Une aide d’urgence pour le Sahel

Le Sahel va bénéficier d’une aide supplémentaire de 1,7 milliard de dollars. Elle bénéficiera aux populations du Mali, du Niger et du Burkina Faso, d’ici la fin 2021. Les Nations unies pressent les donateurs internationaux d’aider une région triplement éprouvée.
Paule Fax
L’appel d’Antonio Guterres a été, en grande partie, entendu. Les pays donateurs ont promis d’accroître l’aide humanitaire aux pays du centre Sahel de 1,7 milliard de dollars. À l’image du secrétaire général des Nations unies, ils veulent éviter que la région ne sombre « dans l’une des plus grandes crises humanitaires au monde ».
Le secrétaire général de l’ONU estime possible le dialogue avec certains groupes djihadistes au Sahel, comme les Talibans avec lesquels un dialogue est engagé. Avec, pour objectif, un processus politique et le retour à la paix.
Cette somme réunie par 24 gouvernements et donateurs institutionnels est destinée aux populations du Niger, du Mali et du Burkina Faso. « Une fois débloqués, les fonds permettront d’aider dix millions de personnes pour le reste de l’année 2020 et jusqu’en 2021 en matière de nutrition et d’alimentation, de services de santé, d’eau et d’assainissement, de logement, d’éducation, et de protection et de soutien aux victimes de violences basées sur le genre », précise un communiqué commun.
« La région du Sahel central arrive à un point de rupture », avait mis en garde Antonio Guterres lors de son intervention, à l’occasion d’une conférence virtuelle des donateurs. « Nous devons renverser cette spirale destructrice en donnant un nouvel élan à la paix et à la réconciliation. » Le Sahel devient « un microcosme de risques mondiaux en cascade qui convergent dans une seule région ».
En effet, cette région est triplement touchée par les violences armées entre groupes djihadistes et forces gouvernementales appuyées par des forces internationales, le changement climatique qui bouleverse des écosystèmes et des modes de vie fragiles, et aussi la pandémie de Covid-19.
Plus de 1,5 million d’habitants de la région du Sahel central ont été contraints de quitter leur foyer à cause de la violence, soit un chiffre multiplié par vingt en deux ans. La violence basée sur le genre a grimpé en flèche, des millions d’enfants ne sont pas scolarisés et les services de santé et services sociaux de base font défaut.
« Le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë est trois fois plus important aujourd’hui qu’il y a un an », souligne le communiqué. Treize millions de personnes, dont sept millions d’enfants, dépendent de l’aide humanitaire.
Investir auprès des femmes et des filles
Heiko Maas, ministre allemand des Affaires étrangères, a estimé que « tous les indicateurs sont dans le rouge foncé ». Il a exhorté « les parties au conflit à respecter leurs obligations en vertu du droit international et à protéger le personnel humanitaire ».
De son côté, Mark Lowcock, secrétaire général adjoint des Nations unies et coordonnateur des secours d’urgence, a insisté sur le « tribut très lourd » que payent les femmes et les filles. Pour mieux souligner qu’investir dans leur avenir « est la meilleure chose que nous puissions faire pour aller de l’avant ».