Directrice générale et co-fondatrice de Labell’Com, une agence africaine, basée à Dakar et spécialisée en communication politique, publique et marketing territorial, Fatou Kassé-Sarr est l’organisatrice du Carnaval de Dakar. Dont la troisième édition se tiendra du 25 au 27 novembre 2022.
Comment définiriez-vous le Carnaval de Dakar ?
D’abord comme un évènement qui valorise nos terroirs. Il promeut la diversité culturelle et, nous l’espérons, contribue à préserver notre patrimoine culturel. Il est à la fois une fête et une industrie culturelle et créative à fort impact économique. Le Carnaval est donc un prolongement naturel de notre cœur de métier qui est de contribuer à travers notre savoir-faire, à l’image du pays et à son économie.
Pourquoi est-il important pour vous qu’on parle du carnaval de Dakar hors du pays ?
Au-delà de l’aspect festif, le Carnaval constitue une manière de contribuer à la nouvelle narration africaine et de son soft power. Il s’agit pour nous de montrer que le Sénégal, et l’Afrique ont une histoire, des cultures et des terroirs riches et qui restent méconnues.
De plus, la culture est un puissant outil de dialogue entre les peuples et l’époque que nous vivons est emplie de peurs de l’autre. Le Carnaval de Dakar, par sa dimension fédératrice espère contribuer à son niveau à une ouverture à l’autre.
Parler du Carnaval de Dakar, est aussi une manière de montrer que la Culture et les évènements culturels sont des outils économiques qui font travailler de nombreuses filières artistiques, évènementielles, touristiques. Ce sont des leviers pour le tourisme, secteur autour duquel gravite tout un écosystème allant de l’hôtellerie à la restauration en passant par l’artisanat.
Comment les autorités sénégalaises ont-elles accueilli le projet ?
Dès la première édition, les autorités sénégalaises, à travers le ministre de la Culture d’alors, Abdou Latif Coulibaly, nous ont très bien accueillis. D’ailleurs, cet accueil nous a poussés à persévérer malgré les difficultés. Nous avons par la suite reçu un courrier d’encouragement du président de la République du Sénégal reconnaissant l’utilité de l’évènement pour l’amitié entre les peuples et le tourisme. Nous espérons donc que la suite sera un soutien plus affirmé, permettant de consolider cet évènement et de le propulser.
Le ministère des Collectivités territoriales nous a accompagnés et nous avons signé un partenariat avec l’Agence sénégalaise de Promotion touristique (ASTP), ainsi qu’avec la ville de Dakar.
L’événement a pour objectif de faire la promotion des cultures nationales du Sénégal, et de montrer les différentes facettes de la richesse culturelle du pays, saupoudrée d’une belle dose de la Teranga sénégalaise, l’art de recevoir.
L’artiste Baaba Maall est le parrain de cet événement dont le Nigeria est le pays invité d’honneur. L’ambition première de Fatou Kassé-Sarr est de faire de cet évènement annuel, un rendez-vous incontournable mais également un outil pour vendre « la destination Sénégal ».
Cela dit, nous considérons qu’on ne peut pas tout attendre de l’État, nous essayons également de sensibiliser le secteur privé sénégalais de l’intérêt de cet évènement pour l’économie, car la perception générale des évènements culturels est assez réductrice. Alors que tout le monde gagnerait à soutenir ce type d’évènements positifs, qui drainent du monde et font travailler de nombreuses filières. Nous sommes nombreux à nous lancer mais beaucoup abandonnent malheureusement de beaux projets à cause des difficultés relatives au désintérêt des sponsors. Nous avons besoin de cet appui pour consolider avant de pouvoir voler de nos propres ailes.
Comment s’inscrit le Carnaval de Dakar dans le projet gouvernemental qui fait la vente et la promotion de la « destination Sénégal ?
Le tourisme représente une importante source de devises, pour le Sénégal. Lequel affiche un plan ambitieux visant à accueillir plus de trois millions de touristes par an, à l’horizon 2023.
Le pays est une destination emblématique du continent pour de nombreuses raisons, dont sa particularité culturelle, mais il fait aussi face à une rude concurrence. À côté des autres offres touristiques, le Carnaval de Dakar, évènement culturel qui valorise la « senegalese touch », constitue un complément qui ne peut pas être ignoré.
Il suffit de regarder les chiffres de fréquentation des carnavals étrangers, pour faire une projection de l’apport prévisionnel du Carnaval de Dakar. Au-delà de notre accord avec l’ASTP, nous sommes les partenaires d’une association composée d’agences de voyages, d’hôteliers et de différents acteurs touristiques : le Collectif des acteurs du tourisme au Sénégal.
Ses membres estiment que le Carnaval représente un élément attractif de la destination, surtout en cette période de sortie de crise post-Covid-19, qui a fragilisé de nombreux secteurs. Donc le Carnaval se positionne comme une offre de tourisme culturelle et s’inscrit en complément des autres offres touristiques existantes.
La troisième édition s’approche, comment s’est passé les précédentes éditions ?
La troisième édition, du vendredi 25 au dimanche 27 novembre, sera précédée d’une conférence, le 24 novembre, sur le thème : « Diversité culturelle, créativité et économie locale ». Les précédentes éditions se sont bien passées. Nous avons à chaque fois pu avancer un peu plus dans notre offre programmatique et montrer le sens que nous donnons à cet évènement. Nous remercions pour cela nos partenaires associatifs et les bénévoles qui se sont joints à nous, car sans eux il serait difficile de continuer !
Pourquoi le choix du chanteur Baba Maall comme parrain ?
C’est un homme exceptionnel à plusieurs titres : il est un artiste de renommée internationale qui porte la voix de la culture sénégalaise et africaine jusque dans des blockbusters comme Black Panther. L’artiste est aussi un homme aussi engagé dans son terroir ; il organise le Festival Blues du Fleuve, tous les ans le 1er week-end du mois de décembre. C’est un homme humble, qui porte des messages de paix et d’unité. Pour nous il était donc le parrain désigné et naturel.
Nous sommes également accompagnés par le mythique groupe Xalam2 qui a été un pionnier dans la création d’une musique authentiquement inspirée des sonorités du Sénégal. Le groupe donnera, avec Baaba Maal, un concert qui promet d’être un grand moment du festival !
Le Nigeria a accepté d’être le pays d’honneur pour l’édition de 2022, pourquoi le choix du Nigeria parmi les 54 pays africains ?
Le fait que le Nigeria ait accepté notre invitation est déjà un honneur pour nous ! C’est un grand pays, qui a décidé d’utiliser la culture comme un outil de soft power et un outil économique. Et c’est une réussite extraordinaire.
Nous avons donc aussi à apprendre de son dynamisme culturel pour mieux positionner notre secteur culturel. Étant donné que nos États raffermissent des liens, le Carnaval sera nous l’espérons l’occasion de permettre à nos peuples de mieux se connaître.
Quels seront les temps forts de cette troisième édition ?
Le Carnaval se déroule sur trois jours, le dernier week-end du mois. Nous installons un village avec des stands. Et c’est autour de ce village que vont se dérouler un certain nombre d’activités : Food court, spectacles, animations. Les temps forts restent la conférence d’avant carnaval, la Cérémonie officielle d’ouverture, le concert des cultures urbaines, la parade des enfants, la grande parade du Carnaval, le grand concert cette année vous aurez une offre exceptionnelle, le grand déjeuner du dimanche et le sabar de clôture.
Cette année comme nouveauté nous allons élire une linguère du Carnaval qui recevra de nombreux cadeaux de nos partenaires designers et artisans.
Avez-vous un message précis à lancer à la population sénégalaise du continent et de la diaspora ainsi qu’à nos lecteurs hors du Sénégal ?
Nous les invitons à venir faire la fête avec nous, à (re)découvrir la culture sénégalaise ! Car cet évènement parle du Sénégal, de son histoire, de ses instruments de musique, de ses danses, de sa diversité culturelle et de sa capacité d’accueil qu’on appelle « Teranga ». Nous les invitons à nous suivre sur nos réseaux sociaux pour avoir toutes les actualités.
@AB
1 Commentaire
Une occasion pour moi de visiter ce beau pays.