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Opinion

Cancers : La forêt dont l’Afrique prend conscience…

Cancers : La forêt dont l’Afrique prend conscience…
  • Publiéjuillet 8, 2019

« Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse »

Par Docteur Alain Toledano, cancérologue, président de l’AFAC et de l’Institut Rafaël

Après des décennies de lutte et de plans d’action contre les maladies contagieuses, l’Afrique est face au défi du Cancer, ce fléau qui va décimer des millions de personnes de tout bord… Le cancer n’est pas « une maladie de blanc » comme beaucoup se prêtent à penser.

Si le sida entraîne encore un million de morts par an dans le monde, dès 2025 le cancer tuera plus de 19 millions de personnes chaque année, dont 70% dans les pays disposant de moins de cinq pour cents de la ressource pour le combattre. Le cancer fait plus de victimes que le sida, le paludisme et la tuberculose réunis, l’Afrique est en train de l’apprendre à ses dépens.

Saint Exupéry disait « concernant l avenir, il ne s agit pas de le prévoir mais de le rendre possible ». Les chefs d état africains et leur gouvernement sont prêts à relever les défis de la lutte contre les cancers en Afrique, et ont le destin des peuples entre leurs mains.

Un temps perçu comme une fatalité, nombre d’études ont montré que 40% des cancers étaient évitables ; notamment en évitant le tabac, en faisant du sport régulièrement, en consommant moins de graisse et moins d’alcool. Diagnostiqués à un stade précoce, la majorité des cancers sont guérissables, d’où l’importance de politiques de dépistage de masse, et de campagnes de prévention d’envergure.

Pour l’union africaine, chaque citoyen devrait avoir plein accès à des services de soins de santé abordables et de qualité.

L’Afrique espère se débarrasser de toutes les maladies tropicales négligées et de toutes les maladies transmissibles et infectieuses comme le virus du SIDA que nous espérons contrôler.

« En 2063, la population africaine sera en bonne santé, bien nourrie et jouissant d’une espérance de vie de plus de 75 ans ».

Sur le plan économique, il est estimé qu’un gain d’espérance de vie d’une année équivaudrait à quatre pourcents de gain de PIB ; cela signifierait, en d’autres termes, qu’investir dans des systèmes et infrastructures de santé et de cancérologie en Afrique contribuerait à faire gagner des milliers de milliards de dollars pour les pays africains, le jeu en vaut la chandelle !

Les 5 et 6 juillet 2019, le sommet de l’Union Africaine aura lieu à Niamey au Niger, il verra le lancement de la Zone de libre-échange continentale Africaine (ZLECA), l’occasion d’avoir une vision de développement continentale panafricaine et de marquer les esprits.

Le président du Niger Monsieur Mahmadou Issoufou, associé à la première dame le Dr Lalla Malika Issoufou, souhaitent proposer à tous les chefs d’état africains de signer la charte de Paris contre le cancer, qui est aussi la charte de l’UNESCO. Madame Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, s’est associée à cet engagement de valeurs qui permettra de lutter plus efficacement contre le cancer.

L’Association Franco Africaine de Cancérologie (AFAC), présidé par le Docteur Alain Toledano, Cancérologue à Paris, a été missionnée pour accompagner la mise en œuvre de ce projet politique de lutte contre le cancer, dont l’idéal sera que le maximum d’états le ratifie.

En 2000, le président de la République française Jacques Chirac et le directeur général de l’UNESCO, Dr Koichiro Matsuura, sous l’impulsion du célèbre cancérologue français le professeur David Khayat, ont initié la Charte de Paris contre le cancer, texte politique d’envergure internationale, qui établit les principes généraux de la lutte mondiale contre le cancer.

Cette charte signée à l’occasion du premier sommet mondial contre le cancer organisé le 4 février 2000, a déjà vu une trentaine de pays signataires.

Le sommet de Niamey 2019, sera l’occasion unique pour que toute l’Afrique entre dans l’arène de la lutte mondiale contre le cancer.                                                                          

La défense de la dignité des malades du cancer passera par une meilleure éducation des populations et des mesures de formation des professionnels. Le changement de regard sur le cancer doit venir d’une impulsion politique et d’une campagne de diffusion.

La qualité des soins et la prise en charge qualitative des patients nécessitera des coopérations sanitaires et la structuration des réseaux de cancérologie panafricains.

Les politiques de dépistage des cancers et de prévention vont nécessiter des investissements financiers et en ressources humaines compétentes, associées à de véritables plans cancers structurés.

Il est important d’inclure une recherche africaine propre aux différentes populations, que ce soit sur le plan clinique ou sur le plan fondamentale. On ne peut pas se contenter d’être des acheteurs de produits de santé fabriqués ailleurs, l’industrie de la Santé africaine mérite une politique proactive.

Les dépenses de santé sont en moyenne assumées à 50% par les ménages et à 25% par les états, les systèmes solidaires et assurantiels devraient se développer pour tous.

La synergie dans l action permettra des économies d échelles, que ce soit sur le plan universitaire, des négociations d infrastructures et équipements, mais également des politiques d actions coordonnées entre les pays de la sous région. 

Plutôt que de penser de grands hôpitaux coûteux à la construction et en frais de maintenance, il faut repenser des structures agiles de plus petite taille, avec moins de rigidité de fonctionnement, et des organisations de travail intégrant de l’intelligence collective.         

Les investissements privés devraient trouver une place significative dans la transformation des systèmes de santé africains, pour que les états puissent être « aidés » dans leur politique sanitaire et sociale.                                                   

Certains enjeux de société comme le vieillissement et la gestion des handicaps vont croître, quand bien même la culture de la famille unie prévaut en Afrique, des réflexions spécifiques devront être conduites.

Saint Exupéry disait « concernant l avenir, il ne s agit pas de le prévoir mais de le rendre possible ». Les chefs d état africains et leur gouvernement sont prêts à relever les défis de la lutte contre les cancers en Afrique, et ont le destin des peuples entre leurs mains.

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Par Docteur Alain Toledano

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