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Analyse et Opinion

Le libre-échange, au-delà du continent

Le libre-échange, au-delà du continent
  • Publiéoctobre 12, 2023

Le commerce avec l’Asie offre des d’opportunités d’exportation de 1 000 milliards de dollars pour l’Afrique. Des corridors de forte croissance prennent racine entre les régions africaines et au-delà du continent.

 

Selon un nouveau rapport de Standard Chartered, les exportations totales de l’Afrique atteindront 952 milliards de dollars d’ici 2035, soutenues par des corridors à forte croissance à la fois entre les régions africaines et avec des régions au-delà, y compris l’Asie et le Moyen-Orient.

Parmi les routes commerciales les plus prometteuses mises en évidence dans le rapport Future of Trade : Africa est le corridor Afrique de l’Est-Asie du Sud, qui, selon la banque, connaîtra une croissance de 7,1 % par an jusqu’en 2035, soutenue par les opportunités d’une Inde en pleine croissance et apportant des bénéfices économiques de 30 milliards $. L’Afrique de l’Ouest bénéficiera également des liens avec l’Asie du Sud, puisque ses échanges commerciaux augmenteront de 6,1 % par an.

« En plus de l’impact direct, l’accord de libre-échange pourrait avoir un impact induit au-delà de ce qui est actuellement pris en compte. »

« La plupart des exportations totales de l’Afrique seront tirées par le commerce avec le reste du monde, dominé par les exportations de matières premières. L’Inde étant l’une des principales économies à la croissance la plus rapide, les corridors entre l’Afrique et l’Asie du Sud devraient connaître la croissance la plus rapide », indique le rapport.

Les avantages offerts par les corridors Moyen-Orient Afrique du Nord et Moyen-Orient Afrique de l’Est seront également considérables, leur volume d’échanges combiné devant atteindre près de 200 milliards $ d’ici 2035.

De plus, les nouveaux corridors devraient également faciliter le commerce intra-africain, qui, selon la banque, atteindra 140 milliards de dollars d’ici 2035, soit 15 % des exportations totales de l’Afrique. Les flux au sein de l’Afrique de l’Est et de l’Ouest devraient croître respectivement de 15,1 % et de 13,2 %.

Les analystes prévoient « une forte croissance » du commerce intrarégional pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique de l’Est. Les marchés de l’Afrique de l’Ouest offrent un grand potentiel pour la création de chaînes de valeur en aval des produits agricoles tels que le beurre de karité et les fèves de cacao. Des projets tels que le projet d’infrastructure régionale de communication pour l’Afrique de l’Ouest pourraient favoriser une plus grande connectivité.

 

L’importance du libre-échange

En Afrique de l’Est, le développement d’infrastructures transfrontalières à grande échelle, telles que le projet de corridor de Lapsset reliant l’Éthiopie, le Kenya et le Sud-Soudan, favorisera l’accroissement des échanges au cours des prochaines décennies.

Toutefois, bon nombre de ces avantages dépendront de la réussite de la mise en place de la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine). Les exportations totales de l’Afrique pourraient augmenter de 29 % d’ici à 2035 si le système est pleinement mis en œuvre.

Toutefois, des règles d’origine communes devront être mises en œuvre par  la ZLECAf pour permettre aux huit communautés économiques régionales du continent d’échapper à l’effet « bol de spaghetti », selon lequel le chevauchement des adhésions aux accords sous-régionaux rend leurs objectifs « difficiles et parfois carrément impossibles à atteindre ».

Un sondage réalisé par la banque auprès d’une centaine de chefs d’entreprise africains a révélé que 63 % d’entre eux estiment que les « règles commerciales complexes et incertaines » constituent le principal obstacle au commerce intra-africain, tandis que 51 % citent l’inefficacité des facilitateurs commerciaux et 53 % le sous-développement de l’infrastructure.

Les dirigeants de la banque affirment qu’une série de choix politiques doivent être mis en œuvre si l’on veut libérer toute la valeur de la ZLECAf.

« Les marchés africains sont confrontés à des règles commerciales complexes et incertaines, à une mauvaise gouvernance, à des infrastructures sous-développées et à des coûts de capitaux élevés », écrit José Viñals, président du groupe de la banque.

« Tous ces éléments préoccupent – en moyenne – la moitié des chefs d’entreprise de la région. L’Afrique présente également un taux élevé de variation des niveaux de développement entre les nations qui la composent. Nous devons veiller à éviter les pièges d’une approche globale de la politique commerciale et du développement. »

 

Des effets induits

Environ 90 % des personnes interrogées jugent que la ZLECAf peut résoudre la plupart de ces problèmes. Si les réformes envisagées se concrétisent, la ZLECAf pourrait avoir un impact direct considérable sur le développement du commerce africain. Selon une étude de la Banque mondiale, si  la ZLECAf est pleinement mis en œuvre, les exportations totales des marchés de  la ZLECAf en 2035 pourraient potentiellement augmenter de 29 % par rapport à la base de référence de 2035, et les exportations totales intra-africaines pourraient presque doubler au cours de la même période.

« En plus de l’impact direct, l’accord de libre-échange pourrait avoir un impact induit au-delà de ce qui est actuellement pris en compte. » Par exemple, la croissance des exportations manufacturières pourrait stimuler la productivité et la compétitivité de l’Afrique, entraînant une augmentation des flux d’investissements étrangers et des transferts de technologie, ce qui pourrait renforcer l’apprentissage industriel et le potentiel d’exportation des industries africaines.

@AB

Écrit par
David Thomas

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