Konza Technology City : Vitrine de l’Afrique de demain

À quelques kilomètres de Nairobi, Konza Technology City, autrement connue sous le nom de Silicon Savannah, incarne les ambitions kenyanes, et au-delà, un nouveau modèle de construction des villes africaines de demain.
Par Dounia Ben Mohamed
Nous sommes ici sur le site de Konza Technology City baptisé Silicon Savannah. Une Smart city où les gens vont vivre et travailler ». Cette nouvelle ville de 2000 hectares est entièrement articulée autour des nouvelles technologies dans laquelle prendront place des start-up, des universités, des services, des logements…
« Le Kenya a fait beaucoup de progrès en termes d’infrastructures pour la constitution de villes intelligentes et connectées. Vous avez une bonne pénétration des réseaux de télécommunications comme le démontrent M-Pesa ou Safaricom. »
Si le projet n’est encore qu’une réalité virtuelle, John Tanui, CEO de Konza Technopolis Development Autority, l’autorité en charge de le matérialiser, a pour mission de le promouvoir et d’attirer les investisseurs, les leaders internationaux en matière de nouvelles technologies notamment.
Projet phare de la vision Kenya 2030
Initié en 2008 et entré en chantier en 2013, KCT, projet phare de la vision Kenya 2030, évalué à 400 millions de dollars, doit être porté à 90 % par le privé. « Le gouvernement facilite l’accès à la zone, aménage les infrastructures, les routes, l’accès à l’eau et l’électricité, mais le développement doit être à 90 % assuré par le privé », souligne John Tanui.
Alors qu’Huawei, Cisco, IBM, Microsoft et autres leaders in Tech se sont déjà positionnés sur le projet, John Tanui est optimiste. « Nous avons engagé des discussions et tout le monde est très intéressé par ce projet », par la construction du data center, pièce maîtresse de Technopolis.
À la fois le coeur et la vitrine de KTC, ce bâtiment de huit étages est entièrement dirigé par les NTICS et répond aux nouvelles normes environnementales internationales, avec en son sein un restaurant, un parking et des dizaines de bureaux.
« C’est un projet résolument tourné vers l’écologie, souligne Annah Musyimi, directrice du projet. Nous répondons à toutes les normes environnementales. Cela permet de lutter contre le gaspillage énergétique. » Architecte de profession, Annah Musyimi a réalisé tous les plans de Technopolis.
« Nous fonctionnons à l’énergie solaire. Pour l’eau, nous avons mis en place un système qui permet de contrôler son débit et d’arrêter automatiquement le robinet après consommation pour éviter le gaspillage. Enfin, notre émission de carbone est régulée et contrôlée depuis un centre de contrôle qui enregistre nos émissions de carbone dans une data base. »
Un pur produit kenyan
Un concept élaboré en partenariat avec la société américaine Tetra Tech Incorporation, basée à Denver dans le Colorado. « Son expertise dans la construction de Smart City nous a été très utile », souligne Annah Musyimi.
Mais si KTC s’inspire de la Silicon Valley américaine ou de Songdo en Corée du Sud, c’est un pur produit kenyan assure son architecte. « Nous nous inspirons de ces modèles. Mais notre ancrage est local, ce qui donne sa singularité à ce projet », tout autant que son ambition de s’ériger en temple du high-tech Made in Africa.
Sachant que le Kenya fait déjà office de hub numérique. I Hub, M-Pesa ou encore Safaricom ayant participé à le positionner sur la carte des pays les plus avancés dans le domaine en Afrique. Mais avec Konza, l’ambition est plus forte.
« Le Kenya a fait beaucoup de progrès en termes d’infrastructures pour la constitution de villes intelligentes et connectées. Vous avez une bonne pénétration des réseaux de télécommunications comme le démontre M-Pesa. Ces avancées ont fait que le Kenya est devenu un pays leader de la région, mais le rôle de Konza est de fournir l’excellence, assure John Tanui.
Maintenant le Kenya doit suivre l’exemple de l’Institut de Caroline du Nord ou de l’Institut de Corée du Sud. Pour cela, nous avons le soutien des leaders de notre pays car ils savent la contribution qu’apportera Konza à notre économie, l’innovation et l’emploi. »
Pour ce dernier volet, en plus de contribuer à hauteur de 2 % du PIB, 200 000 emplois doivent être créés d’ici à 2030 grâce à KTC. Un défi majeur pour un pays qui connaît un important chômage des jeunes (17 %, selon la Banque mondiale).
Pour tenir toutes ses promesses, et passer du virtuel au réel, Konza devra attirer les leaders mondiaux des technologies. Également attirés par une autre Smart City, Kigali Innovation City…