Une croissance meilleure que prévu en RD Congo

Le FMI revoit en hausse ses estimations de la croissance de la RD Congo pour 2022, à 8,5%, à la faveur d’une production plus forte que prévu du secteur minier. La croissance restera soutenue en 2023, mais les risques demeurent élevés.
La croissance du secteur minier a avoisiné 20% en 2022 en RD Congo, calculent les services du FMI (Fonds monétaire international). Cette bonne performance a conduit l’institution à ajuster son estimation de hausse du PIB pour l’ensemble de l’année à 8,5%. Ce en dépit d’une croissance plus décevante que prévu du reste de l’économie congolaise, à 3,2% contre 3,9% attendus.
Bref, un climat visiblement apaisé entre le gouvernement et le FMI ; lesquels négocient un nouvel accord de FEC (Facilité élargie de crédit), qui pourrait être conclu en avril.
L’inflation, en glissement annuel, a atteint 13,1 % en décembre, en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des transports. Des données préliminaires suggèrent aussi que le déficit du compte courant s’est creusé en 2022, en raison d’une forte croissance des importations et d’une dégradation des termes de l’échange.
Malgré cette détérioration, la Banque Centrale du Congo (photo ci-dessus) a déclaré des réserves internationales brutes de 4,6 milliards de dollars, environ 300 millions $ de plus que projeté. Le FMI estime que le solde budgétaire global s’est détérioré en 2022 en raison de l’augmentation des dépenses liées à la situation sécuritaire et au remboursement d’arriérés.
Le FMI prévoit une croissance économique de 8% en 2023, mais prévient des risques accrus de révision en baisse. Ce, « en lien avec le conflit armé à l’Est, avec les incertitudes à l’approche des élections, l’effet persistant de la guerre en Ukraine ou encore les chocs potentiels sur les termes de l’échange », prévient Mercedes Vera Martin, du FMI.
Dans ce contexte, le maintien de politiques macroéconomiques « prudentes » contribuera à renforcer la résilience aux chocs externes. Des recettes supplémentaires permettraient de constituer des marges de manœuvre budgétaires, tandis que des prix à l’exportation plus favorables aideraient à augmenter le niveau des réserves internationales.
La gouvernance financière s’améliore
« Les efforts de mobilisation des recettes et la maîtrise des dépenses courantes, en renforçant la chaîne des dépenses et en mettant en place des garanties adéquates, restent essentiels pour créer un espace budgétaire pour faire face à la situation sécuritaire », juge le FMI. Ce qui requiert des dépenses sociales supplémentaires. Plus généralement, les réformes de la gestion des finances publiques, comme la création du compte unique du Trésor et le renforcement du système de passation des marchés publics et de gestion des investissements publics, contribueront à améliorer le processus budgétaire et sa crédibilité, à renforcer la gouvernance budgétaire et à améliorer la capacité d’absorption et l’efficacité des dépenses. De plus, « le début de la mise en œuvre de la stratégie d’apurement des arriérés domestiques renforcera la crédibilité du gouvernement », approuve le FMI.
De son côté, la Banque centrale devrait rester vigilante et proactive pour assurer la stabilité des prix tout en continuant à constituer des réserves pour renforcer la résilience externe. Les réformes visant à renforcer le cadre de la politique monétaire et la gouvernance de la BCC contribueront à améliorer la gestion de la liquidité et l’efficacité de la politique monétaire. « La nouvelle loi sur les banques commerciales aidera à mettre en œuvre des réformes ambitieuses pour renforcer la résilience du secteur bancaire et promouvoir l’inclusion financière », se félicite l’institution internationale.
Sinon, rien de nouveau sous le soleil congolais : « L’amélioration du climat des affaires et la mobilisation des investissements, essentielles à la diversification économique et à une croissance tirée par le secteur privé, reposent sur des efforts continus. » Et le FMI de rappeler la nécessité de renforcer le cadre anti-corruption, à rationaliser le système fiscal, à continuer d’améliorer la transparence dans le secteur minier et à publier les bénéficiaires effectifs des marchés publics attribués. « La nouvelle loi pour la lutte anti-blanchiment et contre le financement du terrorisme, ainsi que le plan d’action avec le Groupe d’action financière, contribueront à renforcer l’intégrité financière. »
@AB