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Vincent Le Guennou, Africa50 : Développer les infrastructures

Vincent Le Guennou, Africa50 : Développer les infrastructures
  • Publiédécembre 20, 2021

Africa50, la plateforme d’investissement panafricaine axée sur les grands projets d’infrastructure, a procédé au lancement d’un fonds de 500 millions de dollars dédié à catalyser de nouveaux investissements. À sa tête, un vétéran du capital-investissement, Vincent Le Guennou, qui explique sa stratégie.

Rencontre avec Omar Ben Yedder

Malgré son âge relativement jeune, Vincent Le Guennou peut être considéré comme un vétéran de l’investissement africain et plus particulièrement de la sphère africaine du Private Equity. Dont il a, sans aucun doute, contribué à façonner et à développer l’industrie.

Pendant deux décennies, en tant que fondateur et co-PDG, il a été le moteur de la croissance d’Emerging Capital Partners. Son prochain défi, en tant que PDG de l’Infrastructure Acceleration Fund d’Africa50, sera de remodeler l’espace des infrastructures africaines.

« Africa50 développe un système de mesures qui attribuera des notes aux projets en fonction de leur impact environnemental. Le Fonds d’accélération disposera d’une stratégie climatique qui orientera les décisions d’investissement. Nous veillerons à ce que lorsque nous investissons dans un projet, nous aidons le continent à devenir plus vert. »

On le décrit comme quelqu’un d’ambitieux et animé par une forte passion de voir l’Afrique réussir. Un ancien collègue le décrit comme un parfait communicateur et excellent pour amener les investisseurs à adhérer à sa vision, en d’autres termes, très efficace pour la collecte de fonds.

S’il a rejoint Africa50, c’est parce qu’il y voit une opportunité d’avoir un impact durable dans le difficile secteur des infrastructures et d’y acquérir une place significative.

Le manque d’infrastructures est pour le continent est un frein majeur à la croissance économique, qui lui coûte trois à quatre points de pourcentage par an.

Les lacunes de l’Afrique à cet égard, en particulier dans les infrastructures routières, ferroviaires et électriques, sont bien documentées. Même dans la téléphonie mobile et le haut débit, la rareté des infrastructures nécessaires signifie que les Africains paient les coûts les plus élevés.

Vincent Le Guennou explique que le Fonds entend combler le déficit d’infrastructure en investissant dans divers de secteurs clés, tels que l’électricité, l’eau, les TIC, la distribution de gaz, ainsi que dans des projets d’infrastructure sociale dans les domaines de la santé et de l’éducation.

Compte tenu du déficit d’infrastructures, 500 millions de dollars sont-ils suffisants pour faire la différence ? Vincent Le Guennou considère qu’une fois ce premier pas franchi, le Fonds contribuera à lever un financement total de 5 à 6 milliards $ d’investissements.

Les investissements, poursuit-il, devraient être de l’ordre de 40 millions $ chacun, la société prenant des positions en fonds propres et quasi-fonds propres. « Ce sera un fonds commercial à la recherche de rendements commerciaux », explique le dirigeant, qui cite le projet IPP Azura-Edo au Nigeria comme une réussite qu’il aimerait reproduire.

Que pense-t-il des affirmations selon lesquelles il n’y a tout simplement pas assez de projets d’infrastructure bancables en Afrique : « C’est une excuse facile ! » Selon le responsable d’Africa50, « Le continent présente d’excellentes opportunités, pour un fonds de notre taille, mais il est nécessaire d’augmenter le financement en fonds propres à un stade précoce pour accroître le nombre de projets bancables ». Dès lors, « le Fonds ne craint pas de prendre plus de risques que d’autres institutions financières en Afrique. »

Il s’attend à ce qu’un large éventail d’investisseurs contribue au Fonds : des agences traditionnelles de financement du développement aux investisseurs privés et institutionnels en Afrique, en Europe, en Amérique du Nord et en Asie.

Il est également convaincu que malgré la croissance rapide des marchés boursiers en Europe et aux États-Unis, il existe toujours un appétit pour les marchés émergents. « Nous sommes assez optimistes sur le fait que le continent continuera d’attirer des investisseurs internationaux à condition de proposer la bonne offre de produits. »

Atténuer les risques

Vincent Le Guennou

Un aspect de l’investissement dans les infrastructures auquel Africa50 essaie de remédier est le délai actuellement trop long entre l’identification d’une opportunité et la conclusion de la clôture financière.

Selon Vincent Le Guennou, le Fonds d’accélération contribuera grandement à atteindre cet objectif en fournissant un financement en fonds propres de démarrage pour aider à rendre les projets bancables.

Il rejette la suggestion selon laquelle les investisseurs sont trop réticents au risque en Afrique et n’investiront que dans des projets plaqués or et sans risque.

Sur la base de son expérience dans le domaine du capital-investissement, il considère comme important de ne raccourcir aucun processus en matière de qualité de structuration, mais plutôt d’être innovant : « Je préfère être créatif pour atténuer les risques plutôt que d’essayer d’être audacieux et d’augmenter le niveau de risque que nous prenons. »

Un domaine actuellement à l’étude est la distribution de gaz. Dont le développement conduit à la discussion épineuse des investissements dans les combustibles fossiles à un moment où l’accent se dirige vers une énergie plus verte. Vincent Le Guennou qu’Africa50 considère le gaz davantage comme un carburant « de transition ». Les transactions qu’il financera auront pour but de contribuer à une économie à faible émission de carbone.

« Africa50 développe un système de mesures qui attribuera des notes aux projets en fonction de leur impact environnemental. Le Fonds d’accélération lui-même disposera d’une stratégie climatique qui orientera les décisions d’investissement. Nous veillerons à ce que lorsque nous investissons dans un projet, nous aidons le continent à devenir plus vert », promet-il.

Le Fonds sera en mesure de répondre aux critères ESG que recherchent aujourd’hui les investisseurs institutionnels et les institutions de développement.

Un environnement bien meilleur aujourd’hui

Vincent Le Guennou considère que l’approche d’Africa50 pour développer des projets en phase de démarrage, ainsi que sa propre expérience du marché participent d’une bonne démarche. « Nous avons déjà identifié un certain nombre de transactions ; l’idée est de lancer des projets afin que nous n’ayons pas à faire face à des problèmes sur la façon de déployer le capital après la première clôture. »

Impliqué dans l’espace d’investissement africain depuis deux décennies, que pense-t-il de l’environnement réglementaire, qui a parfois été accusé d’évoluer trop lentement, et donc d’allonger le délai de clôture des projets ? : « L’environnement s’est amélioré au cours des vingt dernières années et la tendance s’est accélérée depuis dix ans ».

Il attribue en grande partie cela au travail des institutions de développement et financières internationales, « qui ont contribué à renforcer les capacités ». Selon lui, « nous assistons maintenant à la clôture de grandes transactions d’infrastructure ; la tendance est positive et je considère cela comme un cycle haussier. »

Vincent Le Guennou a été un leader tout au long de sa carrière. S’il parvient à amener des investisseurs institutionnels africains et internationaux avec lui dans son parcours, les vannes pourraient s’ouvrir pour ce qui est sans doute la classe d’actifs la plus importante pour soutenir le développement rapide de l’Afrique au cours des deux ou trois prochaines décennies.

@OBY

Écrit par
Par Omar Ben Yedder

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