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Analyse et Opinion

Les BRICS peuvent-ils briser l’emprise du dollar ?

Les BRICS peuvent-ils briser l’emprise du dollar ?
  • Publiéjuin 12, 2023

L’Afrique, et l’Afrique du Sud en particulier, est essentielle aux efforts des pays à émergents visant à déloger le dollar américain de sa place au cœur des systèmes financiers mondiaux.

 

Les changements dans les alliances géopolitiques prennent de l’ampleur alors que la rivalité entre les États-Unis et la Chine s’intensifie. Au quotidien, les drames diplomatiques captent notre attention. Derrière ces événements se trouvent des initiatives plus discrètes qui pourraient avoir un impact beaucoup plus important à long terme : une série de mesures prises par le bloc des BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – pour remettre en question la domination du dollar américain.

Les gros titres sont dramatiques. Le 11 mai, Reuben Brigety, l’ambassadeur des États-Unis en Afrique du Sud, a accusé de manière sensationnelle ses hôtes de fournir secrètement des armes et des munitions à la Russie pour sa guerre en Ukraine. Brigety affirme que les armes ont été secrètement chargées à bord d’un navire de transport russe à la base navale de Simon’s Town en décembre.

En 2022, le renminbi chinois a continué de monter régulièrement, conformément au rythme observé ces dernières années, tandis que Pékin réduisait ses avoirs en bons du Trésor américain d’environ 20 %.

Les répercussions diplomatiques ont inclus un démenti catégorique de Pretoria, l’annonce d’une enquête, une réprimande envers Brigety et des excuses dans lesquelles il n’a pas spécifiquement retiré ses accusations. Cela a plongé les deux pays dans ce qui est sans doute leur point le plus bas en matière de relations depuis la fin de l’apartheid.

Cette rupture n’a guère surpris ceux qui ont observé la trajectoire tortueuse des relations entre les deux pays depuis le début de la guerre Russie-Ukraine début 2022. Depuis que les troupes de Poutine ont franchi la frontière ukrainienne, l’Afrique du Sud a tenté de marcher sur la corde raide diplomatique, insistant sur sa neutralité et sa volonté d’agir en tant que médiateur impartial dans la guerre, tout en renforçant davantage ses relations historiques avec la Russie remontant à l’ère de la lutte contre l’apartheid.

Dans la veine de la « neutralité », le 17 mai, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré que les présidents Poutine de Russie et Zelenskyy de l’Ukraine lui avaient donné le feu vert pour « entamer les préparatifs » d’une mission africaine pour la paix en Europe. Il se rendrait à Moscou et à Kyiv, accompagné des dirigeants de la Zambie, du Sénégal, de la République du Congo, de l’Ouganda et de l’Égypte, à une date qui reste à annoncer.

Jusqu’à présent, la « neutralité » de l’Afrique du Sud a signifié s’abstenir de voter sur les résolutions de l’ONU critiquant la Russie et organiser des exercices navals communs avec la Russie et la Chine. Cela a suscité de l’inquiétude aux États-Unis et dans d’autres capitales occidentales qui considèrent depuis longtemps l’Afrique du Sud démocratique comme un partenaire précieux sur le continent.

En août, les questions sur l’orientation géopolitique de l’Afrique du Sud reviendront au centre de l’attention lorsque les dirigeants des BRICS se réuniront à Durban pour leur quinzième sommet. Cela promet également des tensions diplomatiques : selon le droit international et national, l’Afrique du Sud est tenue d’arrêter Poutine et de le remettre à la Cour pénale internationale s’il décide d’y assister. Le 17 mars, la CPI a émis un mandat d’arrêt contre Poutine pour le transfert de milliers d’enfants ukrainiens depuis les zones contrôlées par la Russie, en violation de la Quatrième Convention de Genève.

 

Passons aux questions d’argent…

Les dirigeants des BRICS préfèrent que le sommet soit considéré comme une étape clé dans leurs efforts pour s’éloigner de l’ordre mondial dominé par l’Occident qui prévaut depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et pour embrasser un système économique mondial plus diversifié et représentatif.

Outre les répercussions de la guerre Russie-Ukraine, aucune question n’est plus préoccupante pour les BRICS que le rôle hégémonique du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale. Les partisans d’une monnaie de réserve alternative soutiennent que, dans un monde multipolaire, animé par l’émergence économique extraordinaire de la Chine, la domination du de la monnaie américaine est une relique d’une époque plus inégale.

« Pendant trop longtemps, un monde centré sur le dollar a été en décalage avec l’économie réelle. Le monde est devenu plus multipolaire, et c’est une bonne chose, car certaines régions du monde ont en effet prospéré et sont sorties de la pauvreté », juge Stephen Jen, PDG du fonds spéculatif Eurizon SLJ Capital.

Thabo Mbeki pour des élections transparentes, crédibles et inclusives au NigeriaL’ancien président sud-africain Thabo Mbeki (photo ci-contre) a déclaré en avril que de nombreux pays envisagent des alternatives au dollar pour éviter l’impact des sanctions américaines – un changement de perspective historique motivé par un désir mondial de ne pas être soumis au pouvoir américain par le biais de sa monnaie.

Les récents bouleversements économiques ont renforcé les critiques à l’égard du rôle du dollar. Les mesures prises par la Fed pour augmenter les taux d’intérêt afin de maîtriser l’inflation ont conduit au renforcement du billet vert par rapport aux devises des marchés émergents.

Cela représente un double problème pour les économies du Sud mondial qui détiennent et contractent des dettes libellées en dollars. Des taux d’intérêt américains plus élevés ont tendance à augmenter la valeur relative du dollar sur les marchés des changes. Ainsi, le coût de leurs dettes augmente, car il faut plus de monnaie locale pour rembourser chaque dollar de dette. Cela piège les pays dans une boucle d’obligation financière.

 

 

Les otages sont rétifs

« Le monde a continué de dépendre du dollar et d’être pris en otage par les politiques de la Fed. Les pays émergents ont dû augmenter leurs taux d’intérêt jusqu’à des niveaux élevés en partie parce qu’ils doivent empêcher les capitaux de fuir. Un monde avec une monnaie unipolaire n’est pas compatible avec une économie réelle multipolaire, et une érosion du statut de monnaie de réserve du dollar est, selon moi, le premier pas dans la bonne direction », observe Stephen Jen.

Il existe des signes timides que ce découplage est déjà en cours. Selon les données de la Composition des réserves de change officielles (COFER) du Fonds monétaire international, la part du dollar dans les réserves mondiales a diminué : bien qu’il reste majoritaire, il est passé de 66 % en 2003 à environ 58 % ces dernières années.

L’analyse d’Eurizon SLJ Capital des données du COFER en termes réels révèle un abandon plus prononcé du dollar. Elle indique une chute précipitée de 55 % des réserves mondiales en 2021 à 47 % en 2022.

La réunion des BRICS accélérera-t-elle cette tendance ? Le rôle monumental du dollar dans l’économie mondiale dépasse de loin la contribution des États-Unis au commerce mondial, qui représente à peine un dixième du total mondial. Pourtant, selon la Banque des règlements internationaux (BRI), environ la moitié de toutes les transactions commerciales internationales sont libellées en dollars, ce qui souligne l’influence disproportionnée de la devise. « C’est un sujet que nous devons discuter et discuter correctement », a promis la ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération, Naledi Pandor.

 

Pourquoi une nouvelle monnaie ?

 

L’initiative la plus médiatisée visant à défier le dollar est la suggestion d’une monnaie commune pour le bloc des BRICS. Comme la mission de paix en Afrique, cette idée a été avancée par la Russie et reprise par l’Afrique du Sud. Des mesures plus immédiates pour diluer l’hégémonie du dollar pourraient inclure l’extension du pouvoir de la Nouvelle Banque de Développement et des accords bilatéraux, la promotion d’une alternative au système de compensation des paiements SWIFT, l’utilisation des réserves et de la production d’or des pays des BRICS, ainsi que l’adoption de devises numériques.

Les partisans estiment qu’une nouvelle monnaie pourrait rationaliser les transactions, actuellement entravées par les conversions de devises et les coûts associés, renforçant ainsi l’intégration économique au sein du bloc. Avec un excédent commercial de 387 milliards $ en 2022, l’accumulation de réserves d’or substantielles et représentant 40 % de la population mondiale et un tiers de la production économique mondiale, une plus grande intégration du bloc sous l’égide d’une nouvelle monnaie pourrait entraîner un déclin progressif de la domination du dollar.

Bien que la forme d’une telle monnaie soit inconnue, Joseph Sullivan, conseiller principal au Lindsey Group et ancien économiste à la Maison Blanche, suggère que la monnaie proposée, le « rrrrr », pourrait être liée à un panier composé des devises des pays membres des BRICS : le réal brésilien, le rouble russe, la roupie indienne, le renminbi chinois et le rand sud-africain. Sa valeur varierait en fonction des fluctuations de ces devises.

De son côté, Zongyuan Zoe Liu, chercheuse au Council on Foreign Relations juge qu’une déclaration conjointe non contraignante du bloc des BRICS sera probablement publiée lors du sommet d’août, indiquant des projets visant à explorer la faisabilité d’une nouvelle monnaie et des projets pilotes potentiels.

Cependant, le succès de la nouvelle monnaie dépendrait de sa stabilité, de son adoption généralisée et de sa capacité à offrir une alternative attrayante aux monnaies établies. De plus, l’alignement des politiques économiques distinctes et des objectifs de chaque pays membre des BRICS serait une tâche difficile. Une approbation formelle d’une monnaie des BRICS pourrait être encore lointaine. La ministre Pandor met en garde contre l’idée selon laquelle « l’idée fonctionnera, car l’économie est très complexe et il faut tenir compte de tous les pays, surtout dans une situation de faible croissance lorsque l’on sort de crises ».

 

 

Le bilatéralisme à l’œuvre

Les plans visant à réduire l’influence du dollar ont dépassé le stade des discussions. Certains pays des BRICS ont déjà mis en place une série de swaps de devises bilatéraux pour augmenter l’utilisation des monnaies locales dans le commerce et contourner le dollar, approfondissant ainsi les voies de dédollarisation. La Chine a signé des accords avec la Russie et le Brésil pour abandonner le dollar américain dans les échanges commerciaux.

Ces transactions bilatérales comportent des risques. Si l’une des devises fluctue, l’une des parties subira une perte de valeur le jour de la livraison. Néanmoins, il devrait y avoir une multiplication des accords de swaps de devises entre les banques centrales africaines et la banque centrale chinoise, considère Eswar Prasad, chercheur principal à l’Institution Brookings. Ces accords refléteraient et renforceraient le pouvoir croissant du renminbi alors que la Chine accroît son empreinte économique et diplomatique en Afrique.

D’autres initiatives sont en cours à la Nouvelle Banque de Développement (NDB), la banque multilatérale créée par les États des BRICS, pour effectuer des changements. Le programme de prêts en monnaie locale de la NDB commence à réduire, même légèrement, la dépendance des pays des BRICS vis-à-vis du financement du développement en dollars. Cela intervient alors que les institutions financières mondiales telles que le FMI, la Banque mondiale et la Banque centrale européenne réorientent leur attention vers le Sud mondial, en partie pour contrebalancer les programmes de prêts stratégiques de la Chine en Afrique.

Le renforcement de la stratégie de la NDB repose sur sa notation AA+, ce qui lui permet de lever des capitaux à un taux moins élevé et de prêter à des taux plus bas que les banques des membres des BRICS pourraient le faire individuellement. Cette approche combinée – la promotion des prêts en monnaie locale et l’éloignement du financement dominé par le dollar –, constitue un défi cohérent à l’hégémonie de longue date du dollar dans le financement du développement mondial.

Par exemple, l’Afrique du Sud prévoit de solliciter de nouveaux prêts auprès de la NDB pour l’exercice 2023-2024, afin de faire face aux défis auxquels fait face son secteur de l’énergie. Un précédent prêt de la NDB en 2019 a financé un système de stockage d’énergie par batterie pour répondre à la demande maximale d’électricité à partir d’énergies renouvelables. Le nouveau prêt de la NDB devrait renforcer le réseau de transmission, notamment dans les provinces riches en énergie éolienne et solaire, et améliorer la performance médiocre de l’effort de l’Afrique du Sud en matière d’énergie renouvelable.

 

 

Promouvoir les voies de paiement

Un autre moyen que les nations des BRICS explorent dans leur quête de dédollarisation est le développement de leurs propres systèmes de paiement mondiaux. Ce faisant, ils visent à réduire leur dépendance au dollar américain et à SWIFT, le réseau de paiement mondial dominant.

Cette démarche leur permettrait également d’établir leurs propres règles bancaires internationales et les aiderait à se prémunir contre les sanctions américaines. La Russie et la Chine développent leurs alternatives nationales à SWIFT.

Et ce n’est pas seulement à travers le prisme des BRICS ou d’une Chine en plein essor que les pays africains envisagent des améliorations monétaires. Le système de paiement et de règlement panafricain (PAPSS), une initiative développée par Afreximbank, vise à transformer le commerce intra-africain en facilitant les transactions transfrontalières dans les monnaies locales.

Carlos Lopes

Pour sa part, l’économiste Carlos Lopes juge que ce système représente une avancée significative vers la dédollarisation de l’Afrique, atténuant la dépendance du continent vis-à-vis des systèmes financiers externes. « Si vous ne voulez pas tomber dans les bras des Chinois, vous aimeriez avoir des normes de gouvernance économique qui vous protègent. Les gouvernements africains naviguent autant que possible dans les tensions géopolitiques, car en ce moment, il s’agit de contourner le fait que vous devez avoir un tiers dans le processus de paiement qui conserve une grande partie de la valeur », explique l’ancien chef de la Commission économique pour l’Afrique.

 

Viser l’or

Les banques centrales des pays du Sud et du Moyen-Orient sont également en train d’effectuer une transition stratégique pour renforcer leurs réserves d’or dans le cadre de leur stratégie de diversification.

La demande d’or a atteint un sommet décennal en 2022, sous l’impulsion d’achats importants de la part des banques centrales, mettant en évidence l’attrait de cet actif face aux incertitudes géopolitiques. Le World Gold Council (WGC) rapporte une augmentation de 18 % de la demande annuelle d’or l’année dernière, atteignant 4 741 tonnes. Il s’agit du plus grand montant depuis 2011, et les achats des banques centrales ont atteint leur plus haut niveau en 55 ans. Cette tendance est largement attribuée aux banques centrales qui diversifient leurs réserves loin du dollar, notamment après les blocages d’actifs américains, qui ont suscité des inquiétudes de Pékin à Buenos Aires.

Taiwo Oyedele (PwC) suggère un potentiel changement dans les stratégies monétaires : « Il est possible que certains pays africains, en particulier l’Afrique du Sud en tant que membre des BRICS, envisagent de réévaluer leurs stratégies de réserves de change. »

Cependant, précise-t-il, il n’existe actuellement aucun plan concret indiquant que les gestionnaires de réserves prennent de telles mesures ce trimestre. Au lieu de cela, ils semblent adopter une position attentiste, observant les dynamiques mondiales en évolution, en particulier la lutte de pouvoir entre l’Occident et une Chine en plein essor et ses alliés.

 

 

Rêves numériques

À la base, le processus de dédollarisation est stimulé par des changements démographiques, la prise en compte du carbone et l’émergence des devises numériques des banques centrales (CBDC), observe Carlos Lopes. En Afrique, le paysage des devises numériques évolue rapidement, avec des pays comme le Nigeria, le Kenya et l’Afrique du Sud qui adoptent ces avancées et impulsent des initiatives réglementaires. Les partisans soutiennent que les CBDC ne sont pas simplement de nouveaux outils monétaires, mais des vecteurs d’inclusion financière, ouvrant la voie à des millions de personnes pour entrer dans l’économie numérique.

Alors que le Nigeria peaufine son eNaira suite à une réaction populaire, et que l’Afrique du Sud avance dans ses tests de CBDC de gros, le continent se forge une place unique dans l’architecture financière mondiale. « Nous allons l’envisager comme le début de l’union d’une nouvelle gouvernance financière avec la technologie », commente Carlos Lopes.

La transition vers les devises numériques est sur le point de saper l’hégémonie monétaire traditionnelle, annonçant une ère où l’Afrique affirme sa souveraineté économique numérique.

Cette affirmation croissante, associée à l’influence grandissante des BRICS sur la scène mondiale et à leur volonté de recruter de nouveaux membres, pourrait signifier un rééquilibrage potentiel des dynamiques de pouvoir mondiales, constituant un défi redoutable pour l’hégémonie américaine de longue date et l’ordre économique établi du G7.

 

Et toujours le « plus joli cochon dans la porcherie »

 

Les tentatives de rompre les liens profondément ancrés avec le dollar peuvent ne pas être également attrayantes pour tous les membres des BRICS, et toute transition promet d’être un processus lent et complexe.

« Les membres des BRICS ont montré un fort engagement à promouvoir l’utilisation de devises locales, à construire des alternatives non-dollar pour le financement international », explique Zongyuan Zoe Liu. La chercheuse au Council on Foreign Relations poursuit : « Pour des pays comme l’Afrique du Sud, ainsi que d’autres grandes économies africaines, ils sont encore basés sur les matières premières. Et que ce soit le bois, les minéraux critiques ou le pétrole, ces biens sont libellés en dollars sur les marchés mondiaux, donc leurs économies sont fortement exposées au système financier basé sur le dollar, et utiliser la monnaie nationale pour lever des dettes va être extrêmement difficile en raison du manque de marchés obligataires locaux développés. »

Les partisans du dollar affirment que, malgré ses imperfections inhérentes, il a toujours été un refuge pour les investissements. Son vaste marché, relativement sûr et moins corrompu, en fait le « plus joli cochon dans la porcherie », selon David Beckworth, chercheur au Mercatus Center de l’Université George Mason.

L’attrait du dollar a été particulièrement prononcé lors de la récente crise économique mondiale. La demande internationale pour le dollar était telle que la Fed a été contrainte de lancer un programme quotidien d’échange avec d’autres banques centrales. Selon de nombreux analystes occidentaux, cette initiative renforcera le système dollar mondial et amplifiera ses effets de réseau déjà importants.

« La Fed fait tout son possible pour rassurer les investisseurs mondiaux que le dollar est un endroit sûr pour détenir des actifs. Et les efforts de la Fed sont plus forts que ce que fait le Département du Trésor en ce qui concerne les sanctions internationales », considère David Beckworth.

Cela implique que sans un événement catastrophique, tel qu’une crise bancaire ruineuse, un effondrement politique interne ou une invasion chinoise de Taïwan conduisant à une guerre mondiale, l’avantage inhérent de premier arrivé du dollar est peu susceptible de faiblir à court terme.

Environ la moitié de toutes les transactions commerciales internationales sont libellées en dollars américains, ce qui souligne l’influence disproportionnée de cette devise.

La Chine, la deuxième économie mondiale, mène la charge. En 2022, le renminbi chinois a continué de monter régulièrement, conformément au rythme observé ces dernières années, tandis que Pékin réduisait ses avoirs en bons du Trésor américain d’environ 20 %. Cependant, certaines faiblesses dans les contrôles des capitaux et les systèmes de gouvernance de la Chine signifient que le dollar continuera d’être attractif pour les investisseurs, selon les analystes.

« Les gestionnaires de réserves des marchés émergents sont certainement désireux de se diversifier en dehors des investissements dans des pays et des devises perçus comme étant du côté opposé des fissures géopolitiques qui se creusent », analyse Eswar Prasad.

 

Le jeune continent

 « La réalité difficile à laquelle les gestionnaires de réserves sont confrontés, cependant, est que l’offre d’actifs financiers faciles à acheter et à vendre à bon marché et en grandes quantités – et qui sont soutenus par des banques centrales solides et des cadres réglementaires solides – provient principalement des grandes économies avancées. La part du renminbi dans les réserves des économies des marchés émergents augmentera inévitablement en raison de motifs de diversification et de tensions géopolitiques, bien que cette augmentation soit limitée par les contrôles des capitaux de la Chine et son faible cadre institutionnel », conclut l’analyste de l’Institution Brookings.

La croissance de l’assertivité, combinée à l’influence croissante des BRICS sur la scène mondiale, pourrait constituer un défi redoutable pour l’hégémonie de longue date des États-Unis.

Le monde occidental, confronté au déclin démographique, est en contraste avec une Afrique en plein essor, débordante d’une population jeune et de plus en plus technophile. Les implications de cette dichotomie, suggère Lopes, résonneront à travers les structures financières mondiales, érodant la domination actuelle du dollar et remodelant le récit économique.

Que les prédictions sur la disparition du dollar se révèlent prématurées ou non, le mois d’août représente une étape importante. L’Afrique, largement ignorée lors de l’établissement de l’hégémonie du dollar dans l’ordre mondial de Bretton Woods à la suite de la Seconde Guerre mondiale, occupera enfin le devant de la scène.

@AB

Écrit par
William McBain

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