Le mirage « Bobo 2010 »
Bobo-Dioulasso est la préfecture des Hauts- Bassins. Avec plus d’un million d’habitants, la ville est aussi la deuxième du pays. Considérée comme la capitale économique du Burkina Faso, elle accuse une perte de vitesse depuis les années 2000.
Néanmoins, Bobo-Dioulasso demeure un pôle économique majeur et aussi une destination touristique de choix, située non loin des pics de Sindou, des cascades de Karfiguéla, des dômes de Fabédougou, des hippopotames de Tengrela…
En 2007, dans une logique de réaménagement territorial, « Bobo 2010 » a été érigé sur des parcelles aménagées par la Société nationale des terrains urbains à la périphérie nord-ouest de la ville, dans la commune de Sya. L’État ambitionnait de bâtir un quartier résidentiel haut-de-gamme, à l’instar du très chic « Ouaga 2000».
Dix ans plus tard, les villas cohabitent avec les terrains abandonnés et les chantiers de construction qui s’éternisent… Le tracé de la route transnationale qui doit relier Ouagadougou à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, pour faciliter le commerce régional, ne s’arrête pas à Bobo-Dioulasso, mais à Koudougou…
La ville serait-elle en passe de perdre son attractivité ? « Bobo 2010 » est le reflet d’une économie en déshérence, sévèrement touchée par les crises ivoiriennes successives de 2002, 2010 et 2011.
En 2010, lors du cinquantenaire de l’indépendance, l’agglomération de Bobo-Dioulasso a bénéficié de plusieurs réalisations et de travaux de réhabilitation, dont le coût de l’entretien estimé à plusieurs milliards de francs CFA par an, représente un défi de taille pour la commune, car «l’argent ne rentre pas. Chaque année, Bobo- Dioulasso perd plus de la moitié de ses recettes propres », selon Bourahima Sanou, le maire de la ville.
Pour cause, la faiblesse de mobilisation des recettes propres de la commune consécutive à l’incivisme fiscal. « Comment comprendre que nous ayons encore un budget qui tourne autour de 5 milliards de F.CFA ? », s’interroge-t-il, considérant que le budget minimum devrait atteindre le double, « si chacun s’acquittait de ses taxes »…
En dépit d’une forte concentration d’entreprises, d’industries agroalimentaires et métallurgiques et de son aéroport international, la ville enregistre un chômage record et les doléances des commerçants, touchés par l’instabilité politique et l’insécurité, se multiplient.
Par MFR