Un centre régional de la cybersécurité au Togo

Bon élève en matière de cybersécurité, le Togo accueillera prochainement une structure panafricaine, destinée à faire prendre conscience des menaces et à partager les bonnes pratiques chez ses voisins.
Avec l’appui de la CEA (Commission économique des Nations unies pour l’Afrique), le Togo abritera un centre africain de cybersécurité. Gouvernement togolais et CEA viennent de signer un mémorandum d’entente à cet effet. Cette structure, sans doute établie à Lomé, permettra de fournir aux pays d’Afrique de l’Ouest une expertise en matière de cybersécurité et de mener des activités liées à la promotion de la cybersécurité et aux enquêtes sur la cybercriminalité.
Le besoin en outils informatique, en réseaux, a explosé, mais les protections contre les menaces n’ont pas suivi. Le cabinet Deloitte évalue que 40 % des entreprises, en Afrique francophone, ont enregistré une augmentation significative du nombre d’incidents cyber depuis le début de la pandémie.
« Nous sommes heureux de nous associer à la CEA pour renforcer notre engagement à faire de la cybersécurité, une priorité absolue pour nos États. », s’est félicitée Cina Lawson (photo), ministre de l’Économie numérique et de la transformation digitale du Togo. « Nous ambitionnons de faire de notre pays, un véritable hub numérique en Afrique. Notre modèle de partenariat avec le secteur privé est l’une de nos approches innovantes que nous voulons mettre en avant pour inspirer d’autres pays pour un cyberespace plus sûr sur le continent. »
Ce centre permettra de renforcer les capacités et de soutenir les agences de cybersécurité déjà créées dans les pays africains. Une étude récente de la CEA, soulignait justement que trop peu de pays, sur le continent, étaient dotés d’une telle structure. Le Centre africain de cybersécurité devra collaborer avec les gouvernements africains, les décideurs, les services spécialisés de la police, et les experts en sécurité. L’objectif est de créer des cadres efficaces pour évaluer et atténuer les cybermenaces, promouvoir la cybersécurité dans la région. Il s’agit aussi de mettre à disposition, des capacités techniques et de recherches spécialisées, pour la promotion de la lutte contre les menaces.
Le coût de l’inaction
Le choix du Togo n’est pas dû au hasard. En mai 2022, Lomé avait abrité une importante conférence de la cybersécurité. Chefs d’État et de gouvernement avaient pris divers engagements, signant « La Déclaration de Lomé sur la cybersécurité et la lutte contre la cybercriminalité ».
Au début de ce mois, le Conseil des ministres appelait à une synergie plus prononcée entre les acteurs de la cybersécurité au Togo. Les acteurs du secteur public, ceux du secteur privé, et l’Agence nationale de la cybersécurité (ANCy) doivent mieux collaborer pour une meilleure sécurisation du cyberespace, demande le gouvernement. Le Togo dispose aussi d’une Autorité de protection des données personnelles (IPDCP). Malheureusement, il reste un des rares pays africains à avoir signé la Convention de Malabo qui émet une série de recommandations sur ces questions. Elle date de 2014…
Pourtant, les menaces ne sont pas à négliger. La cyber-extorsion reste une menace permanente en Afrique subsaharienne, souligne un rapport publié en juin 2022 par KnowBe4 et IDC. Qui cite comme premières menaces les fuites de données et des attaques ciblées. Par définition, l’investissement croissant – et nécessaire – dans la connectivité et l’Internet augmente la surface d’attaque de la cybercriminalité. L’étude pointe d’ailleurs une corrélation linéaire entre le PIB et la cybercriminalité.
D’où le besoin, au fur et à mesure du développement d’un pays, de prendre la menace au sérieux. Pourtant, 17 pays africains sur 54 ont une politique complète en la matière, juge cette étude. « Cela ouvre considérablement le paysage des menaces et expose les organisations à un plus grand risque. » Selon certaines estimations, l’Afrique aurait perdu 10% de son PIB en 2021, en raison des attaques sur le monde virtuel.
La crise sanitaire n’a rien arrangé : le besoin en outils informatique, en réseaux, a explosé, mais les protections contre les menaces n’ont pas suivi. Le cabinet Deloitte évalue que 40 % des entreprises, en Afrique francophone, ont enregistré une augmentation significative du nombre d’incidents cyber depuis le début de la pandémie.
Ces préoccupations seront au cœur du « Hacker Lab » qui se déroulera du 10 au 12 octobre à Cotonou. La capitale du Bénin accueillera les meilleurs talents en cybersécurité pour un « marathon » du piratage informatique. Cina Lawson encourage d’ailleurs les spécialistes togolais à se rendre dans la capitale du Bénin à cette occasion et d’y concourir.
@AB