L’articulation conflits-développement en chiffres

Dans un rapport intitulé Voies de la paix : des approches inclusives pour prévenir les conflits violents, publié en mars dernier, la Banque mondiale et les Nations unies estiment qu’investir dans la prévention des conflits permettrait d’économiser annuellement jusqu’à 70 milliards $ au niveau mondial, en plus de sauver des vies.
« Les pertes économiques posées par les conflits sont énormes, d’où l’intérêt pour tous les acteurs d’investir dans la prévention. Les conflits alimentent aujourd’hui 80 % de tous les besoins humanitaires. Les chiffres que nous avons pu publier montrent que ces conflits régulent la croissance du PIB de 2 % par an en moyenne », relate Franck Bousquet, responsable du groupe Fragilité, conflits et violences à la Banque mondiale.
Au-delà du coût humain, énorme, un conflit s’accompagne d’une contraction du PIB et peut favoriser l’apparition de ce que les experts de la Banque mondiale appellent une « trappe de pauvreté », une situation dans laquelle un pays reste bloqué dans un équilibre de bas niveau.
Les guerres désorganisent et détruisent les infrastructures physiques, le capital social, l’activité et les prestations gouvernementales. Elles affaiblissent et déstructurent le capital humain. Les guerres civiles sapent l’économie, réduisent la croissance économique, les flux de capitaux, les exportations, les investissements et l’épargne.
En effet, l’étude de la distribution des taux de croissance en Afrique entre 1995 et 2013 révèle, sans surprise, que ceux qui affichent un taux de [croissance] négatif – comme le Soudan, le Soudan du Sud et la République centrafricaine – ont été en situation de conflit ces dernières années. En moyenne, les pays limitrophes des zones de conflits à haute intensité connaissent un déclin annuel de 1,4 % de leur PIB et un accroissement de 1,7 point de leur inflation, révèle une étude de l’OCDE.
Un autre chiffre pour illustrer l’articulation sécurité-développement : les économistes estiment que les risques de guerre dans les pays dont le revenu per capita est de 1 000 $ sont trois fois plus importants que dans ceux dont le revenu per capita est de 4 000 $. Le taux de croissance du PNB est aussi inversement corrélé avec les risques de conflits : ces derniers sont deux fois plus élevés dans les pays dont le taux de croissance est de -6 % que dans ceux dont le taux de croissance est de +6 %.
La dimension sécuritaire pousse aussi certains pays à consacrer une importante part de leur budget à cette question au détriment des infrastructures, l’éducation ou la santé. À titre d’exemple, un pays comme le Niger consacre 15 % de son budget à la sécurité, contre 10 % pour l’éducation. Le Mali a triplé ses dépenses militaires depuis 2012.
Au total, les dépenses militaires des pays du G5 Sahel représentent 1,2 milliard $. Un rapport de la fondation Mo Ibrahim souligne qu’en moyenne, 2,1 % du PIB du continent sont investis dans la Défense. Si ce taux est l’un des plus faibles de la planète, la réalité est très différente d’un pays à un autre.
À cet effort budgétaire s’ajoutent les conséquences sur le long terme. Les guerres désorganisent et détruisent les infrastructures physiques, le capital social, l’activité et les prestations gouvernementales. Elles affaiblissent et déstructurent le capital humain. Les guerres civiles sapent l’économie, réduisent la croissance économique, les flux de capitaux, les exportations, les investissements et l’épargne.