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Art et Culture

La littérature camerounaise explose

  • Publiéjuin 7, 2017

Musicien de talent, Blick Bassy est désormais reconnu comme écrivain, depuis la publication de son premier roman, Le Moabi Cinéma. Le bluesman rejoint les nombreux auteurs d’origine camerounaise récompensés hors de leur pays.

Yaoundé, Eugène Shema

Blick Bassy comme Hemley Boum ou Eugène Ebode. Les trois personnalités ont en commun d’être originaires du Cameroun et d’avoir remporté, l’un à la suite de l’autre, le Grand prix littéraire d’Afrique noire. Blick Bassy pour l’édition 2016, rendue publique en mars 2017, de son premier roman, Le Moabi Cinéma (Éditions Gallimard, mai 2016) ; Hemley Boum, l’année précédente, pour Les Maquisards (La Che-minante) ; et Eugène Ebode en 2015 pour Souveraine Magnifique (Gallimard).

Le Grand prix littéraire d’Afrique noire est une récompense instituée en 1961 par l’Association des écrivains de langue française (Adelf) – laquelle existe depuis 1926 – qui vise à primer chaque année une œuvre francophone d’un écrivain originaire d’Afrique subsaharienne.

Le prix permet de faire découvrir les écrivains et de les encourager à poursuivre leur œuvre. Treize Camerounais ont reçu ce prix depuis sa création, Blick Bassy a convaincu le jury de l’Adelf avec un ouvrage qui raconte les aventures de cinq jeunes bacheliers camerounais qui rêvent d’Occident, en tuant le temps au quotidien, dans l’espoir d’un hypothétique visa.

En toile de fond, le livre est également une chronique sur les drames de la jeunesse de son pays. Musicien, Blick Bassy, 43 ans, a publié trois albums. L’un des titres de son dernier opus, Kiki, paru en 2015 dans l’album Akö, a servi à la campagne publicitaire pour l’IPhone 6 d’Apple.

De son côté, Hemley Boum avait déjà été récompensée une première fois, en 2013, par le Prix Ivoire pour la littérature africaine d’expression francophone, avec le roman Si d’aimer… (La Cheminante, 2012).

Le Prix Ivoire créé par l’association Akwaba Culture est organisé avec le concours du ministère de la Culture et de la francophonie de Côte d’Ivoire.

Diversité d’auteurs et de thèmes

L’écrivaine de 44 ans a également participé au recueil de nouvelles Les Volcaniques, une anthologie du plaisir (Mémoire d’encrier, 2015), dirigé par Leonora Miano, originaire du Cameroun aussi et « afropéenne » comme aime à se définir celle qui fut lauréate du Grand prix littéraire d’Afrique noire en 2011 pour l’ensemble de son oeuvre.

Léonora Miano a également reçu le Goncourt des lycéens, en 2006, pour Contours du jour qui vient (Plon) et le Prix Fémina en 2013 pour La Saison de l’ombre (Grasset). Leonora Miano vient de faire paraître Crépuscule du tourment 2 (Gras- set), second tome d’une œuvre qui explore tour à tour la féminité (objet du tome 1 paru en 2016) et la masculinité (le tome 2), pour une auteure qui aime explorer l’intimité personnelle.

Professeur au lycée Camille-Claudel de Vitry, en banlieue parisienne, Eugène Ebode fait également rayonner le Cameroun à l’international. Avec Souveraine Magnifique, ouvrage qui expose le témoignage d’une personne rescapée du génocide rwandais de 1994, l’auteur complète une production littéraire riche de contes, nouvelles, essais, poésie, romans.

Les Camerounais ne rayonnent pas qu’en France. Max Lobe, avec 39 rue de Berne (Zoé, 2012), a reçu le prix du Roman des Romands, équivalent suisse du Goncourt des Lycéens. La critique a salué par la suite la sortie de La Trinité Bantoue (2014) et de Confidences (2015) parus chez le même éditeur.

Plus populaire encore : Imbolo Mbue, New-Yorkaise originaire de Limbe (Sud-Ouest Cameroun). La sortie de son premier roman, Behold the dreamers (Random House, 2016) – ouvrage publié en français sous le titre Voici venir les rêveurs aux éditions Belfond – a été rendu public avec force marketing.

Le livre raconte l’histoire d’une famille camerounaise émigrée aux États-Unis à la quête du rêve américain ; il vient de recevoir le PEN-Faulkner Award 2017, prix littéraire américain doté de 15 000 dollars, attribué chaque année depuis sa créa-tion en 1981 à un auteur publié en anglais et résidant aux États-Unis.

Mutt-Lon prophète en son pays T

Tous ces auteurs et d’autres, non moins réputés comme Patrice Nganang (Grand prix littéraire d’Afrique noire 2002), Gaston Paul Effa (Grand prix littéraire d’Afrique noire 1998), sont de ceux qui continuent à faire connaître le Cameroun à l’international.

Des noms qui s’inscrivent dans le sillage de Calixthe Beyala, l’une des auteures les plus prolifiques. Française d’origine camerounaise, elle a écrit une vingtaine d’ouvrages dont certains primés : Maman a un amant (Albin Michel, 1993), récompensé par le Grand prix littéraire d’Afrique noire 1994 ; Les honneurs perdus (Albin Michel, 1996), lauréat du Grand prix du roman de l’Académie française en 1996 ; La petite fille du réverbère (Albin Michel, 1998), qui a reçu le Grand prix de l’Unicef en 1998.

La native de Douala a été faite, en 2013, officier de l’Ordre de la Valeur par les autorités camerounaises. Il n’est pas toujours nécessaire de s’exiler pour avoir une reconnaissance.

Ainsi, Daniel Alain Nsegbe, monteur à la télévision publique nationale camerounaise (CRTV), sous le pseudonyme de « Mutt-Lon », a reçu le Grand prix Ahmadou Kourouma en 2014 avec son premier roman Ceux qui sortent dans la Nuit (Grasset), livre qui explore le domaine des sorciers et de la sorcellerie, quotidien de nombre de Camerounais.

Le prix Ahmadou Kourouma, du nom de l’écrivain ivoirien décédé en 2003, est décerné chaque année à l’occasion du Salon international du livre et de la presse de Genève (Suisse). Après la réception de son prix à Genève, en mai 2014, Daniel Alain Nsegbe est retourné à ses activités quotidiennes, à la télévision publique camerounaise…

Écrit par
ade

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