Syndicaliste chevronnée, ferme sur les principes, mais ouverte sur les objectifs à atteindre, Nadou Oloukounle-Lawson et la jeune centrale syndicale qu’elle dirige, en pleine crise sociale au Togo, sont désormais des interlocuteurs incontournables du gouvernement.
Rarement, ces deux dernières décennies au Togo, un syndicaliste a joui d’une si grande aura, d’une telle crédibilité et d’une telle réputation d’intégrité au sein la fonction publique. C’est pourtant le cas de Nadou Oloukounle-Lawson, coordinatrice de la Synergie des travailleurs du Togo (STT), la dernière-née des sept centrales syndicales du pays. En seulement deux ans d’existence, la STT est devenue le principal porte-voix des travailleurs du secteur public togolais, au point de reléguer au second plan les autres syndicats ou coordinations.
C’est donc en toute logique que la Synergie est devenue ces derniers mois l’un des principaux interlocuteurs du gouvernement, après le succès de ses multiples mouvements de grève. Et surtout la défense collégiale d’une plateforme revendicative qui, en huit points, plaide pour l’amélioration du quotidien de toutes les catégories de fonctionnaires du Togo. « Une nouvelle donne qui n’entretient pas pour autant la rivalité entre les principaux responsables de ces faîtières syndicales », souligne un syndicaliste de premier plan.
« Cette nouvelle centrale, incontournable dorénavant, se bat en priorité pour un syndicalisme déconnecté de toute contingence ou obédience politiques. »
Aux yeux de plusieurs membres de l’exécutif togolais, les revendications portées par la STT sont « certes légitimes, mais prennent généralement en otage la vie de leurs autres compatriotes quand elles prennent la forme de grèves sauvages », comme le dénonce le Premier ministre, Arthème Ahoomey-Zunu. Des épreuves syndicales que veut relativiser Nadou Lawson.
« Le pouvoir d’achat du travailleur togolais est à restructurer d’une manière générale, car il est un élément fondamental pour tout épanouissement socioprofessionnel », s’inquiète la responsable syndicale. Également fonctionnaire du ministère des Finances, elle justifie ainsi son engagement, et tout singulièrement les revendications brandies par la Coordination qu’elle chapeaute. Femme de conviction, prête dans le cadre de l’action syndicale à des concessions sans compromissions, elle a été propulsée fortuitement dans l’univers syndical, à travers une banale revendication professionnelle qui lui a valu le statut de délégué syndical.