Une « bonne croissance » pour Sonatel

En dépit de la pression concurrentielle qui vient écorner ses parts de marché, notamment au Sénégal, la Sonatel affiche une croissance 9,9% de son chiffre d’affaires trimestriel. Orange Money continue de tirer les résultats.
Par Véronique Clara-Véronne
Sonatel fait état d’une « bonne croissance » de son activité au premier trimestre 2021. En effet, le chiffre d’affaires ressort en hausse de 9,9%, soit 28,4 milliards de F.CFA, à 314,2 milliards de F.CFA (479 millions d’euros). Selon la Société nationale de télécommunication, l’activité a été, une nouvelle fois, portée par le « retail », c’est-à-dire le transport de données, Orange Money et les services de téléphonie fixe. Ce, dans tous les pays et principalement en Guinée, au Mali et en Sierra Leone.
Le gouvernement de Cotonou a retenu Sonatel comme partenaire privé de la Société béninoise d’infrastructures numériques (SBIN), le troisième opérateur du Bénin, avec MTN et Moov Africa (Maroc Telecom).
La première mesure de rentabilité, l’Ebidta après charges d’amortissement, ressort en hausse de 16,6 milliards (+14,4%), à 132,2 milliards de F.CFA (201,5 millions d’euros). Une avance sur les revenus a absorbé, sur la période, la hausse des charges de 11,8 milliards de F.CFA. À noter que le groupe adopte désormais la norme financière internationale IFRS16, ce qui explique que les chiffres du 1er trimestre 2020 aient été retraités, à des fins de comparaisons. Fort d’un cash-flow disponible en hausse de 20% – ce qui facilite les investissements –, le groupe affiche un bénéfice net trimestriel de 55 milliards de F.CFA (84 millions d’euros).
Cette hausse de 26,5% est obtenue grâce aux performances sur la marge opérationnelle, renforcée par la maîtrise des amortissements malgré l’augmentation des frais financiers. Enfin, les investissements corporels et incorporels, mesurés par l’eCapex, ont augmenté de 1,6% à 38,2 milliards de F.CFA.
Au-delà des états financiers, le groupe a fait état de chiffres opérationnels solides, même si sa position hégémonique sur ses principaux marchés subit naturellement la pression concurrentielle. Au 31 mars 2021, Sonatel totalisait 13,2 millions de clients internet mobile, en progression de 9,2%. De son côté, Orange Money, la société de transfert d’argent via mobile, comptait 8,8 millions de clients, un bond de 25,2% en un an. Cette filiale accuse néanmoins un certain retard au Sénégal, « dans un environnement concurrentiel difficile ».
Riposte à la concurrence, au Sénégal
Toutes activités confondues, la clientèle est en hausse de près de 13%. La croissance du parc se poursuit, malgré les restrictions d’actions sur le terrain, en raison des mesures sanitaires. Au Mali, les recrutements se poursuivent, relate la société.
Grâce à « une bonne dynamique de recrutements », la croissance du parc mobiles est même légèrement en avance sur les objectifs. La croissance de l’Internet mobile est également en avance, essentiellement portée par les activités au Mali, en Guinée Bissau et en Sierra Leone, et ce, malgré quelques avatars dans ce dernier pays. Sonatel revendique un taux de pénétration de 35,9% dans la data mobile (-0,8 point) et de 23,9% pour Orange Money (+2,5 points).
Au Sénégal, face à la pression concurrentielle dans le Mobile Money, le groupe a décidé « un plan de riposte » ; dans un premier temps, celui-ci a un effet déflateur sur le chiffre d’affaires, qui sera compensé par les gains de parts de marché. La crise sanitaire, qui a repris au premier trimestre, a affecté l’activité dans le pays. Sonatel reste le solide leader dans la téléphonie mobile (de la 2G à la 4G+), avec une part de marché de 54,7%, en recul de 0,7 point, au Sénégal, qui accueille un nouvel opérateur en ce début 2021.
Partenaire du troisième opérateur au Bénin
Le 17 mai 2021, la société, cotée à la BRVM (Bourse régionale des valeurs mobilières) détachera un coupon de 1 225 F.CFA. Voilà qui est de nature à conforter la Sonatel dans son statut de Meilleure entreprise cotée à la BRVM. La valeur, inscrite à la cote depuis 1998, a été auréolée ainsi pour la deuxième fois de suite, lors d’une cérémonie tenue à Abidjan, organisée par les autorités de marché. Il est vrai qu’elle pèse quelque 1 700 milliards de F.CFA (2,59 milliards d’euros), soit 35% environ de la capitalisation des 46 entreprises cotées.
Sonatel a été créée en 1985, et est présente au Mali depuis 2002, en Guinée et Guinée Bissau depuis 2007, en Sierra Léone en 2016 et, depuis quelques semaines, au Bénin. En effet, le gouvernement de Cotonou a retenu Sonatel comme partenaire privé de la Société béninoise d’infrastructures numériques (SBIN), le troisième opérateur du pays, avec MTN et Moov Africa (Maroc Telecom).
Créée en 2018, la SBIN est une société anonyme issue des opérateurs publics historiques Bénin Télécoms (fixe) et Libercom (mobile), à 100% détenue par l’État. En tant que gestionnaire délégué, indique le gouvernement, Sonatel aura pour mandat, outre la gestion de la SBIN sur une période de cinq ans pour en faire un opérateur GSM majeur, de mettre en œuvre les infrastructures nécessaires à la fourniture rapide de services de communications électroniques mobiles.
VCV