Talon à la conquête des investissements étrangers

Les investissements directs étrangers entrant au Bénin ont plus que triplé en 2018, passant de 1,8 % du PIB en 2017 à 5,8 %. Le gouvernement en fait une priorité, multipliant des forums et rencontres économiques, et accélérant les réformes relatives au climat des affaires.
Cotonou, Max-Savi Carmel
Le 28 mars à Cotonou : 19 entreprises belges et 150 locales et internationales participent au premier Forum économique Bénin-Belgique à Cotonou.
Ayant fait toute sa carrière dans les affaires, le Président, une fois élu, a fait de la redynamisation des investissements étrangers une priorité. L’Agence de promotion des investissements et exportation (Apiex) a reçu, très tôt, la mission de multiplier des initiatives pour attirer des étrangers, notamment ceux du Moyen-Orient.
Le ministre des Petites et moyennes entreprises y porte un message spécial du chef de l’État qui intensifie, depuis son arrivée au pouvoir, son intérêt pour les rencontres économiques. Modeste Kérékou y vante « la volonté du gouvernement de renforcer la confiance des investisseurs étrangers ».
Quelques jours plus tard, c’est le ministre de l’Économie et des finances qui ouvre le forum économique bénino-norvégien. Romuald Wadagni salue « la nouvelle brèche d’opportunités qui s’ouvre entre les pays du Nord et le Bénin».
En 2018, le ministre s’était rendu en Norvège, à la rencontre des hommes d’affaires intéressés par l’Afrique. De son côté, Eivind Fjeldstad, directeur général de Norwegian-african Business Association (NABA) est arrivé à Cotonou avec une vingtaine de potentiels investisseurs.
Il n’a plus de doute que « ce forum est le prélude à une coopération forte » que les deux gouvernements « accompagneront et soutiendront ».
Une réorientation de la politique économique
Objectif de ces rencontres qui se multiplient ? Faire en sorte que les IDE (investissements directs étrangers) représentent, en 2021, pas moins de 10 % du PIB ; un objectif ambitieux, mais en cohérence avec la politique de Patrice Talon depuis son élection en 2016.
Les multiples réformes, la loi Embauche et licenciement, la facilitation des formalités de création d’entreprises avec le Guichet unique et l’amélioration du climat des affaires par un président issu du secteur privé accélèrent la dynamique.
En octobre 2018, quand les premières fuites sont parvenues au Palais de la Marina au sujet du rapport Doing Business 2019 de la Banque mondiale, le chef de l’État n’a pas masqué sa mauvaise humeur, convoquant en urgence son ministre de l’Économie.
Si le Bénin descend à la 153e place, perdant deux rangs par rapport à l’année précédente, Romuald Wadagni a de quoi rassurer Patrice Talon. « Le score de la facilité de faire des affaires s’est amélioré ». Passant de 51,29 pour 2018 à 51,42 selon le rapport 2019. Une courte avancée sur laquelle le chef de l’État s’appuie pour accélérer sa politique d’ouverture à l’égard des investisseurs étrangers.
Afin de porter les investissements étrangers à hauteur de 10 % du PIB, Patrice Talon entend multiplier les initiatives ; d’autres annonces sont à venir, en attendant une amélioration dans le classement Doing Business.
Ayant fait toute sa carrière dans les affaires, le Président, une fois élu, a fait de la redynamisation des investissements étrangers une priorité. L’Agence de promotion des investissements et exportation (Apiex) a reçu, très tôt, la mission de multiplier des initiatives pour attirer des étrangers, notamment ceux du Moyen-Orient.
Cette région avait été, à plusieurs reprises, visitée par le futur chef de l’État qui ne cache pas non plus son admiration pour Recep Erdogan. Après le sommet Chine Afrique de septembre 2018, Patrice Talon est passé à Ankara s’entretenir avec le président turc ainsi qu’avec de nombreux hommes d’affaires. Finalité : privilégier un investissement des pays émergents.
Il privilégie également les pays nordiques qui, rappelle Patrice Talon, n’« ont pas eu une histoire coloniale avec l’Afrique ». Le président béninois, qui était présent au Nordic-African Business Summit, en octobre 2018, s’est dit « fasciné par le pragmatisme et le réalisme des investisseurs du nord de l’Europe ».
Dont les pays représentent 3 % des réserves boursières du monde. La hausse spectaculaire des IDE est imputable aux diverses réformes entamées et accélérées par le gouvernement. Il s’agit notamment de la facilitation des PPP (partenariats public-privé) dont Patrice Talon a fait une priorité.
Les grands projets et réalisations liés au Plan d’action du gouvernement (PAG) ont profité des PPP, notamment dans les infrastructures routières. Sans oublier le PPP spécial que constitue le futur aéroport de Glo-Djigbé à 40 km de Cotonou, ou celui visant l’extension du port sec de Sèmè.
Le renforcement de la contribution de l’investissement étranger est un point cardinal du Programme d’action du gouvernement autour duquel est construit le projet de société du Président. Depuis son arrivée au pouvoir, les privés multiplient les investissements, aux côtés de l’État qui cède son contrôle des grands projets publics à des entreprises locales ou des multinationales.
Des réformes qui rassurent
Si sur les 25 % d’investissements globaux depuis 2010, l’investissement privé a été de 19 % loin devant les 6 % du public, le rythme a été accéléré avec le dispositif PPP, qui augmente la part du privé de 40 % depuis 2016. Ce qui a soutenu la croissance économique laquelle, de 6 % en 2018, pourrait atteindre 6,5 % en 2019 (6,3 % selon les prévisions du FMI, qui attend 6,8 % pour l’Uemoa).
La deuxième édition du Benin Investment Forum, prévue pour les 27 et 28 juin, sera particulière. Quelque 600 personnalités, décideurs-clés de l’industrie, de la finance et de la politique, venues de plus de trente pays. Une foule d’entrepreneurs, des rencontres entres investisseurs étrangers et chefs d’entreprises locaux, des dîners de gala entre hommes d’affaires et représentants du secteur public, elle est la plus grande foire économique du Bénin.
Placé sous le signe des investissements étrangers, le Forum sera consacré davantage à l’accompagnement et au financement des PME au Bénin. « Pour mieux les outiller face aux partenariats internationaux », selon les organisateurs. Une grande partie des activités ciblera la promotion des investissements dans le secteur privé pour faire face aux partenariats internationaux.
Le numérique et les télécoms
Il s’agit désormais d’un rendez-vous annuel, assuré par le ministère des Finances. Il favorise des échanges entre investisseurs locaux et internationaux, et recueille des doléances afin d’améliorer le climat des affaires.
Ce forum est l’un des instruments que le gouvernement met au service de la promotion des investissements. Une autre particularité de cette édition, mettre l’accent sur le numérique et les télécoms, deux domaines qui, en Afrique, ont de l’avenir ; et surtout, ouvrir davantage le marché à la concurrence internationale.
Afin de porter les investissements étrangers à hauteur de 10 % du PIB, Patrice Talon entend multiplier les initiatives ; d’autres annonces sont à venir, en attendant une amélioration dans le classement Doing Business.
1 Commentaire
L’avenir d’une nation repose sur la capacité de ses dirigeants à prendre courageusement la voie des réformes amères mais salvatrices. merci SEM Patrice Talon.