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Art et Culture

Burkina Faso : L’originalité de Francis Kéré

  • Publiéseptembre 3, 2017

Durant l’été, la galerie d’art londonienne Serpentine Gallery a mis à l’honneur l’architecte Diébédo Francis Kéré. L’artiste, de renommée internationale, n’oublie pas son pays d’origine, le Burkina Faso, où il réalise de nombreux ouvrages.

Londres, Juliet Highet

Le merveilleux pavillon de Dié­bédo Francis Kéré a « atterri », tel un magnifique vaisseau spatial africain sur les pelouses parfaitement entretenues de Kensington Gardens, à Londres.

L’artiste, qui dirige un cabinet à Ber­lin, Kéré Architecture, est le 17e archi­tecte international à accepter l’invitation de la Serpentine Gallery.

Chaque année, la galerie convie un architecte international à créer son premier édifice dans la capitale britan­nique. Le pavillon, installé pendant environ quatre mois, attire de nom­breux visiteurs pendant la période esti­vale. Inauguré en juin, le pavillon a reçu d’excellentes critiques dans les journaux nationaux et à la télévision. Les millions de touristes qui visitent la capitale ainsi que les Londoniens se précipitent pour le découvrir.

Francis Kéré a ensuite obtenu une bourse pour étudier la menuiserie en Allemagne en 1985. «C’était un grand privilège – quitter le Burkina Faso, échap­per à mon milieu pour entrer dans un nouvel univers, où tout semblait possible »

« C’est un grand honneur pour moi de faire partie de la longue liste d’architectes respectés choisis pour créer un pavillon et je suis aussi très fier d’exposer à Londres, l’une des villes les plus réputées pour le design », confie Francis Kéré. « Je suis fas­ciné de voir comme le paysage de ce magni­fique parc permet aux gens en ville d’avoir une expérience différente de la nature. Je suis habitué à être confronté à une nature très dure, comme au Burkina Faso. »

L’architecte a créé un pavillon dont l’objectif est de relier les visiteurs à la nature, et de créer un lien entre les visi­teurs. Une coupole en bois, soutenue par une fine structure d’acier, évoque le feuillage d’un grand arbre et son tronc.

Elle permet à l’air de circuler librement en cette saison où le temps peut être chaud et humide et elle protège de la pluie. Quand il pleut, l’eau est canalisée pour donner un effet de cascade specta­culaire, avant d’être recueillie pour irri­guer le parc.

Quatre points d’accès mènent à la cour centrale du pavillon, où les visiteurs peuvent s’installer sur des tabourets en bois et partager ensemble la beauté unique de la structure.

« Mon architecture est au service des êtres humains, mais elle sert aussi à établir un lien avec la nature. C’est un leitmotiv dans mon travail. Chez moi, au Burkina Faso, vers midi quand il fait très chaud, les gens se réunissent sous un arbre immense et discutent ensemble. Je me suis inspiré de l’arbre à palabres pour créer le pavillon. »

L’artiste aime explorer de nouvelles manières d’utiliser les matériaux, en particulier les matériaux locaux : « Nous avons choisi d’utiliser le bois, non seule­ment parce que c’est un matériau durable, économique et disponible localement mais aussi parce qu’en ajustant l’angle du bois taillé au plafond, nous avons ajouté de la profondeur et des ombres. »

De jour, l’effet est lyrique – le pas­sage des nuages crée des jeux d’ombre et de lumière. « La lumière est fondamen­tale ; elle révèle la présence de l’énergie, qui est étudiée avec soin. C’est ainsi que l’archi­tecture devient dynamique », explique-t-il. La nuit, le « vaisseau spatial » semble être sur le point de décoller, faisant clignoter ses lumières.

Les murs du pavillon, qui com­portent des fentes pour permettre une bonne ventilation, sont peints en bleu indigo. « Cette couleur joue un rôle impor­tant dans ma culture. Lors d’un événement  marquant, les jeunes femmes et les jeunes hommes doivent porter du bleu indigo – c’est la couleur des célébrations », précise Francis Kéré.

Bâtir une école différente au Burkina Faso

Le futur architecte est né dans le village chaud et poussiéreux de Gando, au Burkina Faso. Fils aîné du chef du village, il a quitté sa famille et ses amis à l’âge de sept ans pour aller à l’école pri­maire.

Quand il a demandé à sa mère pour­quoi il devait partir, elle lui a répondu : « La communauté finance ton éducation. Un jour, tu reviendras et tu contribueras à ton tour à la santé et au bien-être de la communauté. » C’est exactement ce qui s’est produit.

Francis Kéré a ensuite obtenu une bourse pour étudier la menuiserie en Allemagne en 1985. «C’était un grand privilège – quitter le Burkina Faso, échap­per à mon milieu pour entrer dans un nouvel univers, où tout semblait possible », confie-t-il.

Là, il a également reçu une forma­tion en architecture et, alors qu’il était encore étudiant, il a ouvert son cabinet ainsi que l’association Des briques pour une école à Gando, qui lui permettrait de bâtir une école là-bas.

« Je me suis demandé ce que je pouvais faire en retour, après avoir bénéficié d’un tel privilège. Je rêvais d’améliorer la vie de ma communauté. Quand j’allais à l’école au Burkina Faso, il faisait chaud et sombre dans les salles de classe. Je me rappelais que j’avais du mal à me concentrer. Il n’y avait que quelques petites fenêtres et on était trop nombreux en classe. J’ai commencé à réflé­chir comment bâtir l’école différemment. », se souvient-il. Et c’est ainsi qu’a débuté l’extraordinaire carrière de l’architecte Diébédo Francis Kéré.

Écrit par
ade

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