Une croissance vigoureuse en Afrique de l’Ouest

Peu dépendante des soubresauts du pétrole et ayant su réagir aux chocs économiques, l’Afrique de l’Ouest affiche des perspectives de croissance prometteuses pour 2023 et 2024. Le tout dans un contexte de ralentissement de l’inflation.
Une relative sérénité gagne l’Afrique de l’Ouest. Lors de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), le week-end du 8 juillet 2023, les dirigeants ont salué « la résilience des économies de la zone ». Ils ont fait état d’une croissance attendue de 7,0% en 2023, après 5,9% en 2022, « malgré les chocs enregistrés sur le plan international et au sein de l’espace communautaire ».
Bola Ahmed Tinubu, président de la République fédérale du Nigeria, a été élu président de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO.
Les pays ouest-africains ont déployé « de multiples efforts » en vue de préserver le pouvoir d’achat des populations, face au renchérissement des coûts des produits alimentaires et énergétiques.
À ce propos, les dirigeants de l’Union attendent une décélération de l’inflation en 2023, à 4,4% contre 7,4% l’an dernier.
Les prévisions des dirigeants africains se basent sur celles du FMI et de la BCEAO, la Banque centrale de l’Union. Dont le dernier bulletin de conjoncture se montrait optimiste, mais prévenait de risques possibles. Ainsi, le ralentissement de l’inflation, qui se poursuivrait en 2024 (3,2% attendus) est-elle entourée « de risques globalement haussiers liés à l’extension des zones d’insécurité dans l’Union, des conditions climatiques défavorables et l’évolution des prix des produits alimentaires sur les marchés internationaux ». La conjoncture devenant un peu moins tendue qu’au printemps, sur ce dernier point. La BCEAO prévoyait une croissance de 7,0% en 2024, un chiffre qui pourrait être ajusté en hausse.
L’accroissement des risques propres à la zone économique ont trait notamment à l’extension des zones d’insécurité qui pourrait affecter davantage les capacités de production, avec notamment l’accroissement des déplacements des populations dans les zones concernées et une accentuation des difficultés d’approvisionnement des marchés.
Faible croissance en Afrique centrale
De plus, souligne la BCEAO, une détérioration des conditions climatiques dans les pays de l’Union serait susceptible de peser sur les performances de la production agricole lors de la campagne 2023/2024.
Ainsi, l’Afrique de l’Ouest pourrait-elle bien constituer le moteur de la croissance africaine, ces prochains mois, alors que les augures sont moins optimistes pour les autres régions. En effet, la BEAC (Banque des États d’Afrique centrale) ne prévoit-elle, pour la région CEMAC, qu’une croissance de 2,4% seulement cette année, contre 3,0% en 2022. Il est vrai que la région serait pénalisée par sa dépendance à l’industrie pétrolière, moins porteuse que ces deux dernières années. La BEAC prévoit une croissance de 2,6% en 2024 et 4% en 2025, à la faveur d’une « bonne tenue » des activités dans les secteurs non pétroliers.
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En bref
Bola Tinubu préside la CEDEAO
Bola Ahmed Tinubu, président de la République fédérale du Nigeria, a été élu président de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO (Communauté des États d’Afrique de l’Ouest) lors de la 63e Session ordinaire de l’Autorité qui s’est tenue le 9 juillet 2023 à Bissau, en Guinée-Bissau.
Le Président Tinubu succède à Umaro Sissoco Embaló, président de la République de Guinée-Bissau.
Le nouveau président nigérian fait des changements anticonstitutionnels l’une de ses priorités, considérant que la démocratie est « la meilleure forme de gouvernement », en dépit des difficultés. « Nous en avons besoin pour être un exemple pour le reste de l’Afrique et le monde ; nous ne permettrons pas que les coups d’État se succèdent en Afrique de l’Ouest », a-t-il déclaré.

Évoquant les cas du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée, Omar Alieu Touray, président de la commission de la CEDEAO, a exhorté les juntes de ces pays à respecter les délais convenus pour remettre le pouvoir à des dirigeants civils.
« Dans le cas où le temps imparti pour la transition échoue, des sanctions majeures pourront tomber », a-t-il prévenu.
D’autre part, la Conférence de l’UEMOA a décidé la levée de la suspension du Mali de ses institutions. De son côté, la CEDEAO a constitué une commission chargée d’examiner les options en matière de sécurité au Mali, alors que les Nations unies mettent un terme à leur mission de maintien de la paix dans ce pays (Minusma), qui durait depuis dix ans.
« Cette commission dispose de 90 jours pour réfléchir et faire des propositions », a précisé Omar Alieu Touray.
@AB