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Analyse et Opinion

La décarbonation est la priorité

La décarbonation est la priorité
  • Publiéaoût 31, 2023

Alors que le climat révèle que le changement climatique a déjà un impact sur la vie d’une majorité d’Africains, le vice-président de la BEI examine les moyens par lesquels le continent peut jouer un rôle clé dans le développement des énergies vertes.

 

Les résultats de l’enquête de la Banque européenne d’investissement (BEI) sur le climat apportent un éclairage précieux sur l’opinion publique en Afrique.

L’activité humaine modifie le climat de la Terre de manière sans précédent, et certains de ses effets sont désormais inévitables et irréversibles, comme l’ont souligné les scientifiques. De toutes les régions du monde, l’Afrique est l’une de celles qui risquent le plus de subir les effets dévastateurs du changement climatique.

Un avenir plus durable pour l’Afrique et le monde entier est à portée de main. Les gouvernements, les institutions financières, la société civile et les citoyens doivent tous travailler ensemble pour y parvenir.

L’enquête de la BEI sur le climat montre que pour des millions de personnes sur le continent africain, le changement climatique rend déjà plus difficiles les aspects de la vie quotidienne tels que l’accès à l’eau et l’approvisionnement en nourriture. Une grande majorité des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête déclarent également que le changement climatique a une incidence sur leurs revenus et leurs moyens de subsistance.

– 88 % des Africains interrogés estiment que le changement climatique affecte déjà leur vie quotidienne.

– 61 % jugent que le changement climatique et les dégâts environnementaux ont affecté leurs revenus ou leurs moyens de subsistance.

– Et 76 % des personnes interrogées estiment que les énergies renouvelables devraient être prioritaires.

Nous devons agir maintenant pour limiter le changement climatique et la perte de biodiversité, et pour nous adapter à leur impact, mais nous avons également besoin d’un système de financement qui soutiendra cette transition.

La décarbonation doit être une priorité absolue

Il existe un consensus clair sur la voie à suivre : plus de trois quarts des personnes interrogées affirment que pour prévenir le réchauffement de la planète, les économies doivent faire de la décarbonation une priorité absolue. À la BEI, nous sommes tout à fait d’accord. En tant que l’une des plus grandes banques multilatérales de développement au monde et la banque de l’Union européenne pour le climat, nous avons été les pionniers des investissements dans les énergies propres à l’échelle mondiale, telles que l’énergie éolienne, solaire et hydroélectrique, ainsi que les solutions hors réseau.

Heureusement, les coûts ont tellement baissé que les énergies renouvelables sont aujourd’hui la forme la moins chère de production d’électricité dans le monde. L’étape suivante consiste à améliorer le stockage de l’électricité afin qu’elle puisse être utilisée même lorsque le soleil ne brille pas ou que le vent ne souffle pas. En même temps, nous savons que nous ne pouvons pas tout électrifier. Par exemple, les avions ne peuvent pas supporter le poids de lourdes batteries. D’autres industries, comme la production de ciment et d’acier, sont également difficiles à décarboner.

 

Un rôle clé pour l’Afrique

L’utilisation d’énergie verte pour produire de l’hydrogène vert pourrait être au cœur de la solution. Nous avons également besoin de technologies innovantes pour capturer le carbone et bien le stocker. L’Afrique a la possibilité de jouer un rôle clé dans la promotion de son indépendance énergétique et dans la réduction des émissions au niveau mondial. L’Alliance africaine pour l’hydrogène vert, lancée par le Kenya, l’Afrique du Sud, la Namibie, l’Égypte, le Maroc et la Mauritanie, est un bon début, car le bloc cherche à devenir un producteur et un exportateur clé d’hydrogène vert dans le monde.

Le secteur public doit jouer un rôle de premier plan dans les investissements verts. Il s’agit notamment de mettre en place des cadres juridiques, de définir des politiques qui encouragent les marchés à fournir de l’énergie propre et de fournir un financement public pour les projets verts. Cela attirera des financements privés et contribuera à accélérer la transition vers un avenir énergétique propre. Cependant, la capacité des gouvernements, en particulier dans les pays les plus pauvres ou les plus vulnérables, à emprunter et à investir est limitée et de plus en plus entravée par la hausse des taux d’intérêt.

Impression d'un pipeline d'hydrogène vert du futur avec des éoliennes en arrière-plan, générée par l'IA. (Image : Imagemir / Adobe Stock).
Impression d’un pipeline d’hydrogène vert du futur avec des éoliennes en arrière-plan, générée par l’IA. (Image : Imagemir / Adobe Stock).

 

Ces pays ont besoin d’un meilleur accès à des prêts à long terme et à faible coût. Les banques multilatérales de développement devraient être prêtes à répondre à ce besoin en proposant une durée plus longue pour leurs prêts souverains.

Les partenariats public-privé peuvent contribuer au développement et à l’application de nouvelles technologies en matière d’énergie verte, telles que les éoliennes flottantes, la production d’hydrogène vert et l’utilisation de drones dans l’agriculture. Ils peuvent également contribuer à la mise au point de solutions naturelles pour lutter contre les changements climatiques, telles que le reboisement et la préparation aux catastrophes.

 

L’engagement de la BEI

La lutte contre les changements climatiques est l’une des principales priorités de la BEI. Présente en Afrique depuis 1965, la banque a investi près de 60 milliards d’euros dans 52 pays africains, à l’appui de projets d’infrastructure, d’entreprises innovantes et de programmes d’énergies renouvelables, dans les secteurs public et privé. Nous finançons des entreprises de toute taille, des microentreprises aux plus grandes multinationales, que ce soit par le biais d’intermédiaires ou de prêts directs. 

La BEI s’est engagée à aider l’Afrique à mieux résister aux changements climatiques. Nous envisageons de proposer des reports de paiement de la dette et des échanges dette-nature pour aider les pays à réduire le fardeau de leur dette et à investir dans des infrastructures vertes. Notre objectif est de créer une économie verte qui soutienne des emplois durables, et nous cherchons à mobiliser plus de 1 000 milliards d’euros d’investissements verts dans le monde d’ici à 2030 pour rendre cela possible.

Un avenir plus durable pour l’Afrique et le monde entier est à portée de main. Les gouvernements, les institutions financières, la société civile et les citoyens doivent tous travailler ensemble pour y parvenir. Nous faisons tous partie de la solution.

 

Thomas Östros est vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI).

 

@AB

Écrit par
Thomas Östros

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