Afrique-Europe : L’approche de la BERD convient à l’Afrique

Le président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement propose une expansion de la BERD en Afrique subsaharienne. Son succès dans la région du MENA devrait aider à convaincre les actionnaires sceptiques de poursuivre dans cette voie.
Par Tom Collins
Créée en 1991 à la fin de la guerre froide, la mission d’origine de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) était de remettre sur pied les économies d’Europe de l’Est qui stagnaient depuis des années sous le système soviétique.
Avec le succès de la reconstruction de la région et alors que la BERD continuait de recevoir beaucoup de capitaux de ses actionnaires (l’Union européenne, la Banque européenne d’investissement, les États membres de l’Union européenne, le Japon et les États-Unis), la banque a voulu investir ailleurs.
En 2012, après le Printemps arabe, la banque s’est déployée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, en investissant en Égypte, en Jordanie, au Maroc et en Tunisie, puis au Liban et dans les territoires palestiniens.
L’an dernier, le président, Suma Chakrabarti, est allé plus loin et a proposé une expansion en Afrique subsaharienne.
Si la proposition se heurte à la résistance de quelques membres, la réussite dans la région du MENA pourrait faire pencher la balance de son côté et conduire à des investissements dans le Sud.
Les compétences de la BERD, acquises lors de la reconstruction de l’Europe de l’Est, correspondent parfaitement aux besoins de l’Afrique en matière de développement, considère Suma Chakrabarti. La banque a pour priorité de financer des projets du secteur privé entre 5 et 250 millions $ par le biais d’emprunts et de prises de participation.
Cela s’inscrit bien dans la logique de développement actuel de l’Afrique, qui privilégie l’entreprise privée.
« L’approche est à présent beaucoup plus commerciale. Par exemple, dans les infrastructures et l’énergie, des financements par le secteur privé sont nécessaires. C’est exactement ce que propose la BERD. »
Soutien aux infrastructures
Depuis sa création, la banque a investi plus de 130 milliards d’euros dans plus de 5 200 projets qui vont de l’agroalimentaire aux biens manufacturés ; l’énergie renouvelable a pris la part du lion ces dernières années.
La BERD a lancé sa politique de transition écologique en 2015, avec l’objectif de faire passer le volume de ses investissements dans les énergies renouvelables à 40 % des investissements commerciaux annuels d’ici à 2020.
Cela s’aligne sur les Objectifs de développement durable de l’ONU, qui visent à accroître substantiellement « la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique international » et à « garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, et à un coût abordable ».
Dans son rapport Perspectives économiques africaines 2018, la BAD estime le déficit de financement des infrastructures en Afrique à 112 milliards $ par an. La BERD a élargi la conception de sa mission de développement en réfléchissant à ce qui caractérisait une économie de marché dynamique.
« Quand nous avons débuté en 1991, l’économie de marché consistait uniquementà faciliter la concurrence entre les pays ou les entreprises ; on ne songeait pas aux questionsenvironnementales, aux entrepreneurs femmes », analyse Suma Chakrabarti.