Des budgets publics verts soutiennent l’engagement privé
Selon un rapport publié par l’AVCA, une réorientation des priorités publiques en direction de la transition climatique constituerait un effet de levier pour les capitaux privés, encore trop peu engagés dans ce domaine sur le continent.
« Quelles stratégies adopter face aux contraintes climatiques ? », s’interroge l’AVCA (Association africaine du capital-risque et du capital investissement) dans un rapport co-écrit avec la Fondation Tony Blair. Climate Financing in Africa: Strategies for the Future dresse le tableau des financements africains – et externes au continent – destinés à la transition climatique. On y constate par exemple les avancées de certaines régions comme l’Afrique de l’Est et la prise de conscience collective, parfois peu suivie d’effet chez les gouvernants.
« L’adoption d’une gestion écologique des finances publiques renforce également la capacité du gouvernement à consolider son architecture financière écologique et à encourager le secteur privé à investir davantage dans le domaine du climat. »
En particulier, ces derniers manquent de données précises sur lesquelles appuyer leurs décisions, en dehors de généralités. Aussi semble-t-il nécessaire aux auteurs du rapport de combler les lacunes en matière de capacités institutionnelles et de connaissances, d’assurer une meilleure rationalisation des finances publiques en faveur de la question du changement climatique et aligner l’ADP (Aide publique au développement) sur les opportunités innovantes de « croissance verte ».
Pour cela, les gouvernements doivent s’assurer qu’ils disposent des connaissances nécessaires à la prise de décisions relatives au climat. Et jugent les auteurs, ils doivent intégrer des conseillers en matière d’action et de financement climatiques au sein des ministères. Ces conseillers serviront d’experts en la matière pour les fonctionnaires et veilleront à ce que les décisions relatives au climat restent techniquement valables.
Par exemple, étant donné que les gouvernements continuent de subventionner les combustibles fossiles au détriment de l’environnement et d’autres formes d’énergie plus propres, ces conseillers peuvent veiller à ce que ces subventions énergétiques soient mieux alignées sur les risques liés au changement climatique. Et permettre ainsi de mieux préciser comment et quand les combustibles fossiles doivent être subventionnés.

La nature transversale de l’action climatique et du travail de financement du climat peut également aider les gouvernements à comprendre que le changement climatique est une question de développement national et pas seulement une question environnementale, et qu’il nécessite donc des efforts coordonnés.
Un engagement citoyen
La création de labels « Respectueux du climat » peut également contribuer à soutenir les efforts de mise en œuvre de projets climatiques à cet égard. Ces labels se concentrent sur les obstacles potentiels à la mise en œuvre et fournissent des conseils sur les interventions nécessaires. Cela va de pair avec la rationalisation des processus de financement climatique et des mécanismes d’allocation des bénéfices exceptionnels aux communautés vulnérables.
En outre, les gouvernements devraient activement développer les connaissances du public. « Permettre aux citoyens de s’impliquer dans la lutte contre le changement climatique par le biais d’initiatives d’engagement civique contribue à fournir un réservoir d’expertises locales dans lequel les gouvernements peuvent puiser pour élaborer leurs politiques. »
Afin de s’assurer que les budgets nationaux sont correctement utilisés pour le financement du climat, les gouvernements devraient envisager l’adoption d’une budgétisation verte, également connue sous le nom de budgétisation climatique ou de gestion verte des finances publiques.
Tout en reconnaissant que les pays africains peuvent avoir des approches et des capacités différentes en matière de gestion des finances publiques, les gouvernements devraient néanmoins commencer par définir clairement les priorités stratégiques relatives au changement climatique afin de mieux orienter les décisions en matière de dépenses publiques.
Les auteurs jugent également que les gouvernements devraient également (ré)orienter leurs systèmes nationaux de comptabilité et d’information financière afin de mieux saisir les données financières pertinentes liées au changement climatique. Il existe plusieurs ressources de budgétisation verte mises à disposition par les organisations internationales.

Les avantages qui découlent du marquage des budgets verts sont notamment de permettre aux pays d’améliorer leurs systèmes de suivi et d’évaluation des budgets climatiques et de compléter d’autres leviers politiques tels que les réglementations sur le changement climatique. À moyen et long terme, cela peut aider le gouvernement à mieux rationaliser ses finances et à mieux soutenir la recherche et l’innovation. « L’adoption d’une gestion écologique des finances publiques renforce également la capacité du gouvernement à consolider son architecture financière écologique et à encourager le secteur privé à investir davantage dans le domaine du climat. »
Savoir utiliser les fonds déjà constitués
Étant donné que les contributions des agences internationales d’ADP constituent l’une des sources de financement de la lutte contre le changement climatique, les gouvernements devraient veiller à ce que l’aide au développement soit alignée sur des opportunités de croissance verte innovantes et inclusives. L’alignement de l’APD sur des opportunités de « croissance verte » innovantes et inclusives constitue dès lors « une mesure judicieuse » compte tenu de divers développements mondiaux.
Les auteurs citent en exemples le partenariat entre l’Institut mondial pour la croissance verte et la Banque africaine de développement, ou l’annonce par le Comité d’aide au développement de l’OCDE qu’il « alignera la coopération au développement sur les objectifs de l’accord de Paris sur le changement climatique ».
Des fonds spéciaux en cours de constitution sont des atouts précieux. En outre, les pays devraient également tirer parti des programmes d’accélération du financement du climat organisés par les agences internationales de développement pour stimuler l’innovation nationale en matière de climat. On peut citer le Green Shark Challenge du PNUD et de l’Unicef, par exemple ; ainsi que le programme d’actions défini à Addis-Abeba en 2015.
@AB