x
Close
Infrastructures

OMVS : grand barrage et port fluvio-maritime  

  • Publiéavril 23, 2018

Créée en 1972 par le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, rejoints en 2006 par la Guinée, l’OMVS poursuit ses investissements. Elle consolide à cet effet ses partenariats avec des organismes lui apportant leur expertise.

Par Gérard Choisnet

En marge de la 6ème session des IAGF (Initiatives pour l’avenir des grands fleuves), organisée du 9 au 13 avril au Sénégal, Elisabeth Ayrault, PDG de la Compagnie nationale du Rhône (CNR), et Mohamed Mogaha, directeur général de la Société d’exploitation des aménagements de Manantali et Félou (SEMAF), ont signé le 12 avril à Dakar un accord-cadre de coopération sur trois ans…

Consolidant ses accords techniques internationaux, l’OMVS a renouvelé le 16 avril son partenariat avec un autre organisme français, l’Agence de l’eau Adour-Garonne. Signée par Hamed Diagne Séméga et Guillaume Choisy, directeur général de l’Agence, la convention 2018-2020 porte sur des appuis dans divers domaines

portant principalement sur des missions d’assistance technique et des transferts de compétences dans cinq domaines (production hydroélectrique ; gestion du productible ;  entretien des barrages et ouvrages de génie civil ; auscultation des barrages et ouvrages annexes ; et maîtrise des processus liés à la sécurité et sureté des ouvrages).

La SEMAF est une filiale de la Société de gestion de l’énergie de Manantali (SOGEM), elle-même créée par l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Elle exploite les deux ouvrages hydroélectriques déjà réalisés sur le Bafing (Manantali) et sur le fleuve Sénégal (Félou) au Mali pour une puissance installée totale de 260 MW, et coordonne le développement à venir de plusieurs autres aménagements. Outre la production et le transport d’énergie, la SEMAF assure également la gestion des niveaux d’eau en aval de ses aménagements pour l’irrigation, la navigation et l’alimentation en eau de zones urbaines.

Grâce à son expérience acquise sur le Rhône depuis plus de 80 ans, CNR met au service du fleuve Sénégal depuis plus de 15 ans son expertise en ingénierie hydroélectrique et fluviale. De 2002 à 2006, elle a réalisé une mission d’aide à la mise en place d’un « plan d’alerte » du fleuve Sénégal pour les crues exceptionnelles et catastrophiques. En 2006, elle a signé un accord-cadre avec l’OMVS, qui a notamment permis la réalisation d’une étude sur la réforme institutionnelle de l’Organisation en 2008 et l’assistance technique pour la mise en place d’un réseau hydrométéorologique en 2011.

En 2016, CNR Ingénierie a par ailleurs signé un accord avec la Société de gestion et d’exploitation de la navigation sur le fleuve Sénégal (Sogenav), agence spécialisée de l’OMVS, pour des missions d’appui technique et assistance à maîtrise d’ouvrage.

CNR est le 1er producteur français d’électricité d’origine 100 % renouvelable (eau, vent, soleil) et le concessionnaire à vocation multiple du Rhône, de la frontière suisse à la mer Méditerranée : hydroélectricité, navigation et zones portuaires, irrigation et autres usages agricoles. Selon le critère du débit, le Rhône est le deuxième des fleuves se jetant dans la Méditerranée, après le Nil. Forte de 1370 collaborateurs, CNR produit plus de 14 TWh annuels issus de son mix hydraulique, éolien et photovoltaïque. Le capital de CNR est majoritairement public : la Caisse des dépôts ainsi que les collectivités locales détiennent plus de 50% du capital, et ENGIE, actionnaire de référence, 49,97%.

Le barrage de Koukoutamba fournira près de 300 MW

A l’occasion de la signature de l’accord-cadre entre la CNR et la SEMAF, le haut-commissaire de l’OMVS, Hamed Diagne Séméga, a annoncé que l’Organisation va « lancer très prochainement » les travaux du barrage hydroélectrique de Koukoutamba, un projet dont le coût total représenterait 650 milliards de F.CFA (991 millions d’euros). L’entreprise de construction a été sélectionnée « il y a juste une semaine. »

Situé en Moyenne Guinée sur le fleuve Bafing, à 570 km au nord-est de Conakry, le barrage de Koukoutamba créera une retenue d’eau d’environ 4,3 milliards m3 pour un productible de 890 GWh par an.

L’appel d’offres international lancé le 15 mars 2016 comprenait les ouvrages principaux et installations annexes suivants : un barrage de 86 m de hauteur, avec l’évacuateur de crues et les ailes en enrochement/remblais ; une centrale dotée de 4 groupes Francis de puissance nominale unitaire 73,5 MW, soit 294 MW au total ; deux lignes d’évacuation de l’énergie (lignes HT 225 kV de 465 km environ et 250 km avec postes et dispatching) vers Manantali (Mali) et Manéah (Guinée); la route d’accès au site du barrage de 150 km (Labé-Koukoutamba) ; et la cité du maître d’ouvrage et celle des entreprises.

Le complexe hydroélectrique de Koukoutamba lui-même était évalué par l’OMVS en décembre 2017 à 712 millions de dollars (environ 380 milliards de F.CFA).

Le projet Koukoutamba est conduit dans le cadre de la Société de gestion de l’énergie des ouvrages du haut-bassin guinéen du fleuve Sénégal (Sogeoh), dont le premier conseil d’administration s’est tenu le 2 décembre 2017 à Conakry.

Après le barrage anti-sel de Diama (achevé en août 1986, programme de réhabilitation de 60 millions $) non loin de l’embouchure du fleuve Sénégal, et les barrages hydroélectriques de Manantali (200 MW) au Mali sur le Bafing (achevé en mars 1988) et de Félou (60 MW) au Mali sur le fleuve Sénégal (inauguré en décembre 2013), l’OMVS construit actuellement au Mali sur le fleuve Sénégal le barrage de Gouina (140 MW, 435 millions $), dont l’achèvement par Sinohydro est prévu en 2020.

Outre Koukoutamba, l’OMVS prévoit également à moyen terme la construction des barrages de Gourbassi (18 MW, barrage à buts multiples, 250 millions $) sur la Falémé à la frontière Sénégal-Mali, Boureya (114 MW) et Balassa (181 MW), tous deux sur le Bafing en Guinée. Le réseau de transport de l’énergie sera renforcé et modernisé, et à l’achèvement de ces projets, le système énergie de l’OMVS représenterait une puissance installée d’environ 1 000 MW.

Le port fluvio-maritime de Saint-Louis, projet le plus structurant

Le haut-commissaire de l’OMVS a également annoncé le 12 avril la réalisation d’un port fluvio-maritime à Saint-Louis, à l’embouchure du fleuve Sénégal, pour un coût de près de 500 millions d’euros (328 milliards de F.CFA). Ce port, « l’un des plus modernes d’Afrique, servira de levier de développement pour l’ensemble du bassin des quatre pays » membres de l’OMVS (Guinée, Mali, Mauritanie et Sénégal). « Même la Guinée, qui n’est pas nécessairement concernée par ce projet, va bénéficier de son impact positif. »

Le projet comprendra « un port de pêche, un port de plaisance et un port de commerce. Cela va créer une dynamique à l’intérieur de la ville de Saint-Louis avec tout ce qu’il va générer en termes d’activités pour venir ainsi en soutien à l’ensemble des programmes du Sénégal, mais aussi des pays qui partagent le fleuve…Il s’agit du projet le plus structurant pour l’OMVS. » Le gouvernement indien, à travers l’Export-Import Bank of India, a décidé d’accompagner le projet, a précisé Hamed Diagne Séméga.

Sur invitation de la banque, le haut-commissaire de l’OMVS a effectué fin mars dernier une mission à Delhi, en compagnie du directeur général de la Société de gestion et d’exploitation de la navigation sur le fleuve Sénégal (SOGENAV), Mamadou Faye. Le projet de navigation, dont la société indienne Afcons (groupe Shapoorji Pallonji) serait partenaire, a été présenté à cette occasion.

Dans le cadre du Système intégré de transport multimodal (SITRAM), qui comprend des composantes Routes et une composante Navigation, la composante Navigation repose principalement sur la navigabilité pérenne du fleuve Sénégal sur 905 km, entre Saint-Louis au Sénégal et Ambidedi au Mali.

Le premier volet, la navigation de base, comprend : l’aménagement d’un chenal fluvial ; la construction du port fluvio-maritime à Saint-Louis et d’un port fluvial à Ambidédi ; la construction d’une dizaine d’escales portuaires ; et la réalisation de routes d’accès aux ouvrages hydroélectriques existants et à venir.

Le second volet, le transport minéralier sur le fleuve, facilitera l’exploitation et l’évacuation à moindre coût des différentes richesses minières existant le long du fleuve dans les 3 pays concernés (phosphates de Bofal en Mauritanie, phosphates de Matam au Sénégal, gisement de fer et de bauxite au Mali).

Ce volet prévoit : la construction d’un port maritime en eau profonde aux environs de Saint-Louis ; la construction de quais minéraliers à Matam et Boghé dans un premier temps ; l’extension de l’aménagement du chenal navigable à 75m de largeur ;  et à terme, la construction de quais minéraliers au Mali également.

Consolidant ses accords techniques internationaux, l’OMVS a renouvelé le 16 avril son partenariat avec un autre organisme français, l’Agence de l’eau Adour-Garonne. Signée par Hamed Diagne Séméga et Guillaume Choisy, directeur général de l’Agence, la convention 2018-2020 porte sur des appuis dans divers domaines : mise œuvre d’actions de gestion intégrée de la ressource en eau à l’échelle du bassin du fleuve Sénégal (mise à jour du Schéma directeur d’aménagement et de gestion du fleuve Sénégal/SDAGE, déclinaison d’actions issues du SDAGE, concertation avec les partenaires, expertise, etc.), utilisation d’images satellitaires ; opérationnalisation du Comité de bassin ; amélioration de l’agriculture irriguée en liaison avec la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (CACG); renforcement des capacités de la Société de gestion de Diama (SOGED) dans le domaine de la facturation et du recouvrement des redevances (automatisation des procédures, fiscalisation des redevances, appui à l’identification d’acteurs économiques, etc.) ; renforcement des capacités du système OMVS dans le domaine de la documentation, de l’informatisation, de l’information et de la communication …

La coopération décentralisée entre les collectivités locales des deux bassins sera également appuyée et orientée prioritairement vers l’eau potable et l’assainissement.

En outre, les deux structures collaboreront en vue de la réussite du Forum mondial de l’eau, prévu en 2021 à Dakar. Initiée en 2003, la coopération entre les deux organisations a été marquée par la conception et la mise en place du Comité de bassin du fleuve Sénégal, la formulation du SDAGE…

Couvrant 117 650 km2 dans le Sud-Ouest de la France, et comprenant deux grandes communautés urbaines, Bordeaux et Toulouse, le bassin hydrographique Adour-Garonne représente le cinquième du territoire métropolitain.

Écrit par
ade

exaple example example

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *