Le cours magistral de Macky Sall

Le président du Sénégal et de l’Union africaine appelle à des partenariats nouveaux pour que chacun tire mieux bénéfice des projets pétroliers et gaziers. La transition énergétique ne doit pas empêcher le continent d’exploiter ses ressources en ce sens : tel devra être, selon Macky Sall, le message de l’Afrique à la COP27.
« Dans la nouvelle configuration du monde, les ressources énergétiques sont des atouts majeurs pour l’Afrique. Aussi, nous ne devons pas accepter que notre continent soit un objet de la géopolitique mondiale, mais un acteur, conscient de sa richesse naturelle d’intérêts, qui agit sur la concurrence au lieu de la subir. » Ainsi s’est exprimé Macky Sall à l’occasion de la conférence MSGBC Oil, Gas & Power qui s’est tenue à Dakar les 1er et 2 septembre 2022.
« Tout en restant engagés dans la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat, nous devons continuer à défendre les intérêts de nos pays dans la perspective de la COP27 en novembre prochain en Égypte », a poursuivi le président du Sénégal et président en exercice de l’Union africaine.
« Tout en restant engagés dans la mise en œuvre de l’accord de Paris, il nous faut poursuivre la défense des intérêts des pays africains ; nous devons suivre notre propre récit africain. »
Appelant à une transition énergétique juste qui permette à l’Afrique de bénéficier des mêmes opportunités que les nations les plus industrialisées du monde, le Président a évoqué le renforcement des partenariats régionaux et la stimulation des investissements dans la région du MSGBC – cet acronyme désigne à l’origine la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée-Bissau et la Guinée Conakry. Macky Sall a souligné le rôle que les méga-développements dans le bassin joueront pour répondre à la demande intérieure tout en répondant aux besoins énergétiques mondiaux.
« Il serait aberrant de renoncer à l’exploitation de nos ressources alors que plus de 600 millions d’Africains vivent encore dans l’obscurité », s’est indigné le président du Sénégal. « Nous devrons former des ressources humaines qualifiées à tous les niveaux pour maîtriser les connaissances et le savoir-faire dans le domaine complexe des hydrocarbures, des soudeurs aux ingénieurs d’études, en passant par les experts financiers et les spécialistes des contrats, pour ne citer que quelques domaines. »
Pour une discussion responsable
Macky Sall entend exploiter le potentiel de la région à résoudre la crise énergétique mondiale, tout en améliorant les conditions du développement socio-économique de l’Afrique.
« L’Afrique ne peut pas être un objet de la géopolitique mondiale, elle doit être un acteur conscient, un concurrent et un collaborateur, avec des partenariats gagnant-gagnant qui font avancer le secteur. » « Bien sûr, a-t-il poursuivi, nous avons besoin de développement des capacités, nous avons besoin de capitaux, mais nous avons surtout besoin que les gens travaillent ensemble ».
Par exemple, dans le gaz, il faut qu’à l’occasion de la deuxième phase de Grand Tortue Ahmeyim, « la part qui revient à nos pays soit renforcée ». Sachant que les pays africains « ont un besoin d’exportation de gaz pour avoir des devises ». Et le Président d’appeler à « une discussion responsable entre partenaires, États et opérateurs ».
Macky Sall a fait observer que lors de la COP26, en 2021, il a été décidé de geler les financements extérieurs pour les hydrocarbures, ce qui sonnait alors comme « un coup fatal » pour l’Afrique. « Mais je suis heureux d’annoncer que cela ne nous a pas empêchés de progresser », a-t-il ironisé. « Je suis heureux de voir de jeunes Africains s’avancer pour prendre le relais et je salue la possibilité de l’effet transformationnel que cette industrie pourrait avoir sur nos nations. »
À ce propos, il a appelé la communauté scientifique à avoir « une conscience claire des perspectives qui sont devant nous sur ce sujet ». Autrement dit, scientifiques et universitaires ne doivent pas se contenter du thème actuel de la « transition énergétique » sans se demander « pourquoi » ce thème aujourd’hui et où il conduit le continent. Macky Sall a révélé que le Sénégal est déjà bien engagé dans son mix énergétique, revendiquant 31% de sa production en énergie renouvelable : « Très peu de pays développés ont atteint même le taux de 18%, donc, nous sommes déjà dans l’accord de Paris… »
Imposer notre propre récit africain
« Car ce qui compte au final, c’est que l’exploitation de nos ressources se fasse dans les meilleures conditions de transparence et d’efficacité, pour l’amélioration des conditions de nos populations et le progrès de nos pays. C’est notre devoir. »
Avant la COP27, une dynamique plus consensuelle se dessine sur la transition énergétique ; « il faut nous en réjouir », a commenté le président de l’Union africaine qui a conclu : « Tout en restant engagés dans la mise en œuvre de l’accord de Paris, il nous faut poursuivre la défense des intérêts des pays africains ; nous devons suivre notre propre récit africain. »
Au cours de cette réunion de professionnels, le président Macky Sall a été distingué par un prix remis par l’organisateur de l’événement, Energy Capital & Power (ECP), pour son engagement dans les énergies renouvelables. Sous la direction du président Sall, fait observer ECP, le Sénégal a dépassé son objectif de tirer un tiers de l’approvisionnement de son réseau national de l’énergie renouvelable, et a également supprimé la TVA sur les panneaux solaires et les technologies associées.

D’autres personnalités ont été distinguées : Omar Farouk Ibrahim, secrétaire général de l’Organisation des producteurs de pétrole africains, a reçu le prix de l’Innovation. L’opérateur australien Woodside a reçu le prix du Projet pétrolier pour avoir été à l’initiative du projet sénégalais Sangomar ; BP a été distingué dans le gaz, en tant qu’opérateur de Grand Tortue Ahmeyim, dont la première phase fournira le premier gaz à la fin de 2023, avec une production initiale de 2,5 millions de tonnes de GNL par an. D’ailleurs, ce projet se rapproche rapidement d’une décision finale d’investissement pour sa deuxième phase de développement, qui devrait permettre de doubler la capacité de production pour atteindre cinq millions de tonnes de GNL par an.
Enfin, le prix des jeunes professionnels revient à une étudiante de l’Institut national du pétrole et du gaz (INPG) du Sénégal : Fatimata Agne Fall.
@AB