J’ai lu « L’Afrique d’abord » de Gervais Koffi Djondo

J’ai lu d’un seul trait les mémoires d’un vrai PanAfrican que j’admire beaucoup. Il s’agit de Gervais Koffi Djondo, qui a été le co-fondateur de Ecobank et le fondateur de la compagnie aérienne Asky, deux institutions privées créées par des Africains pour des Africains pour développer l’Afrique.
Par Khaled Chérif
L’auteur raconte son parcours avec passion et une sincérité rare. Il met toujours en valeur les femmes africaines qui en Afrique jouent un rôle extrêmement important dans la vie sociale et économique. Il place son espoir sur la jeunesse africaine qui est maintenant très bien formée et sur la classe moyenne, moteurs du développement.
En quelques centaines de pages, on revit l’histoire de l’Afrique depuis les indépendances à ce jour. Ce livre est une mine d’informations sur cette génération d’Africains qui a occupé les plus hautes responsabilités après les indépendances. On croque avec délectation les différents portraits de nos dirigeants et les opinions de l’auteur. Un livre qu’il faut absolument lire, publié par Présence Africaine.
Il connaît bien l’Afrique anglophone et francophone et fonde sa vision sur l’unité africaine. Il dévoile que les Français se sont férocement opposés à la création de Ecobank et de Asky et confirme son opposition au maintien du Franc CFA, des décades après les indépendances africaines.
Après avoir occupé des responsabilités importantes dans les secteurs public et privé au Togo, il a été obligé de fuir le pays après avoir reçu des menaces et après le paiement d’un fort redressement fiscal au Trésor.
On sent le vrai patriote qui défend les intérêts des Africains et qui croît que le secteur privé jouera un rôle primordial par sa vitalité dans le développement du continent. Il retourne au pays après quelques années d’exil.
Il a un faible pour les hommes d’affaires anglophones qui sont entrés dans la cour des grands et qui sont un exemple à suivre. Il parle aussi de tous ceux qui l’ont entouré pour assurer le succès de ses entreprises. Il dédie à ses collaborateurs tous les prix et médailles reçus pour l’honorer pour sa carrière exemplaire.

Il croit à l’éthique et à l’excellence et fait appel aux meilleurs experts pour diriger ses entreprises. Il cite plusieurs entrepreneurs qui réussissent.
Il n’y a pas de secret, il faut avoir une bonne stratégie et être un bourreau de travail. Gervais Djondo n’envisage pas de prendre sa retraite. Il continuera à être actif entre Lomé et son village dans un havre de paix où il reçoit ses illustres et/ ou modestes visiteurs.
Il clame les vertus de la vie dans les villages où les aînés ont toujours su trouver les meilleurs solutions pour la vie des communautés. Il pense qu’il faut être fier de notre valeureux et glorieux passé et qu’il faut y trouver les ressources nécessaires pour envisager un avenir radieux.
Ce livre est celui d’un sage qui se dévoile petit à petit et qu’on se met à aimer et admirer. J’ai connu personnellement Djondo durant plusieurs années et j’en garde un excellent souvenir.
Ce livre est celui d’un sage qui se dévoile petit à petit et qu’on se met à aimer et admirer. J’ai connu personnellement Djondo durant plusieurs années et j’en garde un excellent souvenir.
J’ai connu aussi de très près l’histoire de Ecobank depuis les pères fondateurs jusqu’à l’époque récente. Je rends hommage à Arnold Ekpé qui a été le dirigeant qui a marqué le plus Ecobank et qui a été un stratège remarquable et a donné vie à un concept novateur.
Le même schéma a été adopté par Djondjo quand on lui a confié le projet de créer une compagnie aérienne africaine. L’auteur raconte avec détails la formidable épopée d’Air Afrique qui a abouti à un échec à cause de l’intervention des Etats.
Pour ne pas répéter ces erreurs, il a tenu à n’avoir que des actionnaires privés et à trouver un partenariat avec Ethiopian Airlines, une grande compagnie aérienne.
Nous autres Africains, nous sommes parfois nos pires ennemis. Djondo a souffert de la jalousie de certains de ses compatriotes qui au lieu l’encourager et d’être fiers de ses succès lui ont nuit en le dénonçant au Chef de l’Etat en propageant des fake news aussi.
De même, Ecobank a récemment souffert d’une crise de direction au sommet qui n’aurait jamais dû survenir et qui a porté beaucoup de tort à l’institution. Djondo est catégorique, la responsabilité ultime se trouve au sommet. Si le responsable n’est pas à la hauteur, il faut obligatoirement le remplacer.
Le livre est plein d’anecdotes et de pensées profondes. Cet entrepreneur africain qui a réussi dans les affaires est en vérité un révolutionnaire. Dans le sens que ce capitaliste n’en est vraiment pas un. Il est humble, proche des gens, n’aime pas se mettre en lumière et professe des idées que tous les jeunes de toute l’Afrique partagent.
En quelques centaines de pages, on revit l’histoire de l’Afrique depuis les indépendances à ce jour. Ce livre est une mine d’informations sur cette génération d’Africains qui a occupé les plus hautes responsabilités après les indépendances. On croque avec délectation les différents portraits de nos dirigeants et les opinions de l’auteur. Un livre qu’il faut absolument lire, publié par Présence Africaine.