Afrique Caraïbes, des ponts en construction

Le Forum Afri-Caraïbes sur le commerce et l’investissement 2022 s’est conclu le 4 septembre 2022 à la Barbade, avec l’engagement des participants de construire un pont commercial en vue de forger un avenir nouveau pour l’Afrique et les Caraïbes.
Dans le communiqué présenté à l’issue du Forum Afri-Caraïbes de Bridgetown (Barbade), les partenaires se sont engagés à mettre en œuvre concrètement un partenariat stratégique entre les communautés d’affaires d’Afrique et des Caraïbes, dans le but de favoriser la coopération et l’engagement bilatéraux en matière de commerce, d’investissement, de transfert de technologie, d’innovation, de transport, de tourisme, de culture et d’autres services.
La signature de l’accord de partenariat entre Afreximbank et sept États des Caraïbes, promettent les participants, donnera lieu à des investissements visant à concrétiser les relations commerciales entre les deux régions, avec un accent immédiat sur l’établissement d’un pont aérien et la mise en relation entre entreprises par l’intermédiaire du nouveau Conseil des affaires Afrique-Caraïbes.
Au cours de ce forum ACTIF 2022, tous les intervenants ont souligné l’importance cruciale du renforcement des investissements et du commerce pour la transformation économique et sociale.
Le Premier ministre de la Barbade, Mia Mottley considère que des objectifs clés ont été atteints lors de cette réunion : « Ce qui compte, ce n’est pas tant le sujet, mais l’attitude et l’approche, l’une pour la collaboration et l’autre pour la réduction des risques, que nous sommes venus traiter. » Ce Forum « nous permet de voir comment nous pouvons travailler ensemble pour débloquer ces questions très difficiles qui n’ont fait qu’empirer, malheureusement par des questions indépendantes de notre volonté ».
Mia Mottley, Premier ministre de la Barbade, lors du Forum ACTIF 2022
Le président d’Afreximbank, Benedict Oramah, considère que l’événement « a tenu ses promesses ». Il s’est expliqué durant le Forum : « Nous n’avons pas parcouru ces milliers de kilomètres pour faire un spectacle. Nous sommes venus ici dans un but précis, ce voyage est un investissement. » Dont les bénéfices de cet investissement seront « des résultats concrets qui découlent de l’engagement que nous prenons ici, et que nous verrons dans les prochains mois sur le terrain ».
Des programmes déjà engagés
Premier acte concret, Afreximbank va créer une « Banque d’import-export des Caraïbes » avec un investissement initial de 700 millions de dollars. Ce montant s’ajouterait aux 250 millions $ que la banque a déjà mis à disposition pour soutenir le commerce et l’investissement entre l’Afrique et les Caraïbes.
« Nous serons heureux de faire progresser nos discussions avec la Banque de développement des Caraïbes afin d’accroître les investissements dans les infrastructures favorisant le commerce dans la région, ainsi que les investissements dans l’intégration des pays de la CARICOM dans les chaînes de valeur émergentes en Afrique géographique, rendue possible par la ZLECAf. Nous sommes heureux d’avoir commencé à mettre en œuvre des programmes de stages permettant à des étudiants caribéens de suivre des programmes d’attachement à la Banque », a révélé Benedict Oramah.

L’Afrique et les Caraïbes ont la capacité d’« effacer à jamais les cicatrices du passage du milieu » en coopérant sur les grandes questions auxquelles sont confrontées les deux régions, avait déclaré Mia Mottlet, à l’ouverture du Forum.
À son sens, l’Afrique et les Caraïbes disposent collectivement de la matière grise, de la créativité, de la discipline, de la résilience et du capital nécessaires pour faire la différence, a-t-elle appelé à la création de « ponts aériens » entre les régions.
Soulignant l’importance de collaborer à différents niveaux pour faciliter le développement, la Première ministre a insisté sur le fait que la coopération politique, même si elle est essentielle, n’est pas suffisante pour inverser le sous-développement de l’Afrique et des Caraïbes.
« Nous, enfants de l’indépendance, avons déterminé que nous ne laisserons pas passer une autre génération sans rassembler ce qui n’aurait jamais dû être déchiré. Nous sommes confrontés à des batailles communes, de la crise climatique à la pandémie de coronavirus, et maintenant à son troisième aspect, en ce qui concerne l’inflation et la dette, qui menacent de déchirer un trop grand nombre de nos pays et de replonger dans la pauvreté un trop grand nombre de nos populations. »
S’emparer de son destin
Durant ces crises, les économies dépendantes du tourisme, que ce soit en Afrique ou dans les Caraïbes, ont été littéralement « jetées sur le dos ». C’est pourquoi « nous cherchons à jeter un pont et nous réapproprier notre destin atlantique des deux côtés, au moment même où l’industrie du voyage et du tourisme est confrontée à son plus grand défi depuis des décennies », a déclaré Mia Mottley. « Nous pouvons choisir d’enregistrer cela comme une autre bataille majeure, ou nous pouvons dire, comme mon pays l’a exprimé même au milieu d’un programme du FMI, que si l’on ne saisit pas son destin maintenant, on ne le saisit jamais. »
D’autres annonces concrètes sont attendues en matière de liaisons aériennes et maritimes entre les Caraïbes et l’Afrique, de systèmes bancaires et de paiement, de projets industriels, commerciaux, juridiques communs, sans compter les nécessaires investissements et partages d’expérience dans le développement durable et la lutte contre les dérèglements climatiques.
@AB