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Politique

Centrafrique : Touadéra veut un troisième mandat

Centrafrique : Touadéra veut un troisième mandat
  • Publiémai 31, 2023

Les Centrafricains sont conviés au vote d’une nouvelle Constitution qui permet au président Faustin Archange Touadéra de briguer un troisième mandat. L’opposition ne dispose guère de voies de recours pour s’y opposer.

 

Le président de la Centrafrique, Faustin Archange Touadéra souhaite briguer un troisième mandat. La Constitution ne le lui permet pas. En conséquence, le Président soumet au référendum une nouvelle Constitution qui l’autoriserait à se représenter. Il a annoncé, le 30 mai 2023 au soir, que le vote référendaire se tiendrait deux mois plus tard, soit le 30 juillet.

La Centrafrique a adopté, le 29 mai 2023, une loi réglementant la « tokénisation de ses ressources naturelles et foncières » en cryptomonnaies, y compris pour les étrangers.

L’opposition n’a pas manqué de contester cette décision, accusant Touadéra de vouloir devenir président à vie. Ce, alors que les tensions politiques restent vives dans le pays, qui a ouvert ses portes aux mercenaires russes de Wagner pour combattre les groupes armés. Dont certains se réclament des Séléka (musulmans) et des anti-balaka (chrétiens et animistes), en conflit avec le pouvoir de Bangui depuis 2013. La Centrafrique ne masque pas son attachement avec la Russie, au point de laisser suggérer, depuis quelques jours, la possibilité de créer une base militaire russe dans le pays.

« J’ai décidé de soumettre au référendum le projet d’une nouvelle Constitution, après m’être entretenu avec le président de la Cour constitutionnelle et le président de l’Assemblée nationale », a déclaré le chef de l’Etat dans un message à la nation enregistré et posté sur les réseaux sociaux. Pour l’heure, le texte soumis au vote n’est pas connu. Selon le ministre conseiller spécial à la Présidence, Fidèle Gouandjika, cité par l’AFP, « il n’y aura pas de troisième mandat, mais les compteurs seront remis à zéro » avec une nouvelle Constitution « et il y aura un nouveau mandat que tout le monde pourra briguer, y compris le président Touadéra s’il le souhaite ». Rien n’empêcherait un quatrième mandat, dans ces conditions…

Ce n’est pas la première fois que le président Touadéra tente une telle initiative politique. En septembre 2022, la Cour constitutionnelle avait invalidé la création d’un comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution. Ce, prenant comme arguent que le Sénat n’avait toujours pas été installé. Ce qui est encore le cas aujourd’hui.

Dès lors, les partisans de Faustin Archange Touadéra ont multiplié les initiatives pour contourner la décision de la Cour constitutionnelle, dont la présidente, Danièle Darlan, a été mise à la retraite… Considérant que « le peuple est au-dessus de la Constitution », le président a donc cédé « aux demandes pressantes et légitimes du peuple souverain de doter notre pays d’une nouvelle Constitution ». Les rues de Bangui n’ont pourtant guères été dérangées par des manifestations de masse en faveur d’un nouveau texte constitutionnel, ces derniers mois.

Selon l’ancien Premier ministre Nicolas Tiangaye, interrogé par l’AFP, « la Cour constitutionnelle est illégitime depuis l’éviction de Danièle Darlan et aucun référendum ne peut avoir lieu sans un président du Sénat. Ce référendum se fera donc dans l’illégalité ».

En bref

La « tokenisation » des ressources naturelles et foncières

La Centrafrique a adopté, le 29 mai 2023, une loi réglementant la « tokénisation de ses ressources naturelles et foncières » en cryptomonnaies, y compris pour les étrangers, un an après avoir légalisé le recours à ces devises virtuelles pour toute transaction.  

Se défiant des sceptiques, le pays poursuit ainsi sa marche vers la dématérialisation des outils de transaction. Quelque mois après le Salvador, la Centrafrique avait adopté l’an passé l’usage des cryptomonnaies comme monnaie de référence. Et créé sa propre monnaie virtuelle, le Sango. Inquiets de possibles dérives, la BEAC (Banque des États d’Afrique centrale) ainsi que le FMI ont demandé au pouvoir centrafricain d’appliquer leurs standards de fonctionnement.

La loi votée – l’Assemblée est largement acquise au pouvoir en place –, fixe le cadre de « l’utilisation des monnaies virtuelles bitcoin et sango dans le processus d’investissement ». Ce, y compris « par les ressortissants étrangers désireux d’investir dans les titres miniers, agraires, forestiers ». Les investisseurs « ont le droit de transférer à l’étranger l’intégralité des bénéfices annuels qui leur reviennent après paiement des impôts, droits et autres obligations ».

Pour le président Touadera, ces nouveaux outils sont un moyen d’apporter de nouveaux capitaux au pays. Beaucoup redoutent cependant qu’ils ne deviennent un outil de malversations et de trafics illégaux.

@NA

 

Écrit par
Laurent Allais

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