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Analyse et Opinion

Les énergies renouvelables, une opportunité à saisir

Les énergies renouvelables, une opportunité à saisir
  • Publiéaoût 25, 2023

Tout en investissant dans les énergies renouvelables, le continent devrait mieux contrôler, exploiter et transformer ses énormes ressources minérales afin de générer les ressources financières nécessaires, estiment divers experts réunis par la BAD.

 

L’Afrique doit investir davantage dans le développement des énergies renouvelables, avec le soutien du secteur privé et des institutions financières internationales, en raison des opportunités offertes pour la réalisation des ODD (Objectifs de développement durable). Tel est la conclusion de divers spécialistes réunis les 23 et 24 août par la BAD (Banque africaine de développement).

Le continent devrait aussi contrôler, exploiter et transformer sur place ses énormes ressources minérales afin de générer les ressources financières nécessaires à son développement, ont soutenu ces experts d’une dizaine de pays africains.

Pour dynamiser le développement des énergies renouvelables, chaque pays africain doit avoir une vision claire et élaborer des lois distinctes de celles appliquées sur les énergies fossiles.

« Les énergies renouvelables nous donnent des opportunités pour réaliser les ODD. Nous avons aussi besoin d’être des acteurs majeurs dans le domaine de l’énergie », considère ainsi Jean-David Cooper, directeur des politiques et de la recherche au ministère des Mines et des Ressources minérales de Sierra Leone.

Les participants notent que l’Afrique a réalisé des progrès considérables en matière de transition énergétique malgré les défis. En pointant l’ampleur des objectifs qui restent à atteindre, Silas Olang, conseiller en transition énergétique pour l’Afrique à l’Institut de gouvernance des ressources naturelles à Accra, au Ghana, déplore qu’on ne compte aucun pays africain parmi les trente premiers au monde en matière de transition énergétique. Toutefois, des pays comme le Nigeria, le Ghana, l’Éthiopie, le Kenya ou l’Afrique du Sud mettent en œuvre des politiques hardies de développement des renouvelables.

Les énergies renouvelables peuvent fournir de l’électricité aux 600 millions d’Africains qui en sont actuellement privés, créer des emplois et stimuler l’industrialisation. « Chaque dollar investi dans les énergies renouvelables, va rapporter 0,93 dollar supplémentaire » et le déploiement des énergies renouvelables va entraîner progressivement des coûts moins élevés, à la différence des énergies fossiles, assure Jean-David Cooper.

 

Des pertes de souveraineté

Parmi les atouts dont dispose l’Afrique en la matière figurent, outre le solaire, l’éolien, la biomasse, l’hydroélectricité, et des minéraux comme le lithium, le graphite ou le cobalt et qui peuvent être utilisés dans les technologies d’énergie renouvelable – production de panneaux solaires, de batteries pour véhicules électriques, etc.

Bien sûr, le continent doit mieux profiter de ses immenses ressources minières pour son développement durable s’est imposée dans les échanges.

L’uranium du Niger est exploité par la France, son pétrole par la Chine, souligne Dogari Bassirou, directeur général de l’économie au ministère de l’Économie et des finances du Niger, rapporte un compte rendu de la BAD. Cela engendre des pertes financières énormes pour les gouvernements africains qui doivent le plus souvent, se contenter des déclarations d’industriels miniers étrangers sur la teneur des minerais.

« Les minerais ne sont pas traités en Afrique mais dans les pays européens et la Chine. 80 % du cobalt africain est raffiné en Chine. Si nous pouvions raffiner les minerais en Afrique nous pourrions les vendre à un taux plus élevé car les exportations brutes limitent nos gains financiers. Nous perdons énormément dans le système actuel », précise Jean-David Cooper.

Participants à l'atelier de la BAD, le 24 août 2023.
Participants à l’atelier de la BAD, le 24 août 2023.

 

« On dit par exemple que la teneur est de 45%, comment vérifier et déterminer cela ? Il faut aider les pays à mieux maîtriser les processus de fixation des coûts et de détermination des impuretés dans les minerais », plaide Boubacar Lounceny Camara, représentant la Guinée. Qui ajoute : « Le prix de l’or brut est déterminé en fonction de l’or raffiné. Or, ce sont les entreprises qui nous donnent la quantité d’or raffiné. Cela entraîne d’énormes pertes. Les métaux sortis de nos pays contiennent d’autres ressources minérales. »

Boubacar Lounceny Camara reconnaît toutefois que la Guinée a pu définir un prix de référence de la bauxite avec l’appui de ses partenaires internationaux et est prête à partager son expérience avec d’autres pays africains.

Pour dynamiser le développement des énergies renouvelables, chaque pays africain doit avoir une vision claire et élaborer des lois distinctes de celles appliquées sur les énergies fossiles. Quant au financement du secteur, les gouvernements doivent créer un environnement politique stable, adopter des lois attractives pour le secteur privé, mettre en place un système budgétaire transparent et lutter contre la corruption.

 

Mieux mobiliser les recettes fiscales

Le secteur privé, avec sa puissance financière et son expertise, peut jouer un rôle crucial tout comme les institutions financières internationales. Celles-ci doivent aider les pays à mettre en place des projets régionaux, et servir de catalyseur dans la mobilisation d’investissements additionnels.

Yannick Bouterige, Assistant de recherche à la Fondation pour les études et recherches sur le développement (FERDI) rappelle que la BAD assiste des pays africains à mobiliser davantage de recettes fiscales, à renforcer leurs capacités institutionnelles et leur résilience. La Guinée, le Mali, le Liberia, Madagascar, le Niger, la Sierra Leone, le Soudan du Sud et le Zimbabwe sont les bénéficiaires d’un programme lancé en 2020.

En matière de financement des énergies renouvelables, la BAD dispose également de plusieurs instruments de financement, des projets d’investissements et des départements dédiés au secteur qui profitent à l’ensemble des pays africains.

« Le nouveau Guichet d’action climatique, doté d’environ 429 millions de dollars, pourrait offrir une excellente occasion de financer des projets à faible émission de carbone à partir de ressources naturelles renouvelables en Afrique », conclut Innocent Onah, du Centre africain de gestion des ressources naturelles et d’investissement, une structure de la BAD.

PF, d’après un compte-rendu de la BAD

@AB

Écrit par
Paule Fax

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