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Analyse et Opinion

Audace, solidarité et coopération internationale

Audace, solidarité et coopération internationale
  • Publiéaoût 16, 2022

Face à la situation actuelle de l’Afrique, l’ancien ministre de l’Économie et des finances en Tunisie, Hakim Ben Hammouda, livre ses propositions afin de relancer et stabiliser l’économie du continent, afin de préserver le contrat social.

 

Après des années de crise et une décennie perdue au cours des années 1990, notre continent avait retrouvé les chemins d’une croissance forte. D’un continent sans espoir, l’Afrique est devenue au cours de ces années fastes de la croissance africaine l’espoir de l’avenir du monde.

Or, ce contexte a changé radicalement au cours des deux dernières années sous les effets de deux chocs exogènes d’une rare violence : la crise sanitaire et la guerre en Ukraine.

Ces deux chocs ont engendré quatre grandes crises : l’affaiblissement de la croissance, la détérioration des grands équilibres macroéconomiques, une plus grande vulnérabilité financière et une crise sociale sans précédent qui est venue peser sur un contrat social en grande perte de vitesse.

Les différentes crises ont été à l’origine de l’essoufflement du contrat social postindépendance. La reconstruction de ce contrat sera déterminante pour assurer la stabilité des pays africains et pour renforcer la construction démocratique.

L’Afrique fait face aujourd’hui à un moment historique qui exige des réponses immédiates pour remettre le continent sur un sentier de croissance inclusive et durable. La responsabilité des gouvernements africains et des ministres de l’économie et des finances et des gouverneurs de Banque centrale, est de définir les stratégies de développement et les politiques économiques à mettre en place pour faire face aux deux chocs et aux quatre grandes crises qui en résultent.

Ces réponses doivent s’attaquer aux cinq défis suivants à savoir la stabilisation macroéconomique, la relance de la croissance, la transformation structurelle, l’intégration, et la défense du contrat social.

 

La stabilisation macroéconomique

 La première des grandes préoccupations des gouvernements africains serait de faire face à la dérive des grands équilibres macroéconomiques. C’est en arrêtant cette dérive que nous pouvons réduire la vulnérabilité financière et limiter le recours à l’endettement international.

À ce niveau, je mettrai l’accent sur deux questions importantes qui contribuent à la stabilisation budgétaire. La première est relative à l’accroissement de l’efficacité du système fiscal afin de faire face aux fuites et augmenter les recettes des pays africains. De ce point de vue, la digitalisation des administrations fiscales constitue un objectif essentiel auquel les pays africains doivent consacrer les ressources nécessaires.

La seconde question est relative à la dette africaine et à la grande vulnérabilité qu’elle fait peser sur les pays africains. De ce point de vue, nous devons mettre l’accent sur deux éléments importants.

Le premier concerne une gestion plus transparente et dynamique de la dette. Pour cela, je suggère de créer des agences de gestion de la dette publique capable de sortir de la gestion traditionnelle et de mettre en place des politiques plus dynamiques qui peuvent réduire le poids de la dette.

Le second élément concerne la réduction du poids de la dette sur les pays africains. Nous avons souligné les limites des initiatives mises en place par le G20 et la communauté internationale. De ce point de vue, les pays africains doivent se mobiliser avec l’Union africaine pour une initiative plus audacieuse afin de limiter le poids de la dette et des remboursements en cours. Cette initiative ne doit pas se limiter aux pays les moins avancés mais doit également concerner les pays intermédiaires qui sont également touchés par la vulnérabilité de la dette.

 

La relance de la croissance

 La relance des économies doit faire partie du programme de sauvetage pour aider les pays africains à faire face aux grands chocs et aux crises. Cette relance est d’autant plus nécessaire qu’elle permettra d’éviter que la stabilisation macroéconomique ne se transforme en une austérité qui pourrait renforcer les crises économiques et le désenchantement.

La politique de relance nous amène à souligner la nécessité de mobiliser les ressources pour engager un nouveau sentier de croissance et qui sont estimées par la BAD à 432 milliards de dollars pour la période 2020-2022.

La mobilisation de ces ressources exige plusieurs actions dont une forte coordination entre les politiques monétaires et budgétaires afin de laisser une marge de manœuvre à l’investissement public en dépit des impératifs de lutte contre l’inflation. Ainsi que le développement du marché financier interne afin qu’il joue son rôle comme une source de financement dynamique. Sans oublier la nécessité d’exiger un accroissement de l’aide publique au développement afin d’aider les pays africains à faire face aux difficultés.

La mobilisation des ressources pose la question essentielle des agences de notation, particulièrement des trois grandes agences qui dominent le marché, Moody’s, Fitch et Standard & Poor’s. Un nombre croissant de pays africains ont recours à ces agences. Ainsi d’un seul pays en 1994 nous comptons aujourd’hui 32 pays. Mais, les appréciations et les notations ne prennent pas en considération la spécificité des dynamiques de développement sur le continent.

Écrit par
Hakim Ben Hammouda

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