avoir fait appel aux forces régionales des pays d’Afrique de l’Est, notamment le Kenya, avec les forces ougandaises, sud soudanaises et burundaises pour faire tampon entre le M23 et les militaires congolais. De plus, le Congo a signé des accords bilatéraux avec l’Ouganda et le Burundi pour autoriser des opérations militaires des armées de ces pays sur le territoire congolais. En revanche, le Président réfute l’appel à des mercenaires, sachant que des milices composées de congolais viennent en appui aux forces armées.  

Au plan de la gouvernance, Moïse Katumbi promet de s’en tenir à « des projets réalisables », de lutter contre la corruption et de diversifier l’économie.

@NA

 

Écrit par
Laurent Allais

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