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African Business Conjoncture

Une croissance solide pour la CEMAC

Une croissance solide pour la CEMAC
  • Publiédécembre 23, 2022

Les économistes du FMI prévoient une croissance de 3,4% en 2022 et de 3,5%, en moyenne, les années suivantes, en Afrique centrale. L’inflation devrait ralentir, sous l’effet des mesures prises par les autorités monétaires. Gare toutefois à une mauvaise utilisation des recettes pétrolières.

 

« Les perspectives pour 2023 sont globalement positives, tirées par les cours élevés du pétrole, la levée des mesures barrières liées à la Covid-19, sous l’hypothèse de la poursuite d’une gestion prudente du surcroît de recettes pétrolières. » Ainsi s’expriment les économistes du FMI à l’issue d’une revue des économies de la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), validée par les administrateurs du Fonds.

La zone bénéficie « globalement » du « choc positif » des termes de l’échange consécutif aux répercussions de la guerre de la Russie en Ukraine. La reprise post-pandémie s’installe progressivement, avec une croissance réelle du PIB qui devrait atteindre 3,4 % en 2022, tirée principalement par les cours élevés du pétrole et la levée des mesures de confinement.

Les administrateurs du FMI « exhortent les autorités de la CEMAC à gérer prudemment le surcroît de recettes pétrolières afin de reconstituer les marges de manœuvre et soutenir une reprise économique qui protège les populations les plus vulnérables ».

Les réserves extérieures ont commencé à se reconstituer, même si elles restent encore inférieures au niveau souhaité. Les réserves extérieures brutes devraient représenter 3,5 mois d’importations à la fin de 2022, grâce à l’augmentation des recettes d’exportation de pétrole et au resserrement de la politique monétaire.

Bien sûr, les tensions inflationnistes mondiales se sont répercutées sur les prix intérieurs ; l’inflation régionale devrait atteindre 4,6 % d’ici la fin de 2022, exerçant ainsi des pressions sur les revenus réels et menaçant la sécurité alimentaire.

Dans ce contexte, souligne le FMI, les autorités régionales ont resserré la politique monétaire et normalisé la régulation prudentielle en 2022, tout en continuant à faire avancer leur programme de réformes. La Banque centrale (BEAC) a relevé à trois reprises son taux directeur en moins d’un an en réponse aux pressions inflationnistes et pour soutenir le niveau des réserves extérieures. En outre, elle a renforcé son cadre de gestion des liquidités.

De son côté, la Commission bancaire (COBAC) a normalisé la régulation prudentielle en levant comme prévu en juillet 2022 les mesures provisoires d’assouplissement prises face à la pandémie.

 

Croissance en hausse à moyen terme

Donc, en 2023, l’économie de la CEMAC devrait s’inscrire « en ligne » avec les objectifs des programmes appuyés par le FMI et ses conseils. L’inflation devrait ralentir pour atteindre 3,3 % en 2023 avant de revenir en dessous du critère de convergence de 3 % à partir de 2024, à mesure que la politique monétaire reste suffisamment resserrée en vue d’ancrer fermement les anticipations d’inflation et de soutenir la position extérieure.

Bien entendu tous les risques ne sont pas écartés. Ils tiennent au surendettement, aux tensions inflationnistes persistantes, à la perspective d’un durcissement continu des conditions financières mondiales et aux problèmes de sécurité régionale.

Cela étant, « la croissance à moyen terme devrait augmenter progressivement à 3,5 % », pronostiquent les économistes du FMI, principalement en raison d’une reprise plus dynamique du secteur hors pétrole, tandis que les réformes visant à améliorer la gouvernance, la transparence et l’environnement des affaires devraient commencer à porter leurs fruits.

Les prix élevés du pétrole, s’ils se maintiennent, aideront à reconstituer les marges de manœuvre externes et budgétaires, et à réduire considérablement les niveaux de la dette d’ici 2024, à condition que les politiques budgétaires restent prudentes. La dette publique devrait diminuer pour atteindre près de 40 % du PIB d’ici 2026, contre environ 53 % du PIB en 2022.

Reste un point à surveiller : après une amélioration en 2022, le solde du compte courant devrait baisser pour atteindre un déficit de 1,2 % du PIB en 2023, et de 3 % du PIB à moyen terme. Les réserves extérieures brutes devraient représenter quatre mois et demi d’importations d’ici à 2026, soit légèrement en dessous du seuil adéquat de cinq mois.

 

Régler le cas des cryptomonnaies

De leur côté, les administrateurs du FMI, s’ils saluent les politiques menées face aux différentes crises en CEMAC, « exhortent les autorités de la CEMAC à gérer prudemment le surcroît de recettes pétrolières afin de reconstituer les marges de manœuvre et soutenir une reprise économique qui protège les populations les plus vulnérables ». Y compris en réformant les subventions aux produits énergiques et alimentaires, tout en mettant en place des filets sociaux bien ciblés.

Enfin, s’ils dressent un satisfecit à la BEAC, les administrateurs encouragent les autorités « à régler de manière coopérative l’incohérence entre la législation de la République centrafricaine sur les cryptomonnaies et la convention de la CEMAC ». Ils incitent fortement les autorités régionales à renforcer la coordination afin d’améliorer la capacité de réglementation des actifs numériques, dans le but de préserver la monnaie unique, de gérer les risques et de protéger les consommateurs, tout en permettant les innovations légitimes.

@AB

 

Écrit par
Laurent Soucaille

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