Une initiative pour réduire les coûts de transferts

Un partenariat public-privé réunit le FIDA et les Fintechs InTouch et MFS Africa, ainsi que Orange Mobile. Ces acteurs veulent diminuer un peu plus le coût des transferts des migrants vers les zones rurales du Sénégal.
Les aides des migrants ou de la diaspora se heurtent au coût exorbitant des transferts de fonds. C’est pour répondre à cet écueil que le FIDA (Fonds international de développement agricole), des Nations Unies, noue deux nouveaux partenariats public-privé afin d’améliorer l’accès des travailleurs migrants aux services de transferts. Ils visent un meilleur accès aux services et produits numériques et financiers dans les zones rurales du Sénégal.
D’ici à 2024, 6 000 travailleurs migrants sénégalais et membres de la diaspora en France devraient avoir adopté des solutions numériques à bas coût pour envoyer de l’argent à leur famille.
« Les envois de fonds des migrants sont un filin de sécurité pour les populations rurales. Les solutions de transfert d’argent par mobiles offrent à de nombreuses localités sénégalaises mal desservies la possibilité d’avoir pleinement accès aux services financiers », explique Pedro de Vasconcelos, en charge du Mécanisme de financement pour l’envoi de fonds du FIDA.
Pour ce mécanisme, le FIDA s’est allié à InTouch, une Fintech sénégalaise pionnière, présente dans quatorze pays et spécialisée dans les solutions de paiements, et l’émetteur de monnaie électronique Orange Money, un émetteur de monnaie électronique. Ces partenaires vont promouvoir les services de transfert d’argent international par mobile à bas coût dans les zones rurales en déployant un réseau d’agents pérenne dans ces zones encore mal desservies. Ce partenariat cible le corridor entre la France et le Sénégal, qui représente un tiers des transactions de ce type effectuées dans le pays. InTouch s’appuiera sur les réseaux d’Orange Finances Mobiles au Sénégal et en France.
Dans le cadre du second partenariat, le FIDA s’efforce de renforcer sa collaboration existante avec l’entreprise de paiements numériques MFS Africa. L’objectif est de permettre aux opérateurs de transferts numériques d’envoyer directement de l’argent sur des portefeuilles mobiles. Les partenaires de MFS Africa sont Paysend en Europe et Afrimoney en Gambie. Au Sénégal, Orange Money proposera ce service.
Certes, le coût moyen d’un envoi de fonds de la France ou de l’Italie vers le Sénégal est relativement faible, par rapport à d’autres « corridors » : il s’élevait au troisième trimestre 2022 à 4%, soit un niveau proche de la cible de 3% des Objectifs de développement durable.
10% du PIB
« Il est possible de réduire encore davantage les coûts des envois de fonds en tirant parti des solutions numériques intégrées de bout en bout permettant la réception des fonds sur des portefeuilles mobiles », explique Pedro de Vasconcelos. « En effet, au Sénégal, si près de la moitié des adultes ont un porte-monnaie électronique mobile, moins de 5% des envois de fonds entrants passent par ce canal. »
Sur la décennie écoulée, ces envois de fonds représentent environ 10% du PIB. En 2021, ces flux internationaux ont atteint 2,9 milliards de dollars.
« Au Sénégal, dans 124 communautés rurales qui ont un taux élevé de migration et reçoivent un volume important d’appels téléphoniques en provenance de la France, on constate un écart notable entre le nombre de détenteurs d’une carte SIM Orange et le nombre d’utilisateurs de services financiers mobiles Orange Money », explique Cheikh Tidiane Sarr directeur général du réseau Orange. Le taux de pénétration de OFMS dans ces zones rurales était de 13% en 2021. « L’un des objectifs du projet est de doubler le nombre de portefeuilles électroniques dans ces communautés rurales, grâce aux transferts internationaux. » Selon Cheikh Tidiane Sarr, les envois de fonds numériques sont plus abordables, plus rapides et plus sûrs, en particulier pour les personnes vivant dans des zones reculées.
« InTouch doit impérativement améliorer la qualité et la disponibilité de ses agents dans les zones rurales pour se développer et mener à bien sa mission sociale, qui est de favoriser l’inclusion numérique et financière au Sénégal », explique de son côté Omar Cissé, PDG de la Fitech.
Le projet mené à bien par InTouch sera aussi l’occasion de tester, à titre pilote, un nouveau service de paiement auprès de commerçants dans certaines localités sénégalaises sélectionnées, qui reçoivent essentiellement des envois de fonds en provenance de la France. Environ 300 migrants qui vivent en France pourront envoyer de l’argent et payer directement pour l’achat de marchandises dans des magasins sénégalais pour les membres de leur famille, sans frais supplémentaire. Ce service de paiement facilitera l’inclusion numérique et financière, et contribuera au développement de l’écosystème des paiements numériques dans les zones rurales.
Des objectifs chiffrés
D’ici à 2024, 6 000 travailleurs migrants sénégalais et membres de la diaspora en France devraient avoir adopté des solutions numériques à bas coût pour envoyer de l’argent à leur famille, juge le FIDA. De plus, on estime que 9 000 bénéficiaires d’envois de fonds mobiles dans les campagnes sénégalaises utiliseront un porte-monnaie électronique mobile pour recevoir de l’argent et qu’ils pourront compter sur un vaste réseau de 300 agents locaux pour déposer ou retirer de l’argent et de 60 commerçants qui accepteront les paiements en ligne effectués depuis l’étranger.
Au total, 28 000 émetteurs et destinataires de transferts monétaires qui se trouvent dans ces pays bénéficieront de solutions d’envois de fonds numériques et mobiles grâce à l’intégration par MFS de ces opérateurs. MFS Africa testera également un produit d’assurance, qui sera proposé par les opérateurs de transferts monétaires et profitera aux migrants sénégalais en Italie et en Allemagne.
@AB