Une déclaration pour le climat

Réunis à Nairobi (Kenya), les dirigeants africains ont signé un texte qui engage le continent dans les négociations à venir sur le climat. Ils ont su passer outre certaines divergences, notamment sur la création d’une taxe carbone mondiale.
Elle n’a pas été facile à rédiger, et ne masque qu’imparfaitement certaines divisions. Il n’empêche, les dirigeants africains, réunis à Nairobi, ont signé ce 6 septembre 2023 un texte final qui servira de vade-mecum à la présence de l’Afrique à la prochaine COP (Conférence des parties) sur le climat.
Selon le président kényan William Ruto, le but du Sommet était de concrétiser le potentiel du continent pour une « croissance verte ». D’ailleurs, dans leur déclaration, les chefs d’État et de gouvernement africains s’engagent à développer les énergies renouvelables, l’agriculture et à encourager les industries vertes.
Dans l’esprit des dirigeants africains, le sommet de Nairobi constitue le coup d’envoi de quatre mois de réunions internationales abordant les questions climatiques, dont la COP28 de Dubaï ne sera qu’une étape, consacrée à la sortie des énergies fossiles.
On le sait, l’Afrique contribue de manière marginale au réchauffement climatique mais subit pleinement ses conséquences dramatiques. D’où la nécessité de mieux se faire entendre sur la scène internationale. Durant la COP28, bien sûr, mais aussi dès ce week-end lors du Sommet du G20, qui se déroulera en Inde.
« Cette déclaration servira de base à la position commune de l’Afrique dans le processus mondial sur le changement climatique jusqu’à la COP28 et au-delà », affirment les signataires de ce texte, réunis sous l’égide de l’Union Africaine. L’« Afrique possède à la fois le potentiel et l’ambition d’être un élément essentiel de la solution mondiale au changement climatique », jugent les dirigeants africains.
Ce premier Sommet africain sur le climat visait à mettre en valeur les ressources inexploitées du continent pour les énergies renouvelables afin de permettre à ses pays de se développer économiquement. Et d’insister sur les difficultés de financement du continent en la matière.
L’Afrique détient la clé de la décarbonisation de l’économie mondiale
Dans leur déclaration finale, les pays africains demandent notamment à la communauté internationale de contribuer à « augmenter la capacité de production d’énergies renouvelables de l’Afrique de 56 gigawatts en 2022 à au moins 300 gigawatts d’ici 2030 pour lutter contre la précarité énergétique ». Appel est aussi lancé pour établir un régime de taxe carbone, « sur le commerce des combustibles fossiles, le transport maritime et l’aviation ».
Quelques questions laissées de côté
Une disposition qui ne fait pas l’unanimité, le « marché du carbone » revenant, pour certains, à instituer un « permis de polluer » dont peuvent user les plus riches, et dont l’aspect incitatif – encourager les investissements « propres » –, reste à démontrer.
En écho aux appels du secrétaire général des Nations unies, les dirigeants proposent également d’établir « une nouvelle architecture de financement adaptée aux besoins de l’Afrique y compris la restructuration et l’allégement de la dette ». Ce poids de la dette, constatent-ils, pèse lourdement sur leurs économies et qui entrave son potentiel à « contribuer de manière significative à la décarbonation de l’économie mondiale ».
Certaines voix un peu discordantes se sont donc fait entendre, durant la dernière journée du Sommet. Ainsi, le représentant des Comores a regretté que le rôle des océans et de l’économie bleue ne soit pas davantage pris en compte. De leur côté, le Botwana et l’Égypte auraient aimé que la question de l’adaptation au changement climatique soit explicitement débattue. Le Congo aurait apprécié que le texte final propose de sanctionner davantage les gros pollueurs. Brazzaville accueillera, du 26 au 28 octobre 2023, le « Sommet des trois bassins » consacré notamment à la déforestation.
Le sommet s’est surtout concentré sur les appels à débloquer des investissements dans les énergies propres. « Une nouvelle Afrique est là et elle veut faire des affaires », a déclaré le William Ruto. Un total de 21,3 milliards d’euros d’investissements internationaux a ainsi été promis durant les trois jours de sommet, a révélé le président kenyan, dont environ 4 milliards d’euros de la part des Émirats arabes unis. Lesquels accueilleront la COP28 en novembre.
Le texte rappelle néanmoins aux partenaires du développement leurs promesses : l’investissement de 100 milliards de dollars par an et la création d’un mécanisme de pertes et dommages, tel qu’annoncé lors de la COP27.
Les Émirats investissent dans les énergies propres
@NA