Valoriser les matériaux au Congo
Face aux besoins de la construction, le Congo doit encourager la production des matériaux. Si le béton — modernisme oblige — reste privilégié, les choix alternatifs, y compris traditionnels, constituent des relais intéressants.
Chantiers d’immeubles d’habitation et de bureaux, de villas, d’édifices administratifs, de locaux commerciaux et industriels… la construction bat son plein au Congo. Un phénomène qui touche les grandes villes, Brazzaville et Pointe Noire, ainsi que les chefs-lieux de département et les cités de l’intérieur du pays. La raison ? La nécessité de répondre à l’important déficit en construction en tous genres et de « moderniser le pays », un des objectifs du volet construction du programme de municipalisation accélérée. Reste à savoir quel matériau privilégier, selon quels critères, pour quels usages et quelles clientèles. Telles sont les problématiques posées par une filière qui figure parmi les sept grappes de diversification du Plan national de développement 2012-2016.
Quel que soit l’usage final du bâtiment, en milieu urbain, la construction privilégie le béton, tandis que les vitres font progressivement leur apparition au Congo. Même les ménages les moins favorisés construisent en ciment, un matériau considéré comme un signe de richesse et de modernité. Pour autant, l’usage du ciment est souvent décrié, pour le gouffre en devises que son importation représente – quelque 106 milliards de F.CFA par an. Pour des raisons écologiques également.
Plus un matériau est sophistiqué, comme le ciment ou le verre, plus les contraintes et les coûts de fabrication sont élevés
Pourtant la matière première existe localement. Les gisements de calcaire sont en effet abondants dans le Sud-Ouest du pays. C’est d’ailleurs à Loutété (Bouenza) qu’est implantée la Société nouvelle des Ciments du Congo, une entreprise à capitaux chinois, et à Dolisie (Niari) que se trouve le chinois Forspak. Toutefois, leur production actuelle est loin de répondre à la demande estimée à quelque 2 millions de tonnes de ciment par an. À terme, de nouvelles unités devraient combler le déficit et permettre au Congo de devenir exportateur de ciment. Ainsi, la cimenterie Diamond Cement Congo, dont les travaux ont débuté à Mindouli, dans le Pool, sera productive dès 2015. Deux autres cimenteries sont annoncées : l’une construite par le nigérian Dangote Cement, dans la Bouenza, et l’autre, par la société marocaine Ciment d’Afrique, dans le Kouilou.
Bien souvent, on oppose le ciment au bois ou à l’argile, la préférence allant à ces deux matériaux. Les raisons ? Le bois et l’argile sont abondants au Congo et ils offrent de bonnes performances thermiques et acoustiques. Difficile pourtant de trancher pour l’un ou l’autre, plusieurs paramètres devant être pris en compte pour déterminer ce qui est le plus adapté aux besoins des populations. « Tout va dépendre des moyens financiers, des délais de livraison, des technologies à mettre en œuvre, de l’offre énergétique, du niveau de qualification de la main-d’œuvre. Plus un matériau est sophistiqué, comme le ciment ou le verre, plus les contraintes et les coûts de fabrication sont élevés », explique l’architecte Marie Nang.
Différentes solutions
Dans l’absolu, s’il faut construire vite et pour le plus grand nombre, le ciment devrait avoir la préférence. Reste à savoir combien coûte sa fabrication. « On peut avoir du calcaire à disposition, mais les moyens technologiques, humains et énergétiques disponibles localement permettent-ils de produire un ciment compétitif par rapport à celui importé ? », interroge l’architecte, venue du Cameroun.
Les questions thermiques et acoustiques sont d’autres paramètres à étudier.
« En matière de confort thermique, il y a deux approches. Soit on joue sur la ventilation, soit sur l’inertie des matériaux. Le bois est un bon isolant, mais il n’a pas une très bonne inertie. Il exige donc de la ventilation. » Le coût de la facture carbone est également une variable à considérer.