Macky Sall : Auspices favorables pour le second mandat

La réélection de Macky Sall semble refléter la confiance des citoyens dans sa gestion du pays. Quelles sont ses priorités aujourd’hui ? Juguler l’endettement, avant que les recettes pétrolières ne tombent.
Par Rafiq Raji
a bonne santé économique du Sénégal a permis à Macky Sall d’être réélu pour un second mandat. Le taux de croissance du pays est passé de 5 % en 2012, l’année où Sall est devenu Président, à 7 % en 2017.
D’après les prévisions du FMI, cette dynamique pourrait se maintenir jusqu’en 2023. D’autant qu’à partir de 2022, la production de pétrole et de gaz devrait générer une croissance à deux chiffres.
Au coeur des ambitions de Macky Sall, figure la ville nouvelle de Diamniado, qui comprend une université, des maisons d’habitation à prix modérés, un centre industriel, des loisirs, et un aéroport d’un coût de 575 millions $.
Seule ombre au tableau, « la forte hausse de la dette du pays », relevée par Mark Bohlund, de Bloomberg Economics, qui rappelle que « ces dernières années, le gouvernement a beaucoup emprunté pour profiter plus tard des flux de revenus que génère l’exploitation des ressources naturelles ».
Aussi, « la réduction de la dette sera-t-elle une priorité dans les années à venir », juge Mark Bohlund qui précise que « le gouvernement s’est engagé à juguler le déficit budgétaire en faisant passer ses recettes fiscales à 20 % du PIB, le taux fixé par l’Uemoa ».
Si le pays y parvient, « cela confirmerait sa fiabilité ; le Sénégal est l’un des rares pays africains dont les agences de notation de crédit ont relevé la note : Standard and Poor’s a maintenu la notation du Sénégal à B+ en décembre dernier », indique-t-il.
De son côté, Adeline Van Houtte, spécialiste Afrique à l’Economist Intelligence Unit à Londres, analyse les perspectives du pays après la présidentielle : « Macky Sall peut à présent mettre en oeuvre la deuxième phase de sa stratégie de développement économique. »
Bien sûr, « comme beaucoup d’autres chefs d’État africains, le Président a pu profiter de l’avantage d’être déjà au pouvoir, mais sa victoire est aussi due aux très bons résultats économiques du pays », estime l’analyste qui observe : « Néanmoins, le procès de Khalifa Sall, très populaire, et son exclusion des élections, ont déçu beaucoup d’électeurs. »
Aussi, « le Président devra-t-il restaurer la confiance dans sa gouvernance, en particulier aux yeux des jeunes citadins et des médias ; il devra également recréer une relation avec les membres de l’opposition. »
Continuité de la politique
Encouragé par les excellents résultats économiques (la croissance du PIB a dépassé 6 % en moyenne entre 2014 et 2018), et avec l’exploitation de nouveaux gisements d’hydrocarbures qui vont fortement augmenter les recettes de l’État à partir de 2021-2022, « le Président pourrait être tenté de se concentrer sur l’économie et négliger les réformes de gouvernance ».
En effet, « Macky Sall va bénéficier d’une forte majorité au parlement, qui facilitera la mise en oeuvre de sa politique. Le gouvernement a dressé une liste de priorités pour la prochaine phase de sa stratégie de développement Plan Sénégal émergent (PSE), adoptée en 2014. »
Adeline Van Houtte rappelle que les vastes projets d’infrastructures ayant bénéficié de financements étrangers ont joué un rôle majeur dans la phase 1 du PSE. La phase 2 comprendra également des projets d’infrastructures ruraux, notamment la construction de 3 050 km de routes rurales et l’électrification de 675 villages.
« La deuxième phase mettra également davantage l’accent sur la hausse de la productivité, l’amélioration des services sociaux et la réduction de la pauvreté. Une réunion de bailleurs de fonds en décembre a permis de mobiliser 13 milliards d’euros de promesses d’aide – doublant le niveau de l’assistance étrangère par rapport à la première phase du PSE. La France s’est montrée particulièrement généreuse, s’engageant à verser 1,5 milliard d’euros. »