Business : L’Afrique du Nord est attractive

Les analystes de RMB Investments placent l’Égypte, le Maroc et l’Afrique du Sud, comme trio de tête des pays les plus attractifs d’Afrique. Ils soulignent que les perspectives semblent plus prometteuses qu’anticipé dans l’ensemble du continent.
Par Laurent Soucaille
La banque d’affaires RMB Investments vient de publier son imposante étude (365 pages) sur l’attractivité des investissements en Afrique. Ses spécialistes combinent les données macroéconomiques de chaque pays africains, les prévisions de croissance à moyen terme (s’appuyant sur les données FMI) et les efforts consentis par chacun afin d’améliorer le climat des affaires, à l’image du classement Doing Business de la Banque mondiale.
« Nous ne manquons jamais d’être à la fois satisfaits et surpris par l’ampleur de l’amélioration dans des pays qui ne sont pas forcément perçus comme très attractifs pour les investissements. »
L’étude comporte des analyses sur les ressources énergétiques et minières, le commerce de détail, l’immobilier et la finance, autant de secteurs qui méritent, à leurs yeux, l’attention des investisseurs.
L’Afrique du Nord se distingue, dans ce classement spécifique, l’Égypte gardant sa première place, devant le Maroc qui relègue l’Afrique du Sud au troisième rang.
Si la Tanzanie sort du Top 10, la Tunisie y revient, tandis que la Côte d’Ivoire et le Ghana se rapprochent des cinq premiers. « Depuis neuf ans que nos classements sont publiés, nous ne manquons jamais d’être à la fois satisfaits et surpris par l’ampleur de l’amélioration dans des pays qui ne sont pas forcément perçus comme très attractifs pour les investissements », soulignent les analystes. Qui mentionnent, cette année, les gains enregistrés par la Guinée, le Mozambique et Djibouti, auquel nous pourrions ajouter ceux du Sénégal.
L’Afrique du Sud subit un ralentissement cyclique de son économie, tandis que les experts déplorent un recul relatif du climat des affaires en Éthiopie et surtout en Tanzanie.
Les analystes se montrent également circonspects face à la RD Congo ; l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi n’a pas, jusqu’à présent, sensiblement amélioré le climat des affaires.
Le Maroc dans le trio de tête
« Les croissances à long terme de l’Afrique sont meilleures que ce que nous supposions », expliquent les spécialistes face aux prévisions du FMI. Certes, les « lents progrès » de l’Afrique dans ses réformes structurelles, son industrialisation et sa diversification, incitent à la prudence.
Pourtant, l’avenir s’annonce prometteur, tandis que le continent bénéficiera de ses ressources naturelles et de leur transformation accrue, de ses manufactures ; sa démographie contribuera à l’accroissement de ses forces productives, tandis que l’Afrique favorise mieux l’intégration régionale.
À horizon cinq ans (2019-2024), les experts soulignent les plus forts taux de croissance au Sénégal (8,2% par an, en moyenne), au Rwanda (7,9%) et en Éthiopie (7,2%). Eu égard aux précédentes études, les progrès les plus importants sont à mettre au crédit de Djibouti (+10 places du classement en termes d’attractivité), du Mozambique (+10) et de la Guinée (+7).
L’Égypte se place en tête du classement de la RMB qui pointe « un marché important et complexe », où le climat des affaires s’est amélioré. Des programmes gouvernementaux vont dans le bon sens, comme les aides à l’achat de « taxis blancs » neufs, moins émetteurs de CO2. La croissance pourrait ressortir à 5,9% par an, en moyenne, d’ici 2024.
Le Maroc se hisse à la deuxième place. Le cinquième marché africain offre un taux de croissance attendu de 4% à moyen terme. L’amélioration du climat des affaires s’est accompagnée de la réintégration du pays dans l’Union africaine et de l’adhésion à la Cedeao.
Bien sûr, le Maroc restera dépendant de l’Europe, grâce au tourisme, aux investissements étrangers directs et aux envois de fonds, rappellent les experts qui ne voient là « aucune menace immédiate à sa position ».
La Côte d’Ivoire bien placée
Le Maroc affiche le plus important taux de pénétration de l’Internet (62% en 2017), par exemple, et est l’un des pays les plus industrialisés. « Des aspects tels que la simplification du processus d’enregistrement d’une entreprise, l’amélioration des soumissions électroniques et le traitement des documents d’exportation, ainsi que l’augmentation de l’efficacité du service des douanes ont aidé le Maroc à passer au deuxième rang », expliquent les analystes. Seule ombre au tableau, un niveau perçu de corruption encore élevé (indice 4,3 sur une échelle de 1 à 10 du moins au plus corrompu).
Concernant la Côte d’Ivoire, la banque sud-africaine salue l’« une des économies les plus diversifiées de l’Afrique francophone ». Ses taux de croissance élevés sont soutenus par les réformes « pro-business » du gouvernement, bien que l’amélioration du climat des affaires soit encore lent, et un contexte politique assez stable.
Les experts prévoient une hausse du PIB de 6,9% par an sur la période 2019-2024, soit la 6e performance du continent. De grands projets d’infrastructure, en particulier dans les transports et l’énergie (financés par les investissements étrangers, les apports d’aide et le gouvernement), renforcent la position forte du pays.
En matière de risques, les auteurs pointent un socle d’exportation encore étroit, tandis que le montant de la dette augmente et que tous les doutes politiques ne sont pas levés ; néanmoins, « aucune raison que le pays ne quitte le Top-15 ces prochaines années », rassurent les experts.
De son côté, la Tunisie est soutenue par une taille de marché raisonnable et un environnement des affaires favorable. Le gouvernement encourage les investissements étrangers, et, à la faveur d’un Code des marchés simplifié, le pays est de plus en plus attrayant pour les industriels internationaux.
Bien sûr, la Tunisie présente encore les risques spécifiques à son économie, tandis que la régulation du marché est insuffisante, dans un pays marqué par la pesanteur de son administration ; et l’instabilité du dinar tunisien peut faire hésiter les multinationales en quête d’investissements. Les experts tablent sur une croissance économique de 3,6% l’an, en moyenne, ces cinq prochaines années.
Au Sénégal, le principal point d’achoppement reste l’accès au financement. Néanmoins, le pays est davantage attractif, à la faveur d’institutions démocratiques « bien ancrées » et un fort soutien du leadership économique, en particulier après l’amélioration des infrastructures, ces dernières années.
Le pays continue d’approfondir ses relations traditionnelles avec la France, tout en favorisant les communications interrégionales. Une extension du programme de réformes économiques du FMI, afin de guider les réformes économiques, « renforcera la crédibilité de la politique du gouvernement ». La forte croissance économique attendue s’explique par un niveau élevé des investissements, en particulier dans le pétrole, l’énergie, les transports, l’agriculture, le tourisme, textiles et des technologies de l’information.
Le commerce et l’industrie recevront un nouveau coup de pouce d’une amélioration de l’approvisionnement en électricité – une préoccupation majeure pour les investisseurs.
Le classement
- Égypte
- Maroc
- Afrique du Sud
- Kenya
- Rwanda
- Ghana
- Côte d’Ivoire
- Nigeria
- Éthiopie
- Tunisie
- Maurice
- Sénégal
- Botswana
- Ouganda
- Tanzanie
- Algérie
- Zambie
- Cameroun
- Burkina Faso
- Mali
- Angola
- Mozambique
- Bénin
- Namibie
- Malawi
- Guinée
- Niger
- Seychelles
- Madagascar
- Cap-Vert
- RD Congo
- Mauritanie
- Gabon
- Djibouti
- Togo
- Soudan
- Zimbabwe
- Tchad
- Sierra Léone
- Gambie
- Lesotho
- Swaziland
- Sao Tome et Principe
- Libye
- Guinée Bissau
- Centrafrique
- Érythrée
- Comores
- Congo
- Soudan du Sud
- Liberia
- Burundi
- Somalie
- Guinée Équatoriale