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Politique

Décès du président Hissène Habré

Décès du président Hissène Habré
  • Publiéaoût 24, 2021

L’ancien président, le Tchadien Hissène Habré (79 ans), est décédé ce mardi 24 août à Dakar après avoir contracté la Covid-19.

Par Marie-Anne Lubin

Président du Tchad de 1982 à 1990, Hissène Habré, était hospitalisé depuis fin juillet à Dakar, au Sénégal. Il était atteint de la Covid-19. Parallèlement à cette hospitalisation, il purgeait également une peine de prison. Car condamné à perpétuité en mai 2016 à Dakar par les Chambres africaines extraordinaires. 

« Tout Tchadien qui a dirigé le pays, quels que soient ses torts, restera dans la mémoire historique des Tchadiens. Ce n’est pas aujourd’hui le lieu de polémiquer sur sa gouvernance, sur le procès qu’il a eu », Abderaman Koulamallah porte-parole du gouvernement tchadien.

La justice l’avait reconnu coupable de crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement durant son règne au Tchad. Une condamnation confirmée en appel un an plus tard. Il purgeait, depuis, sa peine au Sénégal.

« Monsieur Hissène Habré est décédé », a révélé mardi donc le ministre tchadien de la Communication Abderaman Koulamallah, également porte-parole du gouvernement.

« C’est une bien triste nouvelle pour sa famille, pour beaucoup de Tchadiens, et nous compatissons à cette mort. Hissène Habré a dirigé le Tchad, même si on n’est pas partisan de la manière dont il a dirigé le Tchad, devant la mort, nous nous inclinons », a-t-il poursuivi.

Le ministre tchadien Abderaman Koulamallah, a aussi indiqué que la dépouille du président défunt pourrait être rapatriée au Tchad; assurant qu’il n’y aura pas d’hommage officiel.

Aux sons de cloches divergents qui s’offusquent de la mansuétude du gouvernement, le ministre Koulamallah a clairement exprimé la position officielle du Tchad dans ce décès de Hissène Habré : « Le gouvernement tchadien n’a pas particulièrement d’obstacles aujourd’hui contre un ancien président décédé.

Nous exprimons à sa famille toutes nos condoléances. Il restera pour toujours un ancien président du Tchad.

Tout Tchadien qui a dirigé le pays, quels que soient ses torts, restera dans la mémoire historique des Tchadiens. Ce n’est pas aujourd’hui le lieu de polémiquer sur sa gouvernance, sur le procès qu’il a eu.

Nous nous exprimons de manière tout à fait officielle, mais de manière réservée, et nous ne voulons pas en rajouter ». 

Qui était Hissène Habré

Hissène Habré

Il était membre du groupe ethnique pastoral Touboue. Sous-préfet après l’indépendance en 1960 du Tchad, sous le président Tombalbaye, il part dans la foulée en France pour ses études notamment à l’Institut d’études politiques. 

Certains indiquent que c’est dans cette période qu’il est « retourné par les services secrets français ». Quoi qu’il en soit en 1972, de retour au Tchad, il fonde une rébellion, les Forces armées nationales du Tchad (Fant), qu’il dirige. Son mode opératoire est le kidnapping des Occidentaux.

C’est son groupe qui a, par exemple, enlevé la chercheuse l’archéologue Françoise Claustre et son époux Pierre. Et dans le prolongement de cette prise d’otage, le commandant français Galopin, venu négocier la libération des otages français, le 4 avril 1975, est arrêté, torturé et exécuté. Hissène Habré est tenu personnellement responsable de ce crime par la France.

En 1978, Hissène Habré, très activiste dans les conflits de la région, est nommé Premier ministre par le président  Félix Malloum (1975-1979).

Le 7 juin 1982, soutenu par la France et les États-Unis, il profite de sa position pour renverser le président Goukouni Oueddei (1979-1982).

Pendant huit années, Habré dirige durement le pays avant d’être renversé à son tour en 1990 par Idriss Déby.

A la chute de Habré, de nombreuses victimes de son régime témoignent des atrocités subies. Elles parlent notamment de plusieurs crimes de sang. Une commission d’enquête va jusqu’à avancer le chiffre de près de 40 000 morts.

Condamné à perpétuité

Réfugié au Sénégal après la perte du pouvoir, Hissène Habré est, quelques années plus tard, rattrapé par la justice. Qui en dernier ressort l’a condamné à perpétuité en mai 2016. C’est en purgeant cette peine à Dakar qu’il vient de rendre l’âme… cinq ans après son incarcération.

Malu

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Par Marie-Anne Lubin

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