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Politique

Cameroun : un parti présidentiel hégémonique

Cameroun : un parti présidentiel hégémonique
  • Publiémars 22, 2023

Le RDPC devrait empocher 70 sièges au Sénat camerounais, sur 70 en jeu. Et le président Paul Biya ne devrait accorder qu’une poignée de sièges aux personnalités de l’opposition, sur les trente sièges qu’il nomme de manière discrétionnaire.

 

Ce jeudi 23 mars, le Conseil constitutionnel publiera officiellement le résultat des élections sénatoriales du Cameroun, qui se sont déroulées le 12 mars. Il serait vain de chercher un quelconque suspense : le Conseil a déjà fait savoir qu’il rejetait tous les recours déposés par l’opposition.

En conséquence, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), la coalition réunie autour du président Paul Biya, emporte les 70 postes de sénateurs en jeu. Voilà qui maintient pour quelque temps encore le pays dans sa gouvernance par un parti unique au pouvoir.

Franck Emmanuel Biya, le fils aîné du Président, a été très remarqué lors du récent sommet de la Cemac, qui vient de s’achever à Yaoundé. Une attitude de Dauphin ?

Il est vrai que le RDPC est aidé en cela par les partis d’oppositions, qui refusent de se prêter à la compétition électorale, non sans quelques raisons de douter de la sincérité du scrutin. Cette fois encore, même le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, a refusé de participer à l’élection, tout comme il avait refusé de concourir aux législatives et municipales de 2020. Pourtant, ce mouvement est en mesure de bousculer le jeu électoral au Cameroun.

Selon la Constitution camerounaise, le président de la République doit nommer trente sénateurs, ce qui portera le nombre total des membres de la Chambre haute du parlement à cent, soit dix sénateurs par région.

On attend qu’il nomme quelques personnalités issues de l’opposition. Une situation politiquement peu aisée pour le SDF de Ni John Fru Ndi, le PCRN de Cabral Libii, l’UNDP de Bello Bouba Máigari, le MDR, l’ANDP d’Amadou Moustapha ou  encore le FSNC d’Issa Tchiroma Bakary.

En 2013, le RDPC avait remporté 55 sièges, avant de compter 63 élus en 2018. Cette fois-ci, ce sera donc 70 élus sur 100, au minimum. Il est vrai que depuis les dernières élections locales, le parti de Paul Biya contrôle 316 communes sur les 360 que compte le pays. Constitué de plus de conseillers municipaux, conseillers régionaux et chefs traditionnels, le corps électoral des élections sénatoriales lui était donc acquis.

En attendant, les spéculations vont bon train sur la succession de Paul Biya, qui vient de célébrer ses 90 ans. Interrogé à l’issue d’une réunion politique, le 21 mars, un porte-parole du RDCP a émis une hypothèse à l’originalité discutable : présenter Franck Emmanuel Biya ! Le fils aîné du Président a d’ailleurs été très remarqué lors du récent sommet de la Cemac, qui s’est tenu à Yaoundé à partir du 17 mars, se tenant aux premières loges. Franck Biya, qui ne compte d’ailleurs à son actif aucune action militante directe avec le RDCP, n’a jamais fait part de ses intentions, bien qu’il existe un mouvement des « franckistes » pour le soutenir.

Franck Emmanuel Biya est âgé de 51 ans.
Franck Emmanuel Biya est âgé de 51 ans.

 

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En bref

Mandela Center International alerte sur la situation des régions anglophones

« VIOLENCE D’ÉTAT / Il est rappelé aux autorités camerounaises qu’en vertu du droit international humanitaire, cette détention arbitraire au NOSO est considérée comme un crime de guerre (article 8 du Statut de Rome) et que les représentants de l’État camerounais devront inévitablement en répondre le moment venu. » NOSO désigne Nord-Ouest et Sud-Ouest, les deux régions anglophones.

Ce message sur Twitter donne le ton du communiqué de presse de l’ONG Mandela Center International, qui s’alarme des arrestations de près de 160 personnes, le 2 mars, dans le Sud-Ouest. Des opérations, dont on ignore la motivation, se seraient déroulées dans cinq villages, à la demande du préfet. Quatorze d’entre eux auraient été formellement inculpés, par un magistrat militaire, pour « terrorisme, complicité de terrorisme, fabrication d’armes artisanales et atteinte à la sûreté intérieure de l’État ».

Selon l’ONG, près de cent jeunes avaient été arrêtés arbitrairement dans le département du Fako, le 12 février 2023 ; 81 jeunes auraient été relâchés depuis. Selon l’ONG, ces arrestations, dans une région en conflit, relève davantage des méthodes utilisées contre les terroristes et n’ont donc aucune justification légale.

@NA

 

Écrit par
Laurent Allais

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