Un diplomate mange et boit pour son pays : Les souvenirs d’un ambassadeur

La diplomatie est un univers mal connu. Ancien ambassadeur de France, Stéphane Gompertz en dévoile les coulisses et les ressorts à travers un livre de réflexion et de souvenirs.
Par Guillaume Weill-Raynal
Une caste de privilégiés ? C’est trop souvent la seule image que le grand public associe au monde de la diplomatie.
Elle est résumée caricaturalement à celle des « soirées de l’ambassadeur », un spot publicitaire pour une confiserie, auquel Stéphane Gompertz, ancien ambassadeur de France en Éthiopie et en Autriche, et ancien directeur de l’Afrique au Quai d’Orsay, consacre un clin d’oeil ironique dès les premières pages de son livre, Un diplomate mange et boit pour son pays.
Les diplomates vivraient-ils ainsi dans de somptueux palais, déconnectés de la vie réelle, une coupe de champagne à la main, ne quittant leurs luxueux bureaux que pour rencontrer les Grands de ce monde, lors d’évènements internationaux ou de cocktails mondains ? La réalité est tout autre.
Car si le rôle d’un ambassadeur est de représenter son pays et de défendre ses intérêts, cette mission ne peut se limiter, pour être menée à bien, aux seuls échanges avec les gouvernants et les décideurs du pays d’accueil.
Comprendre un pays et nouer des liens avec lui exige d’en connaître le plus grand nombre possible d’habitants et de groupes humains. Ce que les conditions d’expatriation favorisent parfois, car les hasards des affectations obligent parfois le diplomate à se trouver lui-même un logement,
S’informer par tous les canaux possibles, informer, négocier, intervenir, la mission du diplomate forme un tout, dont le but est de favoriser avant tout le dialogue entre les peuples.
dans des pays dont la situation politique, économique ou sécuritaire est souvent très différente. « Les bonnes gens qui assimilent la vie diplomatique à un bal perpétuel oublient aussi que cette vie peut être dangereuse », écrit-il.
Les pérégrinations de Stéphane Gompertz en Afrique l’amenèrent ainsi à dormir sous la tente au milieu du désert éthiopien lors d’une rencontre avec une équipe de paléontologues, à vivre les débuts du terrorisme au Caire, dans les années 1990, ou à assister aux troubles survenus à Addis- Abeba, à la suite des élections contestées de 2005.
Mais contrairement au journaliste, le diplomate n’est pas qu’un simple témoin, même s’il a aussi pour rôle d’informer l’État qu’il représente de la situation du pays d’accueil. Il doit aussi y défendre ses intérêts.
Toutes les occasions sont bonnes
Le meilleur moyen d’y parvenir est de multiplier les contacts, voire les interventions à tous les niveaux de la société. Par exemple, en aidant une ONG à installer un hôpital dans une zone isolée du sud de l’Éthiopie, comme il le raconte. Ou en participant bénévolement… à une chorale.
« Toutes les occasions sont bonnes pour se rendre dans des lieux insolites ». Un récital donné dans un hôpital de la Fondation Mère Teresa, ou même à la prison d’Addis- Abeba offre l’opportunité de découvrir les réalités du pays, mais aussi de nouer de précieux contacts avec des décideurs, des membres d’ONG, des membres de l’opposition emprisonnés… qui seront peut-être demain ceux de la majorité au pouvoir.
S’informer par tous les canaux possibles, informer, négocier, intervenir, la mission du diplomate forme un tout, dont le but est de favoriser avant tout le dialogue entre les peuples.