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Politique

Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo se place pour 2025

Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo se place pour 2025
  • Publiéavril 3, 2023

À deux ans de la prochaine élection présidentielle, et à quelques mois d’élections locales, l’ancien président de Côte d’Ivoire (2000-2011) a tenu deux grandes réunions, destinées à mobiliser ses partisans et la jeunesse.

 

Si ce n’est pas une campagne électorale, cela y ressemble fort. Laurent Gbagbo et ses partisans ont tenu un grand meeting, le 31 mars 2023, suivi le lendemain d’une rencontre avec la jeunesse ivoirienne. Cette « fête de la Renaissance » est le premier grand rendez-vous du parti PPA-CI (Parti des peuples africains), créé autour de l’ancien président de Côte d’Ivoire. Ce, deux ans après son acquittement par la Cour pénale internationale.

« Nous, les parents d’aujourd’hui, on dit aux jeunes « allez à l’école ». Ils vont à l’école, ils en reviennent avec des diplômes et ils dorment au salon ! »

Laurent Gbagbo, âgé aujourd’hui de 77 ans, est d’ailleurs revenu sur la « crise électorale » qui a suivi les élections de 2010. Il a invité la communauté internationale à « rechercher les vrais coupables ». Prenant ici le contre-pied du gouvernement ivoirien, qui privilégie la voie de la réconciliation nationale.

« Je ne cherche pas les coupables pour me venger de qui que ce soit, a précisé l’ancien Président, d’autant plus que j’échange au quotidien avec ceux qui m’ont envoyé à la CPI. » Aussi, promet-il, « il n’y aura pas de vengeance mais il fait que la vérité soit dite pour que la Côte d’Ivoire sache qu’un jour un tel ou un tel a posé des actes qui ont fait des victimes. Il faut que la vérité éclate pour qu’on sache qui a fait quoi et que cela ne se répète plus jamais dans ce pays ».

C’est pourquoi, « si des crimes ont été commis, il faut continuer de rechercher les criminels ». Et que « le 31 mars est une date importante parce que le 31 mars a rendu la liberté à des gens qui n’avaient pas le droit d’être en prison et qui y étaient malgré tout », a déclaré Laurent Gbagbo. « Les gens » étant lui-même et Charles Blé-Goudé, acquitté le même jour en appel par la CPI.

Les criminels ? Ils sont à rechercher dans les autres camps : « Cinq groupes se tiraient dessus ; si ce n’est pas l’un, c’est que c’est l’autre ! » Quant aux forces régulières de sécurité et de défense qu’il dirigeait en 2011, « dès l’instant où je suis innocent, ceux-là aussi sont innocents ». Qui alors ? Laurent Gbagbo a sa petite idée, lui qui a cité en meeting l’« armée de l’ONU », l’« armée française », ainsi que « les rebelles », alors soutien de l’actuel président ivoirien, Alassane Ouattara.

 

Une obsession, 2025

Les organisateurs du meeting, le 31 mars, avaient invité des représentants d’autres formations politiques. Ceux du RHPD, le parti du Président, ont été fraîchement accueillis par la foule des partisans de Laurent Gbagbo. Il en a été de même pour le nom de Charles Blé Goudé, qui a préféré fonder son propre parti, refusant jusqu’à présent de se rallier à son compagnon d’infortune à La Haye. En revanche, les supporters de Gbagbo ont fait bon accueil aux représentants du PDCI, principal parti d’opposition en Côte d’Ivoire. Pour tous, aucun doute, Laurent Gbagbo sera candidat aux élections présidentielles de 2025.

« Laurent Gbagbo a une seule obsession : 2025. Et il ne le cache pas dans sa rhétorique politique ; en lisant entre les lignes, on voit bien qu’il est prêt pour la bataille présidentielle », confie à RFI le politologue Geoffroy-Julien Kouao. Qui observe que pour compenser son principal handicap, son âge, il s’entoure de « quadras » et a consacré, le 1er avril, une journée dédiée à la jeunesse.

Laurent Gbagbo, le 31 mars 2023 à Yopougon.
Laurent Gbagbo, le 31 mars 2023 à Yopougon.

Se montrant à l’écoute de leur préoccupation, il a fait promettre par ses partisans que son parti intégrerait des jeunes dans toutes les listes présentées à l’occasion des élections municipales et régionales qui doivent se tenir cette année.

S’il considère que la Côte d’Ivoire, aujourd’hui, offre de nombreuses opportunités, il déplore que les difficultés des jeunes soient si grandes qu’ils ne puissent pas s’insérer convenablement dans la société. Son parti propose une réforme du système éducatif davantage tourné vers les besoins du marché de l’emploi, y compris dans l’agriculture.

« Que voulez-vous faire avec un pays où 70% des habitants ont moins de 35 ans et n’ont pas de travail ? Nous, les parents d’aujourd’hui, on leur dit « allez à l’école ». Ils vont à l’école, ils en reviennent avec des diplômes et ils dorment au salon ! », s’est insurgé l’ancien président ivoirien, qui se veut à l’écoute des jeunes pour « connaître la nature de leurs problèmes et chercher des solutions ».

@NA

 

Écrit par
Laurent Allais

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