Une nouvelle dynamique pour la Cemac

À l’invitation de Paul Biya, président en exercice de la Conférence des Chefs d’État de la Cemac, un Sommet extraordinaire s’est tenu par visioconférence le 18 août 2021. Les dirigeants d’Afrique centrale ont dressé les grandes lignes directrices de leur politique, réaffirmant leur solidarité. Les principaux points du communiqué final.
Par Laurent Soucaille
Un Sommet pour resserrer les liens communautaires. Ce rendez-vous du 18 août avait pour objectif d’évaluer la situation macroéconomique de la Cemac (Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale), en particulier dans le contexte de la pandémie de la Covid-19, et d’analyser les mesures de redressement appropriées pour renforcer sa résilience et d’accélérer les transformations structurelles, en vue d’une croissance soutenue, durable, inclusive et créatrice d’emplois.
Les dirigeants sont convenus d’accélérer l’amélioration du climat des affaires et ont décidé d’impulser une nouvelle et forte dynamique à la stratégie régionale de redressement. Les États membres concernés devront finaliser des programmes avec le FMI, en vue de conférer à la stratégie régionale de relance son caractère communautaire et solidaire.
Ces crises ont induit des déséquilibres économiques fondamentaux au sein de la Cemac, alors que la région commençait déjà à tirer profit des réformes engagées par les autorités nationales et régionales, avec l’appui des partenaires extérieurs, dans le cadre de la stratégie régionale de sortie de crise (PREF-Cemac) adoptée lors du Sommet du 23 décembre 2016 à Yaoundé.
Les dirigeants ont d’ailleurs salué les progrès enregistrés jusqu’en 2019 dans la mise en œuvre du programme, qui a donné des résultats positifs sur le redressement global des économies. Ils ont relevé avec satisfaction la consolidation progressive du niveau des réserves de change communautaires à plus de trois mois d’importations, renforçant ainsi la stabilité extérieure et évitant un ajustement monétaire.
Bien que les perspectives macroéconomiques en 2021 soient globalement favorables, de nombreux défis et incertitudes persistent. Aussi les dirigeants ont salué les mesures prises, tout en affirmant leur détermination à accélérer les campagnes de vaccination pour protéger les populations, sauver des vies et favoriser une réouverture maîtrisée des économies. Ils sollicitent le soutien et la solidarité de la communauté internationale en faveur d’un accès large et équitable au vaccin et à la promotion d’une véritable industrie pharmaceutique dans la sous-région ;
Les chefs d’État demandent aux institutions monétaires et communautaires d’envisager une levée prudente et progressive des mesures exceptionnelles de soutien aux économies pour tenir compte de la persistance de la crise sanitaire et ses effets sur les économies.
La solidarité communautaire
En matière économique, tout en saluant les décisions prises sur le front de la dette, notamment, ils ont exhorté les États membres et les institutions sous régionales à faire du Plan communautaire de relance économique post-Covid-19 une cause commune, invitant les partenaires techniques et financiers à les accompagner dans sa mise en œuvre.
Les dirigeants ont réaffirmé leur attachement à la solidarité communautaire. C’est pourquoi ils ont prescrit aux pays membres la mise en œuvre de politiques budgétaires propices axées sur la mobilisation accrue des recettes hors pétrole, le renforcement de la qualité et de l’efficacité des dépenses publiques et une gestion rigoureuse de la dette publique.
Et qu’ils ont engagé les gouvernements à poursuivre l’assainissement du système financier et qu’ils ont réaffirmé leur engagement au renforcement de la stabilité extérieure de la monnaie. À cet égard, ils ont encouragé la BEAC (Banque centrale) à poursuivre toutes les actions entreprises ou envisagées dans ce domaine.
Ils ont réitéré leurs orientations relativement à la réflexion ouverte sur une nouvelle coopération monétaire avec la France. Tout en notant l’aboutissement satisfaisant de la première phase de la fusion des marchés financiers zone, ils ont encouragé la BEAC à parachever la restructuration et l’opérationnalisation optimale des structures du marché financier unifié. Ils ont engagé les États à dynamiser davantage ce marché vers une large mobilisation de l’épargne communautaire et le financement des économies.
Les chefs d’État ont décidé de mettre résolument en œuvre les politiques et réformes prioritaires pour opérer une transformation structurelle vers l’industrialisation des économies de la CEMAC et créer les meilleures conditions d’une croissance soutenue, équitable tirée par le privé.
Charge aux États membres d’améliorer le fonctionnement des institutions publiques, la gouvernance et la transparence dans les secteurs public et extractif, la gestion des finances publiques, notamment la qualité des investissements, ainsi que le suivi des risques budgétaires et d’endettement inhérents à la gestion des entreprises publiques. Et d’encourager le développement du capital humain.
Approfondir l’intégration régionale
Enfin, ils ont recommandé la mobilisation des financements extérieurs de forme hybride dans les nouveaux programmes avec les partenaires, afin d’accroitre les financements en privilégiant les ressources concessionnelles, ainsi que les partenariats public-Privé.
Les dirigeants se disent résolus de poursuivre la conception et la mise en œuvre des politiques environnementales visant notamment la lutte contre le changement climatique et la dégradation de l’écosystème.
Ils ont réaffirmé leur ferme volonté de promouvoir et d’approfondir l’intégration régionale, pour renforcer les échanges intracommunautaires et tirer davantage profit des potentialités de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Les dirigeants sont convenus d’accélérer l’amélioration du climat des affaires et ont décidé d’impulser une nouvelle et forte dynamique à la stratégie régionale de redressement économique et financier. À cet égard, la coordination accrue des interventions des partenaires multilatéraux et régionaux sera de nature à assurer une plus grande mobilisation des financements et un meilleur impact économique, financier et social.
De plus, les chefs d’État ont demandé aux États membres concernés à finaliser et à conclure des programmes avec le FMI, en vue de conférer à la stratégie régionale de relance son caractère communautaire et solidaire.
Enfin, préoccupés par les effets néfastes persistants des crises sécuritaire, sanitaire et économique sur les conditions de vie des populations, les dirigeants soutiennent et encouragent toutes les initiatives internes et externes visant à restaurer un cadre de paix, de stabilité, de sécurité et de santé favorable à l’émergence de la Cemac.
LS