Crainte de coup d’État en Guinée-Bissau

Des tirs nourris ont été entendus autour du palais gouvernemental de Bissau, faisant redouter un nouveau coup d’État en Afrique de l’Ouest. La CEDEAO exprime ses préoccupations.
Par Aude Darc
Situation très confuse à Bissau, capitale de la Guinée-Bissau. Des tirs nourris, à l’origine inconnue, ont retenti, mardi 1er février 2022, près du Palais du gouvernement.
Un Conseil des ministres extraordinaire devait se tenir, précisent les correspondants des agences de presse AFP et Reuters, présents sur place. Si l’origine n’est pas connue, la crainte d’un nouveau coup d’État est vive dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui a connu de nombreux putschs depuis son indépendance, en 1974.
La CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) a réagi très vite dans un bref communiqué : « La CEDEAO suit avec une grande préoccupation l’évolution de la situation en Guinée Bissau, caractérisée, ce mardi 1er février 2022, par des tirs de militaires autour du Palais du Gouvernement. La CEDEAO condamne cette tentative de coup d’État et tient les militaires responsables de l’intégrité physique du président Umaro Sissoco Embalo et des membres de son gouvernement. La CEDEAO demande aux militaires de retourner dans leurs casernes et de maintenir une posture républicaine. »
Le palais du gouvernement a été encerclé par des hommes lourdement armés, ont relaté les correspondants de presse sur place. Aucune information n’a filtré, dans un premier temps, sur l’origine des tirs. Le président Umaro Sissoco Embalo et le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam devaient se retrouver dans le Palais avant le Conseil des ministres, mais on ne sait pas si les deux hommes étaient présents au moment des tirs.
Des militaires, autour du palais gouvernemental, situé à la périphérie de la ville, tenaient la population à distance, armes pointées vers les récalcitrants. Tout autour, les habitants fuient les environs du palais gouvernemental ; les commerces ont fermé leurs portes. Les correspondants précisent que de nombreux véhicules militaires chargés de soldats sillonnent les rues.
Le dernier coup d’État en Guinée Bissau, remonte à 2012. Depuis 2014, ce petit pays lusophone enclavé dans le Sénégal est pourtant engagé dans une politique de retour à l’État de droit, en dépit d’une forte instabilité politique. Umaro Sissoco Embalo, ancien général, est président de la Guinée-Bissau depuis deux ans, après une élection présidentielle au processus contesté. Il n’a pour l’heure pas réagi publiquement.
Ce coup de force intervient quelques jours après le coup d’État de Bamako qui a installé un nouveau pouvoir militaire au Burkina Faso, et alors que la CEDEAO doit faire face aux régimes militaires ou contesté au Mali, au Tchad, en Guinée…
Les situations – différentes – de ces pays devaient être évoquées cette semaine lors d’un sommet de l’organisation ouest-africaine.
@AD