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Politique

Burkina Faso : un aiguillon

  • Publiéjuillet 21, 2015

Burkina Faso. La chute de Blaise Compaoré est souvent citée en exemple d’un échec de coup de force par le pouvoir en place. Pourtant, le cas du Burkina Faso peut-il s’appliquer à d’autres pays africains ? Rien n’est moins sûr.

En chassant du pouvoir Blaise Compaoré, le 31 octobre 2014, le peuple du Faso a fait montre d’une folle et payante témérité, pour défendre sa Constitution vaillamment érigée en texte sacré… et intangible. En lieu et place d’un troisième mandat, le Président a récolté un visa pour l’exil. Dans une Afrique piégée par la boulimie de ses dirigeants avides de mandats à répétition, les effets du séisme démocratique au Burkina vont-ils se répandre telles des ondes de choc très émancipatrices pour des citoyens de pays voisins ou lointains, désireux d’en découdre avec des régimes usés, fossilisés et, parfois, féroces ? La réponse est hésitante face aux différences de trajectoires historiques et aux réalités variées qui forgent les situations politiques, ici et là, sur le continent. Il s’y ajoute que l’épilogue du processus démocratique, au Burkina Faso, est attendu par tous.

Le 11 octobre 2015 les prochaines élections générales se déroule-ront dans une conjoncture nationale qui ne ressemble pas à un fleuve tranquille. Du coup, la transition vers l’approfondissement de la démocratie, en cours à Ouagadougou, aiguillonne plus qu’elle ne contamine. Prévoir un quelconque effet boule de neige ne passe pas aisément l’épreuve des comparaisons ou des rapprochements avec d’autres pays. À la différence du Togo voisin, cita-delle inexpugnable d’un régime militaro-familial plus que trentenaire, le Burkina Faso est exonéré d’une fracture nord sud ; il dispose d’une élite de qua-lité et, surtout, est habité par un peuple au tempérament suffisamment libertaire et gouailleur pour refuser d’être embrigadé et bâillonné indéfiniment. Dès les années 1960, la Haute Volta – futur Burkina Faso – eut son premier cardinal, Mgr Paul Zoungrana, et son premier agrégé, le professeur d’Histoire Joseph Ki-Zerbo.

Des spécificités difficiles à reproduire

Aux antipodes du Burundi et des deux Congo, la patrie de Thomas Sankara n’est pas sociologiquement une constellation de tribus. Même si les groupes ethniques y fleurissent. À l’ins-tar du Sénégal, le Burkina Faso est rela-tivement petit et plat, à l’exception des hauts-plateaux mossis, et humainement brassé par des mariages interethniques. De plus, le pays est très tôt centralisé par les empereurs mossis (les insubmersibles Moro Naba) qui ont pratiqué un jacobinisme administratif nettement antérieur à la colonisation. Enfin, le Burkina est à mille lieues du Cameroun où Boko Haram est, à la fois, une calamité et une bouée de sauvetage pour le président Paul Biya qui, au nom de la défense de la Patrie en danger, surfe sur une vague de chauvinisme méthodiquement déchaîné. Du pain béni et requinquant pour le régime de Yaoundé. La situation est pratiquement analogue pour Paul Kagamé, au Rwanda. Pour le maître de Kigali, la lente construction d’un État fort – capable de broyer les crispations communautaires entre Tutsis et Hutus – est plus urgente que l’ancrage du gadget de la démocratie, dans un pays où le syndrome génocidaire s’est solidement incrusté dans la mémoire collective.

Écrit par
ade

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