Décrispation au Tchad

Le gouvernement tchadien a pris une loi d’amnistie générale entrée en vigueur ce lundi en vue de décrisper le front politico-militaire.
Par Serges David
Au terme d’un Conseil des ministres extraordinaire, le gouvernement du Tchad a annoncé une amnistie générale concernant des rebelles emprisonnés ou en exil.
Avec cet acte, le gouvernement tchadien indique la voie à suivre notamment celle d’un signe d’ouverture à l’endroit des groupes politico-militaires qui avaient revendiqué un tel dégel avant leur participation à un Dialogue national inclusif (DNI) à venir.
L’information a été rendue publique par le porte-parole du gouvernement lors du journal de la télévision nationale.
Cette amnistie attendue depuis par les observateurs concerne tous les personnes condamnées pour atteinte à l’intégrité de l’État et aussi des faits relatifs à la liberté d’opinion. Elles sont au total 39 personnes concernée par cette décision.
Le porte-parole du gouvernement a également annoncé une amnistie générale pour les personnes condamnées pour acte de terrorisme, de complicité de terrorisme et d’enrôlement de mineurs dans les groupes armés.
En revanche, cette décision concernerait un peu plus de 250 Tchadiens condamnés par la Cour criminelle de Ndjamena siégeant exceptionnellement à la prison de Koro Toro le 22 août 2019, a indiqué le porte-parole.
Avec cet acte, le gouvernement tchadien indique la voie à suivre notamment celle d’un signe d’ouverture à l’endroit des groupes politico-militaires qui avaient revendiqué un tel dégel avant leur participation à un Dialogue national inclusif (DNI) à venir.

De fait, l’ancien président tchadien Goukouni Oueddei (77 ans) chargé en août par le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby Itno, d’engager un dialogue direct avec les groupes politico-militaires, avait souligné que qu’une vingtaine de ces groupes avait donné son accord de principe pour participer au DNI, tout en posant des conditions ; qui avaient été formulées lors de consultations déroulées entre responsables de groupes rebelles et l’ancien président Oueddei au Qatar, en France et en Égypte. N’Djamena est sur le chemin de la réconciliation depuis au moins le début de la transition il y a sept mois.
@SD
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ENCADRE
Tout pour l’apaisement à N’Djamena
Mahamat Mahdi Ali, président du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), responsable de la mort de l’ancien président Idriss Deby Itno, a dénoncé mardi l’exclusion de ses combattants arrêtés en avril, le ministre en charge du Dialogue national lui a répondu.
Alors que le Tchad s’est engagé dans un contexte de réconciliation, le président du Fact, Mahamat Mahdi Ali, s’est dit surpris de voir ses hommes – faits prisonniers lors de leur offensive d’avril – exclus des mesures d’amnistie prises lundi par le gouvernement tchadien. Selon lui, une telle situation pourrait mettre en danger le processus de dialogue et d’assurer : « Nous avons appris que les éléments du Fact sont exclus de cette libération. Nous, on ne peut que prendre acte. Et, nous avons pensé que ce geste de libération aurait favorisé non seulement la réconciliation nationale, mais aussi la tenue d’une table-ronde inclusive dans des bonnes conditions et dans un climat apaisé ».
Immédiatement le ministre d’État en charge de la Réconciliation nationale et du dialogue, Acheikh Ibn Oumar, a réagi.
Pour lui, ceux qui ont été condamnés avant 2019 ont bénéficié de l’ordonnance d’amnistie de 2018. « C’est mon cas », a-t-il indiqué.
Les deux projets de loi présentés, lundi, concernent ceux qui ont été condamnés en 2019. Quant aux combattants du Fact arrêtés cette année, « Il n’y a pas d’inquiétude à se faire (…) Je n’ai pas besoin de les rassurer. Lui, s’il a été condamné avant, il a été gracié. Et actuellement, il n’est pas poursuivi et même ceux qui sont arrêtés et qui ne font pas encore l’objet de procédure, dans le cadre de la réconciliation, l’action je dirais, s’arrête. Donc, il n’y a pas d’inquiétude à se faire ».