Coups de pouce à l’agriculture camerounaise

Appuyés par les institutions panafricaines ou internationales, le gouvernement camerounais tente de relancer un pilier essentiel de l’économie du pays. Si sa contribution au PIB a légèrement progressé en 2021, l’agriculture pâtit du désintérêt des jeunes.
La BAD (Banque africaine de développement) vient appuyer le Fonds de développement des filières agricoles au Cameroun. Cette initiative avait été annoncée, le 8 septembre 2022, par le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Gabriel Mbairobe et le directeur général de la Commercial Bank of Cameroun, Léandre Djummo. Le directeur général de la BAD pour l’Afrique centrale, Serge N’Guessan, assistait à la signature de convention entre les deux parties.
Dans le cadre de la mise en œuvre du Projet de développement des chaînes de valeurs agricoles, ce fonds fournira des ressources longues aux établissements de microfinance, afin qu’eux-mêmes puissent accorder, avec une certaine flexibilité, des crédits à moyen terme (deux à quatre ans) aux acteurs des chaînes de valeur agricoles.
Le gouvernement « fera en sorte que ce fonds innovant ait plus de ressources, pour que davantage d’agriculteurs en bénéficient et, surtout, que le développement rural soit une réalité au Cameroun et en Afrique centrale », a ajouté Serge N’Guessan (BAD).
Le Projet de développement des filières agricoles dote ainsi le Fonds de 13,12 millions d’euros, outre une garantie partielle de crédit de 4,58 millions d’euros pour un partage des risques avec les banques commerciales.
De son côté, la Commercial Bank of Cameroun mettra les ressources à la disposition des établissements de microfinance, plus proches du terrain et, partant, des organisations de producteurs, des PME de jeunes engagées dans l’agriculture commerciale.
Les parties sont convaincues que l’« agriculture est un pilier important de la transformation structurelle de notre économie », a déclaré le ministre Gabriel Mbairobe, qui se dit « très sensible à cet accompagnement multiforme ».
Le gouvernement « fera en sorte que ce fonds innovant ait plus de ressources, pour que davantage d’agriculteurs en bénéficient et, surtout, que le développement rural soit une réalité au Cameroun et en Afrique centrale », a ajouté Serge N’Guessan.
Bananes et cacao en progrès
Selon le schéma établi, l’établissement de microfinance se rapproche de l’opérateur financier – en l’occurrence la Commercial Bank of Cameroun –, pour une demande de refinancement, qui lui est accordée à un taux d’intérêt très concessionnel de 3 %. En retour, l’établissement de microfinance octroie des crédits à ses clients, coopératives et petites entreprises agricoles, et autres. L’établissement de microfinance apporte 30 % de ses ressources propres et le Fonds de développement des filières agricoles contribue à hauteur de 60 % des besoins en financement du promoteur. Lequel assume une contrepartie financière de 10 %.
Doté de 115,05 millions d’euros, le Projet de développement des chaînes de valeur agricoles est financé à hauteur de 77,6 % par la BAD, et à 21,5 % par l’État du Cameroun et 0,9% par les bénéficiaires. Objectifs : contribuer à créer des richesses partagées, des emplois pour les jeunes, et renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en renforçant la compétitivité des filières palmier à huile, banane plantain et ananas, dont le Cameroun est l’un des principaux exportateurs en Afrique centrale.
D’ailleurs, selon le rapport 2021 sur les comptes nationaux, que vient de publier l’Institut national de la statistique (INS), les activités dans le secteur primaire au Cameroun se sont améliorées de 2,9% (contre 1,4% en 2020), en raison de la bonne tenue de la branche agriculture (+3,5%, après +1,7% en 2020).
« L’accélération de la croissance dans cette branche résulte de la bonne dynamique du commerce extérieur, soutenue par une augmentation de la production des fèves de cacao (13,7%) et de la banane (9,0%) », souligne l’INS, cité par le magazine Investir au Cameroun.
Qui révèle d’autre part des chiffres sur le projet Viva Benoué ; lequel vise, entre autres actions, à aménager et réhabiliter environ 11 000 hectares de périmètre hydroagricole dans la région du Nord du Cameroun, réputée aride. Selon les calculs de la Banque mondiale, il devrait, au bout de sept ans, créer 27 000 emplois dans cette partie du pays. Il pourrait se traduire par une multiplication par 20 de la productivité agricole.
Selon la Banque mondiale, ce projet « s’inscrit dans le cadre des efforts menés par le gouvernement du Cameroun pour résoudre le problème de la maîtrise de l’eau dans le Nord du pays ».

@AB