Décès de l’ex président angolais, José Eduardo dos Santos

Le gouvernement angolais a confirmé la disparition de celui qui a dirigé le pays durant 37 ans, dans une clinique de Barcelone. Ce fils de maçon, né dans un bidonville, était devenu un symbole de la corruption et de la gouvernance autoritaire.
Par Laurent Allais
Ce n’est en rien une surprise. L’ancien président angolais, José Eduardo dos Santos, est décédé ce 8 juillet 2022 à Barcelone. Il avait été admis dans une clinique de la cité catalane le 23 juin, après une alerte cardiaque. Âgé de 79 ans, dos Santos a dirigé l’Angola durant 37 ans, jusqu’en mai 2017, avant de mettre fin à sa carrière politique en septembre 2018.
Celui que les Angolais surnommaient « Zedu » conservera les rênes du pouvoir pendant près de quarante ans, sans jamais être élu au suffrage universel direct. Lui-même, dans un rare entretien à la presse, en 2013, avait qualifié son règne de « trop long ».
« Le gouvernement angolais rapporte avec un sentiment de grande douleur et de consternation le décès de M. dos Santos », dévoile un message publié par le gouvernement sur les réseaux sociaux ; le décès est intervenu en fin de matinée.
Le gouvernement s’« incline, avec le plus grand respect et la plus grande considération » sur cette figure historique qui, selon lui, a présidé « pendant de nombreuses années avec clarté et humanisme au destin de la nation angolaise, en des moments très difficiles », ajoute le communiqué.
Affaibli par la maladie, le président dos Santos avait renoncé sa carrière politique en septembre 2018, reconnaissant quelques « erreurs passées », sans préciser lesquelles. Le 8 septembre, il cède sa place à la tête du parti au pouvoir, le Mouvement populaire de libération de l’Angola, d’inspiration marxiste, à Joao Lourenço. Son successeur n’a jamais caché son hostilité à l’égard de Josée Eduardo dos Santos et à sa famille de milliardaires enrichis par le pouvoir. Ironie de l’histoire, le dernier message public, sur les réseaux sociaux, de José Eduardo dos Santos, est une pique adressée à son successeur, « dénué d’honneur »…
Le parcours de « Zedu »
Les quatre enfants dos Santos sont tous poursuivis par la justice, à commencer par « La Princesse », la fille aînée Isabel. Le règne de dos Santos est synonyme pour beaucoup de corruption, tandis que l’Angola demeure un des pays les moins développés d’Afrique.
José dos Santos était pourtant le héros de l’Angola, lui qui avait survécu à la lutte contre le colonisateur portugais et à 27 années de guerre civile. En effet, cela ne fait que vingt ans que le pays entame sa reconstruction, à la faveur notamment de ses recettes pétrolières.
Fils de maçon, José Eduardo dos Santos a grandi dans un bidonville de la capitale Luanda. Militant contre le Portugal du dictateur Salazar, il s’engage, à seulement dix-neuf ans, auprès du MPLA, qui est alors le relais de la lutte armée. Son engagement actif n’aurait été toutefois que de courte durée.
En 1963, il obtient une bourse pour étudier en Azerbaïdjan où il obtient un diplôme d’ingénieur et épouse une Soviétique, Tatiana Kukanova, la mère d’Isabel. Par la suite, il épousera Ana Paula, une ex-hôtesse de l’air de 18 ans sa cadette.
À l’indépendance, en 1975, il siège déjà au comité central du MPLA. Puis il intègre le gouvernement, devient Premier ministre et enfin Président en 1979, après la disparition d’Agostinho Neto. Celui que les Angolais surnommaient « Zedu » conservera les rênes du pouvoir pendant près de quarante ans, sans jamais être élu au suffrage universel direct. Lui-même, dans un rare entretien à la presse, en 2013, avait qualifié son règne de « trop long ». Il attendra pourtant décembre 2016 avant d’annoncer officiellement son intention de quitter le pouvoir, ce qui sera chose faite quelques mois plus tard.
Le gouvernement a décrété un deuil national de cinq jours, à partir de samedi, pour honorer sa mémoire.
@NA