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Infrastructures

Un gazoduc Nigeria-Maroc vers 2032

Un gazoduc Nigeria-Maroc vers 2032
  • Publiéseptembre 16, 2022

Dans dix ans, les consommateurs européens pourraient disposer de gaz directement venu du Nigeria. Un mémorandum d’entente a été signé pour la construction d’un gazoduc longeant la côte ouest-africaine et reliant des pays enclavés.

 

Un projet d’envergure, dont la conclusion ne devrait pas aboutir avant 2032, est de nouveau engagé, en Afrique de l’Ouest. Celui d’un immense gazoduc, de 6 000 kilomètres, reliant le Nigeria au Maroc. L’ouvrage devrait traverser, si les tracés prévus sont respectés, pas moins de treize pays africains, en passant par les pays côtiers, ainsi que par trois pays enclavés, le Niger, le Burkina Faso et le Mali.

Après un « faux départ » en 2020, un mémorandum d’entente a été signé, le 15 septembre à Rabat (Maroc), entre les parties marocaines et nigérianes, ainsi que par la CEDEAO.

Le texte sur le gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP) a été signé par la National Nigerian Petroleum Company Limited (NNPC), l’Office marocain des hydrocarbures et des mines (ONHYM). Le texte signé « confirme l’engagement de la Cedeao et l’ensemble des pays traversés à contribuer à la faisabilité de cet important projet », selon un communiqué.

Avant d’aboutir à Tanger, le gazoduc aura traversé le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Gambie, le Sénégal et la Mauritanie, gagnant aussi le Niger, le Burkina Faso, le Mali.

Le commissaire de laCedeao, Sediko Douka, qui est l’un des trois signataires du mémorandum, a précisé que les études de pré-faisabilité et de faisabilité ont démontré que « le projet de gazoduc est financièrement rentable et viable économiquement ».

L’ouvrage doit permettre l’acheminement de plus de 5 000 milliards de mde gaz naturel jusqu’au Maroc. De là, il sera connecté directement au gazoduc Maghreb-Europe (GME) et au réseau gazier européen. Cette signature intervient dans un contexte géopolitique particulier, dans lequel les pays européens cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement en gaz, afin d’être moins dépendants de la Russie. Et dans un contexte de tensions entre le Maroc et l’Algérie, premier exportateur africain de gaz naturel et le 7mondial.

À la suite de la rupture des liens diplomatiques entre les deux voisins, durant l’été 2021, l’Algérie a privé le Maroc de son gaz en fermant, en octobre, le gazoduc Maghreb-Europe acheminant du gaz algérien à l’Espagne et transitant par le Maroc. Depuis, Rabat cherche à diversifier les pistes pour couvrir ses besoins.

 

De la place pour deux projets

Parallèlement, fin juillet, les ministres de l’énergie algérien, nigérian et nigérien ont signé de leur côté un mémorandum d’entente pour matérialiser un mégaprojet concurrent de gazoduc transsaharien (TSGP), long de plus de 4 000 kilomètres, afin d’acheminer du gaz nigérian vers l’Europe en passant par le Niger et l’Algérie. Aucune date n’a été donnée sur l’achèvement du transsaharien.

Selon les différents partenaires, les deux gazoducs ne seraient pas concurrents mais complémentaires, le continent étant loin d’être saturé en infrastructures, rassure Sediko Douka. « Avec les énormes potentialités gazières du Nigeria, les deux gazoducs trouveront leur place et seront même complémentaires pour l’acheminement du gaz naturel dont manquent certains pays africains. Sachant que le gazoduc Nigeria-Maroc va pouvoir se raccorder à d’autres pays producteurs comme le Ghana et la Côte d’Ivoire, et bientôt le Sénégal et la Mauritanie, il y aura de la place pour ces deux infrastructures. » Selon le représentant de la CEDEAO, la prochaine étape du projet marocain et nigérian sera celle du marketing et de la recherche d’investisseurs privés et publics, destinée à nouer différents partenariats.

Cette phase pourrait prendre jusqu’à quatre ans, ce qui signifie que le début des travaux n’est pas envisagé avant 2025 ou 2026. La construction de l’ouvrage devrait prendre au moins cinq ans, peut-être six, ce qui nous amène à une inauguration officielle à horizon 2031-2032, en tenant compte des habituels retards de ce genre de projet.

Du côté marocain, on se prépare activement à ce que l’on nomme « la dorsale atlantique ». D’une longueur de près de 1 700 kilomètres, elle reliera le gazoduc GME qui part de Tanger et Larache à la région de Dakhla, où viendra se greffer le gazoduc venant du Nigeria. Ce dernier aura donc traversé le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Gambie, le Sénégal et la Mauritanie.

@AB

 

Écrit par
Aude Darc

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