Malado Kaba (ministre) : « Les objectifs du PND »
À l’issue du Groupe consultatif du PNDES, les promesses d’investissements ont atteint 21 milliards $. La Guinée dispose-t-elle de la capacité nécessaire pour s’assurer du décaissement intégral des fonds ?
Précisément, le PNDES offre un cadre structuré, lui-même soutenu par le Plan national d’investissements qui a identifié des projets classés en différentes catégories en fonction de leur degré de maturité. Cette architecture nous permet d’appréhender nos objectifs à l’horizon 2020 de façon précise. Ensuite, il existe toute une série de réformes engagées sur les études de faisabilité pour mieux cerner les projets rentables. Nous optimisons également la passation des marchés pour réduire les lenteurs administratives et fluidifier le processus global, en raccourcissant, voire en supprimant certaines étapes jugées superflues. Nous réformons le cadre juridique des accords de financement, grâce à un outil de suivi informatique dédié. Nous avons réduit le délai de mise en vigueur des accords qui s’étendaient sur une période de 12 à 24 mois avant 2016, à seulement trois à quatre mois aujourd’hui. La capacité d’exécution a été accélérée simultanément. Tout cela devrait nous permettre d’absorber beaucoup plus de fonds.
Le franc guinéen est-il un atout ou un inconvénient pour l’économie ?
Même si l’objectif de la Cedeao est de créer une monnaie commune pour favoriser l’intégration régionale, disposer du franc guinéen reste un atout pour l’instant… Les pays appartenant à une union monétaire n’ont que la politique budgétaire pour s’adapter en cas de choc externe. Ce n’est pas notre cas, nous disposons d’un instrument supplémentaire basé sur notre taux de change et sur notre monnaie ; nous conservons la capacité de procéder à un ajustement monétaire, si nécessaire.
Quelles sont les principales réformes engagées au sein de votre ministère depuis votre arrivée ?
Notre ambition est de structurer un ministère au service des populations; je cherche à le rendre plus transparent, pour gagner la confiance des Guinéens. Toutefois, la perception de la Guinée a beaucoup évolué en quelques années. Un effort de transparence a été mené comme en témoignent la publication en ligne d’informations liées à la passation de marchés publics ou encore la liste des contrats octroyés de gré à gré. Nous souhaitons que les informations liées à l’endettement deviennent publiques rapidement.
Nous voulons augmenter notre capacité d’analyse économique avec des outils adéquats. Nous poursuivons également nos efforts en matière de dette intérieure qui atteint à ce jour, entre 20 % et 25 % du PIB. Nous voulons lancer un message fort aux opérateurs privés car, même si le poids du passé nous empoisonne, l’État prend ses responsabilités.
Vous avez récemment signé un accord stratégique avec la Chine qui investit 20 milliards $ pour le développement des infrastructures et des services, en échange de ressources minières : ne craignez-vous pas le surendettement ?
Cet accord porte sur vingt ans. Il se déroulera par grappes de projets. Nous allons utiliser les royalties issues de la production minière, donc nous ne gageons pas nos ressources ! Nous utilisons nos ressources minières comme effet de levier pour pouvoir mobiliser des ressources supplémentaires dans le cadre d’un endettement maîtrisé qui vise à financer des projets productifs.
Le nouveau programme discuté avec le FMI prévoit un accès à une enveloppe non concessionnelle de plus de 500 millions $. Il nous faut garder à l’esprit qu’un pays ne peut se développer avec la seule aide au développement, laquelle est loin d’être suffisante…