Mauritanie : Aziz Ould Dahi, gouverneur de la Banque centrale

Où en êtes-vous de la révision des statuts et de votre vaste programme de transformation de la BCM ?
Nous avons créé un Centre de pilotage stratégique qui lui est entièrement dédié et lancé, parallèlement, un programme de transformation organisationnelle de grande envergure. Car l’adoption de nouvelles législations, les attentes des citoyens, des employés et des acteurs économiques, les relations avec les partenaires et la conformité aux normes et standards internationaux, sont autant de paramètres à considérer dans cette nécessaire transformation.
Nous avons aussi adopté une feuille de route composée de plus de 40 projets qui touchent à tous les domaines d’activité de la banque (processus, métier, politique monétaire, gestion fiduciaire, gouvernance, organisation, système d’information, valorisation du capital humaine, etc.). Le but, effectivement, est de transformer en profondeur les systèmes de management, les processus et la configuration organisationnelle de la BCM à travers des réformes radicales, mais progressives permettant, à terme, d’améliorer ses performances.
Justement, en matière de gestion de ressources humaines, la Mauritanie préconise une « mauritanisation » de ses cadres. Est-ce aussi le cas à la BCM ?
Pour notre part, nous avons adopté une approche de gestion du changement focalisée sur la communication interne. Cette approche participative et inclusive a permis, aujourd’hui, un engagement fort et une large adhésion du personnel de la BCM à tous les projets de transformation que nous avons lancés. Même si, différentes sortes de résistance au changement se sont manifestées au départ. Ce qui est naturel, mais nous avons su expliquer…
Pour ce qui est de l’investissement dans le capital humain, oui, bien sûr, il est nécessaire. La ressource humaine est perfectible et nous avons besoin sans cesse de nouvelles compétences du fait même du développement de la Mauritanie. À la BCM, nous développons notre marché financier et envisageons de créer, d’ici à 2021, un marché des capitaux, afin de diversifier nos sources de financement. Nous sommes très conscients des attentes que nous suscitons et ferons tout pour y répondre.
Que faites-vous pour vous prémunir contre la cybercriminalité ?
C’est un problème global qui n’est pas propre à l’Afrique. Pour l’instant, sur le continent, nous avons même été plutôt épargnés par ce fléau du fait de nos systèmes informatiques qui sont moins ouverts. Mais avec la modernisation et les services en ligne, la cybercriminalité finira par arriver. C’est inévitable. Il faut donc nous y préparer et nous avons constitué pour ce faire une cellule sur les Fintechs et la cybercriminalité au sein de la BCM.
En ce qui concerne la lutte contre le blanchiment d’argent, la Mauritanie est membre du Groupe d’action financière (GAFI). Là encore, une cellule d’analyse financière surveille tous les flux financiers y compris ceux qui pourraient provenir d’activités terroristes transitant par la Mauritanie. Par le passé, la Mauritanie a eu à arrêter des trafiquants de drogue et des terroristes et, compte tenu, de nos frontières avec le Maroc, le Mali et le Sénégal, il est préférable d’effectuer une veille constante. Mais, pour l’instant, nous n’avons pas repéré de mouvements financiers suspects qui pourraient nous inquiéter. Ce qui ne veut pas dire qu’ils n’existent pas. C’est pourquoi il faut une alerte constante pour pouvoir parer à toute éventualité.