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Bibliothèque : La littérature foisonne…

  • Publiéjuillet 3, 2018

La littérature foisonne et montre le niveau de captation par les populations des enjeux politico-géo stratégiques dans le monde. On y trouve des essais, des romans, de l’histoire, des faits de société qui assemblés les uns avec les autres constituent un puissant levier de prise de conscience et de réaction contre tous les facteurs bloquants.

Par JO

Gérard Sadoul est un orfèvre de la littérature. Sa plume sait se montrer grave, dramatique, vigoureuse, émotionnelle et intrigante.

Le cahier d’Henriette

Il le démontre dans son roman Le cahier d’Henriette (17.50 euros) qui vient de paraître aux éditions L’Harmattan. De quoi parle l’écrivain ?

Un livre dans lequel on découvre des maux et mots passants, des mots tranchants, des mots vivants pour conjurer les maux et affronter les secrets que seule la vie sait en concevoir.  

De sujets sensibles, de secrets de famille où les faits s’imbriquent pour rendre le récit plus corrosif avec énormément de suspens notamment quant à la mort de « Henriette (…) en mettant de l’ordre dans ses affaires, son fils, François, trouve le journal intime que sa mère a tenu depuis 1942. (…) A la lecture de l’histoire d’Henriette, François s’immerge progressivement dans le silence qui avait pesé sur sa naissance », dès lors il se met en «quête de sa négritude »…

Un roman fort, qui fait passer le lecteur par plusieurs sentiments aussi contradictoires les uns que les autres. Un livre dans lequel on découvre des maux et mots passants, des mots tranchants, des mots vivants pour conjurer les maux et affronter les secrets que seule la vie sait en concevoir.  

Dieu, les migrants et l’Afrique

Ce n’est pas une énième réflexion sur les migrants et les souffrances endurées par ces derniers, ni sur la religion. Ici, il s’agit plutôt d’un travail en profondeur de 11 chercheurs qui s’interrogent et questionnent la société sur les cadres et les fins assignés aux migrants avec l’impact religieux. Un exercice risqué avec la combinaison religion et migration.

Dieu, les migrants et l’Afrique paru aux édition L’Harmattan (juin 2018, 25 euros), de réfléchir, de penser et de poser les bonnes questions, pour une seule raison : par la migration, on a assisté et on assiste toujours à l’émergence d’une scène religieuse musulmane et chrétienne dynamisée.

 Toutefois les onze chercheurs relèvent ce défi, et démontrent ce qui ne se savait pas forcément. A savoir combien la combinaison du fait religieux et le phénomène de la migration a façonné le monde avec précisément les recompositions religieuses contemporaines.

Il est vrai, du fait de l’actualité, que parler aujourd’hui de migrant revient à s’aligner sur la tonalité générale. Ce qui n’est pas le cas du livre Dieu, les migrants et l’Afrique. L’analyse porte plutôt sur les transformations cultuelles et transcendantales dans des pays comme le Sénégal, le Burkina Faso, l’Egypte, la Tunisie, le Maroc et l’Argentine.

Sous la direction de Sophie Bava, les dix autres chercheurs ont analysé, fouillé, questionné et reconstitué. Ils ont estimé que « entrer dans cette réflexion par le religieux permet de prendre la mesure, non seulement de constructions sociales et culturelles originales déployées par les migrants dans les villes du Caire, de Tunis, et de Buenos Aires, mais aussi des continuités religieuses entre le Caire, Médine, Ouagadougou, et Dakar et les pèlerinage entre Dakar et Fès ».

Honnis et rejetés, les migrants sont perçus d’un regard soupçonneux, pourtant Sophie Bava et ses confrères même s’ils n’arrivent pas à gommer les clichés, donnent l’occasion dans Dieu, les migrants et l’Afrique paru aux édition L’Harmattan (juin 2018, 25 euros), de réfléchir, de penser et de poser les bonnes questions, pour une seule raison : par la migration, on a assisté et on assiste toujours à l’émergence d’une scène religieuse musulmane et chrétienne dynamisée. En soi, cette information est déjà une source de curiosité.     

L’écriture de la transgression

Cet ouvrage collectif est tout ce qu’il y a de plus complet et de plus achevé sur la question de la transgression. En effet, les chercheurs Stéphane Amougou Ndi, Rosine Paki Sale, Raphaël Ngwe, ont modestement tenté de comprendre le rapport de l’Homme à la transgression.

L’écriture de la transgression, disent ses auteurs, est un regard sans concessions qui permet de comprendre sans absolument justifier « la violence qui structure et déstructure » les rapports humains à travers ses formes préventive, transgressive et curative.   

Le résultat est tout simplement édifiant. L’écriture de la transgression est un condensée d’analyse, de réflexions et d’interrogations dont le but est de dire qu’« il apparaît que l’aptitude transgressive est le fondement de toute vie sociale ». Autrement dit, vivre, c’est transgresser, c’est bousculer l’ordre établie pour ne pas s’ankyloser. L’écriture de la transgression n’est ni un appel à la désobéissance ni un appel façon anarchiste de Proudhon et Bakounine.

C’est bien « la capacité d’un peuple à revoir ses références, à le renouveler pour ne pas suffoquer sous le bâillon des lois figées comme des idoles », estiment Stéphane Amougou Ndi, Rosine Paki Sale et Raphaël Ngwe.

Les chercheurs dans un langage propre à leur corps de métier se justifient sur le fait que leur ouvrage, loin d’être typiquement une œuvre remplie de présupposés et de certitudes, est bien au contraire un document qui porte un intérêt sur la transgression comme expression de l’ambivalence de l’Homme, « un être fini », mais dont la « prétention à l’infini est irrémédiable».

L’écriture de la transgression (éd, L’Harmattan, juin 2018, 26 euros), disent ses auteurs, est un regard sans concessions qui permet de comprendre sans absolument justifier « la violence qui structure et déstructure » les rapports humains à travers ses formes préventive, transgressive et curative.   

Les dessous de Pointe-Noire

« Il aborde frontalement le problème de la prostitution en Afrique, seule échappatoire pour une jeunesse désœuvrée en mal de repère… ». Il ? C’est le talentueux congolais KHP. En 55 pages, il touche là où cela fait mal, les dérives de la société congolaise avec la pire des tragédies : la prostitution.

Ce sont des Européens qui, ce qu’ils ne font pas en Europe, car interdit et fortement réprimer, vont le faire à Pointe-Noire, une ville d’un pays démuni et dans la plus grande impunité.

Cette jeunesse hagarde, vide, sans repère et sans moyens a trouvé le moyen de « vivre un peu ». Et ce sont des Européens qui, ce qu’ils ne font pas en Europe, car interdit et fortement réprimer, vont le faire à Pointe-Noire, une ville d’un pays démuni et dans la plus grande impunité.

Les jeunes filles dans la fleur de l’âge, se contentent de 10 euros (6500 F.CFA) du blanc en mal d’exotisme. KHP a vu ce phénomène se développer. Se taire ? Impossible, car « au cœur de Pointe-Noire, cité économique du Congo et porte océane de l’Afrique centrale, la prostitution est devenue ces dernières décennies une activité comme les autres du fait de la pauvreté et du chômage ». Se taire serait une hérésie !      

A travers les 55 pages du livre Les dessous de Pointe-Noire», (éd L’Harmattan, juin 2018, 12.90 euros), KHP, avec des traits d’une précision et d’un réalisme exceptionnels, entièrement réalisé au stylo-bille, livre ce premier album avec des caricatures plus vrais que nature.

Il prend pour prétexte les pérégrinations de ses deux prostituées d’héroïnes Naomie et Yevline qui rêvent de la France et qui espèrent qu’en se prostituant avec des blancs, Paris sera leur destination… « Ces jeunes femmes n’ont pas toujours conscience » du danger qui est les vise !!!  

L’immense Chaka

En s’appuyant sur l’œuvre littéraire Chaka, une épopée bantoue, de Thomas Mofolo (écrivain du Lesotho), Jean-François Chanson et Koffi Roger N’Guessan ont réussi (pour l’un à écrire le scénario, pour l’autre, le dessin) à relater l’histoire du grand combattant et guerrier sud-africain Chaka, plus connu sous le nom de Chaka Zulu.

Dans la même période, Chaka affronte les Occidentaux notamment les Britanniques qui depuis Londres tentent d’avoir des colonies vassales en prenant pied en Afrique australe.

On aurait pu aisément dire que Chaka, est une  œuvre historique tant tout le récit s’appuie sur des faits historiques, mais il y a aussi l’aspect merveilleux qui fait que le livre dessiné par Koffi Roger N’Guessan est inclassable et prend les allures d’un ouvrage à la lisière du récit historique et de la légende.

Quoi qu’il en soit les deux auteurs Jean-François Chanson et Koffi Roger N’Guessan font débuter leur livre à la naissance de Chaka en 1787. Né bâtard, car hors mariage, le gamin va devoir affronter les vicissitudes existentielles pour se frayer un chemin. A 29 ans, alors qu’il avait, du fait de son statut de bâtard, dû fuir, car rejeté par sa communauté, Chaka, revanche sur le sort, accède au trône à la mort de son père Senzangakona et devient roi.

De 1816 à 1819, le nouveau roi doit livrer batailles contre ses voisins immédiats et asseoir son pouvoir. Séquence de sa vie magistralement dessinée dans le livre. Une fois ce pan franchi, le chef Chaka a alors des visées expansionnistes et impérialistes.

Neuf ans après sa montée sur le trône, il commence en 1820 la conquête de territoires pour l’honneur de son ethnie les Zoulou. Dans la même période, il affronte les Occidentaux notamment les Britanniques qui depuis Londres tentent d’avoir des colonies vassales en prenant pied en Afrique australe.

Chaka résiste et fait échouer les Anglais. Pas pour longtemps, car ces derniers reviennent armés comme jamais. C’est le Mfecane (grande migration vers le Nord des tribus d’Afrique australe). En dépit de cela, Chaka accroît sa puissance et sa notoriété de sorte à atteindre l’apogée de l’empire zoulou en 1825.

C’est à partir de 1827, à la mort de sa mère Nandi, que Chaka commence à faiblir. Et en 1828 il décède à l’âge de 41 ans, « probablement assassiné par ses demi-frères ». Chaka est résumé en dessins en 102 pages et publié en juin 2018 par les éditions l’Harmattan (14 euros).

Tiken Jah, le reggae comme arme…

Un profond et vrai travail d’universitaire sur l’environnement culturel de l’artiste et chanteur ivoirien de reggae Tiken Jah Fakoly (TJF), mené par le philosophe Dieudonné Brou Koffi. Ce travail a donné deux œuvres littéraires de belle facture Tiken Jah Fakoly, Quand le reggae s’arrime à la pensée, (Tome 1, 21.50 euros, et tome 2, 17.50 euros, éd L’Harmattan, juin 2018).

Les prises de position de Tiken Jah Fakoly ne se bornent pas à se limiter sur les réalités intra-muros des Ivoiriens. Elles vont plus loin en dénonçant les discriminations sexuelles, les pratiques antidémocratiques, la confiscation du pouvoir en Afrique.

L’auteur part du constat que « la musique de Tiken Jah Fakoly dissèque l’actualité sociopolitique du continent africain ». Dès lors, il devient un sujet d’étude, car il met le curseur sur la dimension panafricaine de l’artiste. Les prises de position de TJF ne se bornent pas à se limiter sur les réalités intra-muros des Ivoiriens.

Elles vont plus loin en dénonçant les discriminations sexuelles, les pratiques antidémocratiques, la confiscation du pouvoir, « le bâillonnement ou le mutisme de l’opposition, l’intimidation » sur le continent, confirme Dieudonné Brou Koffi, allant jusqu’à préciser « l’emprisonnement ou l’assassinat des journalistes ou des leaders de la société civile… ».

Autant de sujets qui font que l’auteur principal de Tiken Jah Fakoly, Quand le reggae s’arrime à la pensée, s’est entouré de plusieurs universitaires chercheurs en vue de disséquer ce qu’il est convenu d’appeler la pensée TJK. Pour prolonger la compréhension de la cosmogonie de l’artiste ivoirien, les deux tomes qui s’y emploient viennent de paraître aux éditions L’Harmattan.

Écrit par
ade

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