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Politique

Aux sources du leadership du Tchad

Aux sources du leadership du Tchad
  • Publiéavril 29, 2015

Grâce à son outil militaire, le Tchad s’est imposé comme la colonne vertébrale de sa sous-région. Cet engagement ne doit pas faire oublier les autres défis, sociaux et économiques du pays.

L’armée tchadienne est aujourd’hui en première ligne dans la lutte contre les groupes armés terroristes. Que cela soit au Mali, depuis janvier 2013, ou plus récemment contre Boko Haram, elle s’est imposée comme le seul outil militaire africain réellement capable de faire face aux menaces qui pèsent sur la sous-région. Doté d’une artillerie conséquente, de plusieurs bombardiers Sukhoi-25 et d’hélicoptères de combat MI-24, le Tchad fait figure de puissance militaire. Surtout, les unités tchadiennes disposent d’une solide expérience du combat, à commencer au sein de la Direction générale des services de sécurités des institutions de l’État (DGSSIE), garde présidentielle bien armée et bien entraînée, forte de 14 000 hommes essentiellement recrutés parmi l’ethnie Zaghawa, celle du président Idriss Déby. 

Le rôle croissant joué par l’armée tchadienne dans la sécurité du continent africain renvoie également aux choix politiques du président tchadien, dont la réforme des forces armées s’inscrit dans une volonté de normalisation interne et d’affirmation sur la scène régionale

Cette expérience et cette compétence sont inséparables de l’histoire d’un pays où les conflits ont été nombreux depuis l’indépendance, contre les prétentions hégémoniques libyennes ou au gré des rébellions. Cependant, le rôle croissant joué par l’armée tchadienne dans la sécurité du continent africain renvoie également aux choix politiques du président tchadien, dont la réforme des forces armées s’inscrit dans une volonté de normalisation interne et d’affirmation sur la scène régionale ; il a depuis été rattrapé par l’extension d’une violence menaçant directement les intérêts vitaux du Tchad. 

Le 22 octobre 2011, dans la continuité d’états généraux tenus en 2005, un programme de réorganisation des forces armées tchadiennes est officiellement lancé, dans un contexte marqué par la gestion de l’après-Kadhafi en Libye, mais également par la signature d’un accord de paix avec le Soudan en 2010, privant les rebelles tchadiens de leur principal soutien. « Les conditions sont maintenant réunies grâce à la réconciliation avec le Soudan », rappelait alors un proche du président tchadien. L’objectif vise à « dégraisser » les unités de l’armée nationale tchadienne, aux soldats moins bien équipés que ceux de la DGSSIE, constituées principalement par l’agrégation d’anciens groupes rebelles et de membres de clans ralliés au pouvoir.

« L’armée nationale tchadienne compte dans ses rangs des commerçants, des étudiants, des éleveurs, des femmes et des maures, énumère un collaborateur du chef de l’État. Recrutés par des hauts gradés et des commandants de régions militaires, ils ont été promus illégalement et frauduleusement aux grades d’officiers assimilés, c’est-à-dire de lieutenant à colonel. » En d’autres termes, il s’agit d’amener aux standards de l’ONU une armée qui a été à plusieurs reprises critiquée pour son comportement. Avec un double intérêt : accroître l’efficacité opérationnelle des unités combattantes et faciliter leur insertion dans des forces multinationales. 

Le président Déby engrange les points. Il rassemble les Tchadiens derrière lui, et s’est imposé comme un acteur incontournable de la sécurité dans le Sahel.

La seule capacité de projection militaire ne suffisant pas à accéder au statut de puissance régionale légitime et responsable, les autorités tchadiennes ont également déployé un réseau et des moyens diplomatiques pour se positionner comme interlocuteur de référence en Afrique centrale. En 2013, le pays a obtenu le siège de Commissaire de l’Union africaine (UA) pour le commerce. Au sein de la Communauté économique des États d’Afrique centrale, outre la nomination d’un Tchadien au poste de secrétaire général, le hasard du calendrier a voulu que N’Djamena occupe la présidence de l’organisation au moment où la crise centrafricaine battait son plein. Enfin, le Tchad s’est fait élire en 2014 au Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi qu’au Conseil de paix et de sécurité de l’UA… dans un contexte d’engagement croissant de l’armée tchadienne hors des frontières du pays.  

Écrit par
ade

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